Ciné-Asie Chronique Ciné Asie - Real de Kiyoshi Kurosawa en Blu-ray
Considéré comme un des réalisateurs symbolisant le renouveau du cinéma japonais, Kiyoshi Kurosawa revient avec un nouveau film personnel, dans la même veine que les précédents, mélangeant les ambiances comme personne.
Sorti en 2013 au Japon et plus récemment en mars 2014 en France, Real n'a rien à voir avec le superbe manga de Takehiko Inoue
Real est l'adaptation d'un roman intitulé « A perfect day for plesiosaur ». Derrière ce titre plus qu'énigmatique se cache une histoire d'amour sur fond de fantastique.
Un beau film comme le réalisateur sait si bien les faire.
Koichi est amoureux d'Atsumi depuis toujours. Amis d'enfance le destin les a fait se retrouver pour ne plus se quitter. Mais Atsumi, auteure de manga de talent, a tenté de se suicider alors que son angoisse pour son travail prend le pas sur son couple. Dans le coma depuis un an, grâce à un nouveau procédé scientifique, Koichi pénètre son subconscient pour dialoguer avec elle et tenter de la ramener. Dans ce monde de fantasmes, l'irréel croise le réel, tout devient possible et peu à peu, au grès de ses plongées dans l'inconscient d'Atsumi, Koichi perd pied et confond réel et imaginaire, il n'arrive plus à faire la différence… Mais les choses sont encore bien plus compliquées qu'elles n'y paraissent !
Le film commence avec la première plongée de Koichi dans l'inconscient de Atsumi, et pour un début cela reste assez obscur. On ne comprend pas immédiatement ce qui se passe et encore moins ce qui nous attend. Mais rapidement le réalisateur abat ses cartes, il nous dévoile peu à peu l'intrigue et il ne faudra pas attendre longtemps au final pour comprendre de quoi il en retourne...du moins c'est ce qu'on croit. Ce qui frappe, et ce très rapidement, c'est l'ambiance que Kurosawa arrive à distiller dans son film, comme il le fait souvent. Dans les premières minutes du film, on pourrait penser qu'on est devant un film d'horreur, et ce sentiment revient à plusieurs reprises : Atsumi étant dessinatrice de manga violent, elle fait apparaître dans son monde des corps mutilés qui prennent vie. Ensuite, une fois perdu entre le réel et le fantasmatique, Koichi verra également des apparitions horrifiques qui vont le perturber…
Pendant un temps on restera sur cette impression. Pour autant l'histoire d'amour des deux personnages domine également la plupart des scènes, on ressent tout l'amour que Koichi porte à sa femme, on ressent sa détresse de la savoir dans cet état. Le fantastique se taille également la part du lion avec des séquences oniriques du plus bel effet. Tout le long du film nous allons donc naviguer entre angoisse, rêverie, drame et belle histoire d'amour. Et c'est justement ce qui fait la force des films de Kurosawa, ils ne se rangent pas dans des cases, ils n'appartiennent pas à un seul style, il s'agit de cinéma au sens large, porteur de nombreuses émotions, parfois associées, parfois contradictoires, mais des émotions plurielles.
La patte du réalisateur se retrouve également dans le rythme du film : il est lent, contemplatif, mais pour autant on ne s'ennuie à aucun moment durant les deux heures du film, chaque scène ayant son importance, et c'est justement ce faux rythme qui contribue à donner au film son ton si particulier. Au-delà de l'ambiance tellement séduisante, le film ne serait pas aussi intéressant si le scénario ne tenait pas la route. Nous avons un postulat de départ plutôt intéressant, nous situant dans un futur proche où la technologie permet de visiter l’inconscient des patients, et à plusieurs reprises, on pense notamment à Inception, référence du genre, notamment lorsqu'on s'aperçoit que Koichi explore plusieurs niveaux de rêve, un rêve dans un rêve. A partir de là le film devient un peu plus complexe et on se pose des questions quant à ce qui est réel ou non, le réalisateur réussissant à nous perdre au même titre que son protagoniste principal. Malheureusement, l'explication définitive est trop rapidement donnée venant interrompre tout ce questionnement.
Le film sera alors tenu par la recherche de la vérité sur le passé des protagonistes et sur un terrible secret qu'ils cachent, et de ce côté on ne peut que regretter que la révélation ne soit pas plus surprenante. Reste cette belle histoire de plésiosaure, un délire d'enfant qui les poursuit des années plus tard. Nous avons là une belle histoire, portée par des acteurs convaincants, le seul défaut du film étant qu'il ne va pas assez loin dans son concept. Le film ne tient que sur les épaules des deux acteurs principaux, les autres n'apparaissant que très peu dans le film, et ils sont convaincants et font parfaitement passer les émotions. On retrouve Takeru Satoh, qui interprétait Kenshin dans le film éponyme, et la belle Haruka Ayase disposant d'une carrière un peu plus longue que son collègue.
Dans l'interview du réalisateur qu'on trouve en bonus, il confie qu'il s'agit du film pour lequel il a eu le plus gros budget concernant les effets spéciaux. Et autant cela peut se ressentir au vu des séquences avec le plésiosaure justement, autant par moment nos yeux nous piquent tant les « effets spéciaux » sont ridicules, à l'image des scènes où Koishi est en voiture et où on le devine aisément assis en studio avec des écrans derrière lui pour symboliser les décors qui défilent. Real est un très beau film qui saura vous surprendre et vous séduire par son ambiance travaillée, son histoire nous faisant vivre de nombreuses surprises et de nombreuses émotions.
Chroniqueur : Erkael
Sorti en 2013 au Japon et plus récemment en mars 2014 en France, Real n'a rien à voir avec le superbe manga de Takehiko Inoue
Real est l'adaptation d'un roman intitulé « A perfect day for plesiosaur ». Derrière ce titre plus qu'énigmatique se cache une histoire d'amour sur fond de fantastique.
Un beau film comme le réalisateur sait si bien les faire.
Koichi est amoureux d'Atsumi depuis toujours. Amis d'enfance le destin les a fait se retrouver pour ne plus se quitter. Mais Atsumi, auteure de manga de talent, a tenté de se suicider alors que son angoisse pour son travail prend le pas sur son couple. Dans le coma depuis un an, grâce à un nouveau procédé scientifique, Koichi pénètre son subconscient pour dialoguer avec elle et tenter de la ramener. Dans ce monde de fantasmes, l'irréel croise le réel, tout devient possible et peu à peu, au grès de ses plongées dans l'inconscient d'Atsumi, Koichi perd pied et confond réel et imaginaire, il n'arrive plus à faire la différence… Mais les choses sont encore bien plus compliquées qu'elles n'y paraissent !
Le film commence avec la première plongée de Koichi dans l'inconscient de Atsumi, et pour un début cela reste assez obscur. On ne comprend pas immédiatement ce qui se passe et encore moins ce qui nous attend. Mais rapidement le réalisateur abat ses cartes, il nous dévoile peu à peu l'intrigue et il ne faudra pas attendre longtemps au final pour comprendre de quoi il en retourne...du moins c'est ce qu'on croit. Ce qui frappe, et ce très rapidement, c'est l'ambiance que Kurosawa arrive à distiller dans son film, comme il le fait souvent. Dans les premières minutes du film, on pourrait penser qu'on est devant un film d'horreur, et ce sentiment revient à plusieurs reprises : Atsumi étant dessinatrice de manga violent, elle fait apparaître dans son monde des corps mutilés qui prennent vie. Ensuite, une fois perdu entre le réel et le fantasmatique, Koichi verra également des apparitions horrifiques qui vont le perturber…
Pendant un temps on restera sur cette impression. Pour autant l'histoire d'amour des deux personnages domine également la plupart des scènes, on ressent tout l'amour que Koichi porte à sa femme, on ressent sa détresse de la savoir dans cet état. Le fantastique se taille également la part du lion avec des séquences oniriques du plus bel effet. Tout le long du film nous allons donc naviguer entre angoisse, rêverie, drame et belle histoire d'amour. Et c'est justement ce qui fait la force des films de Kurosawa, ils ne se rangent pas dans des cases, ils n'appartiennent pas à un seul style, il s'agit de cinéma au sens large, porteur de nombreuses émotions, parfois associées, parfois contradictoires, mais des émotions plurielles.
La patte du réalisateur se retrouve également dans le rythme du film : il est lent, contemplatif, mais pour autant on ne s'ennuie à aucun moment durant les deux heures du film, chaque scène ayant son importance, et c'est justement ce faux rythme qui contribue à donner au film son ton si particulier. Au-delà de l'ambiance tellement séduisante, le film ne serait pas aussi intéressant si le scénario ne tenait pas la route. Nous avons un postulat de départ plutôt intéressant, nous situant dans un futur proche où la technologie permet de visiter l’inconscient des patients, et à plusieurs reprises, on pense notamment à Inception, référence du genre, notamment lorsqu'on s'aperçoit que Koichi explore plusieurs niveaux de rêve, un rêve dans un rêve. A partir de là le film devient un peu plus complexe et on se pose des questions quant à ce qui est réel ou non, le réalisateur réussissant à nous perdre au même titre que son protagoniste principal. Malheureusement, l'explication définitive est trop rapidement donnée venant interrompre tout ce questionnement.
Le film sera alors tenu par la recherche de la vérité sur le passé des protagonistes et sur un terrible secret qu'ils cachent, et de ce côté on ne peut que regretter que la révélation ne soit pas plus surprenante. Reste cette belle histoire de plésiosaure, un délire d'enfant qui les poursuit des années plus tard. Nous avons là une belle histoire, portée par des acteurs convaincants, le seul défaut du film étant qu'il ne va pas assez loin dans son concept. Le film ne tient que sur les épaules des deux acteurs principaux, les autres n'apparaissant que très peu dans le film, et ils sont convaincants et font parfaitement passer les émotions. On retrouve Takeru Satoh, qui interprétait Kenshin dans le film éponyme, et la belle Haruka Ayase disposant d'une carrière un peu plus longue que son collègue.
Dans l'interview du réalisateur qu'on trouve en bonus, il confie qu'il s'agit du film pour lequel il a eu le plus gros budget concernant les effets spéciaux. Et autant cela peut se ressentir au vu des séquences avec le plésiosaure justement, autant par moment nos yeux nous piquent tant les « effets spéciaux » sont ridicules, à l'image des scènes où Koishi est en voiture et où on le devine aisément assis en studio avec des écrans derrière lui pour symboliser les décors qui défilent. Real est un très beau film qui saura vous surprendre et vous séduire par son ambiance travaillée, son histoire nous faisant vivre de nombreuses surprises et de nombreuses émotions.
Chroniqueur : Erkael
De Bobmorlet [5629 Pts], le 26 Août 2014 à 23h31
Il me tente bien.