Dvd Chronique anime - Saint Seiya Omega DVD #1

Découvrez la critique par Erkael des débuts de Saint Seiya Omega.



Saint Seiya! Longtemps la simple évocation de ce nom contribuait à faire rêver des milliers de fans considérant ce titre comme le meilleur, le plus inventif et le plus original qui soit. Avec un manga comptant 28 tomes et une adaptation animée de 114 épisodes, Saint Seiya faisait l'unanimité. Mais depuis quelques années, depuis que le titre a connu une vague de nostalgie relançant des tonnes de projets autour de lui, il est difficile de faire le tri des choses intéressantes de celles qui le sont moins. Entre nouvelles adaptations, suites avortées, préquelles, et de multiples suites plus ou moins officielles, difficile de s'y retrouver, et surtout difficile de conserver une chronologie cohérente entre tous ces projets...et malheureusement, difficile également de conserver un intérêt intact…
Petit tour d'horizon dans un premier temps :

- Saint Seiya Hadès...adaptation en animé de la fin du manga, une belle réussite qui permet de faire la lumière sur une partie méconnue des fans Français notamment.
- Saint Seiya G... un prequel à peine officiel que Kurumada n'a du valider que d'un oeil, la jeunesse des chevaliers d'or qu'on connaît...à peine crédible et horriblement pompeux!
- Saint Seiya Lost Canvas...autre prequel, mais cette fois revenant deux siècles en arrière avec une précédente génération de chevaliers... Cosigné là encore par Kurumada bien qu'il semble renier ce titre au vu de ses propres travaux, et pourtant c'est LA vraie réussite de ce revival Saint Seiya!
- Saint Seiya Next Dimension: la suite la plus officielle qui soit puisque c'est l'auteur original qui en a la charge! Faisant directement suite aux événements de l'arc Hadès, à la fois suite et prequel, Next Dimension vient marcher sur les plates-bandes de Lost Canvas, mais ne tient absolument pas la comparaison… Si on devait prendre une image, ce serait celle d'un conseil d'administration qui a licencié le président pour faire tourner la boîte sans lui, bien que ce dernier s'accroche, sans succès. C'est exactement ça Next Dimension, un auteur qui se parodie lui même et fait moins bien que de jeunes auteurs s'étant mieux approprié son propre univers.
- Saint Seiya Tenkai Hen...ou le chapitre de Zeus! Ce qui aurait du être la véritable suite de Saint Seiya, où nos héros auraient été confrontés à de multiples Dieux de l'Olympe, dont Apollon et Artémis. Ces deux derniers apparaissent dans le film qui tient lieu d'introduction à cette partie, qui ne verra jamais le jour. Il faudra se contenter de ce film, avec ses qualités et ses défauts, mais qui était incroyablement prometteur!



Après tout ça, en 2012, la Toei lance Saint Seiya Omega, une autre suite officielle, on ne peut pas faire plus officiel même, pour autant, cette suite, bien loin du chapitre de Zeux qu'on attendait, tout en prenant compte de la série d'origine, n'en respecte pas tellement l'univers. Les créateurs de la série ont tenté d'insuffler un vent nouveau avec de nouvelles idées, certaines intéressantes, mais bien d'autres étant de fausses bonnes idées...
L'objectif de la série est de rassembler l'ancienne génération (nostalgie doublée de fan services) ainsi que la nouvelle connaissant moins l’œuvre originel, d'où un rafraîchissement et de nouveaux concepts.

Quinze ans ont passé depuis la fin de la lutte contre Hadès, le monde est désormais en paix, nos anciens héros sont devenus des légendes pour la jeune génération, désormais formées dans un centre d’entraînement qui n'est plus le sanctuaire, Seiya est logiquement devenu Saint du Sagittaire (mais étrangement il est seul de nos héros à avoir connu cette promotion).
Athéna a recueilli un bébé devenu un fougueux adolescent, et lorsqu'une nouvelle menace se présente, sous les traits du Dieu Mars, le jeune homme, Koga, revêt presque logiquement la Cloth de Pégase... De nouveaux jeunes Saints vont se rassembler autour de lui et ensemble ils vont lutter pour protéger Athéna de leurs nouveaux ennemis parmi lesquelles les nouveaux Saint d'Or...



Rien que dans ce résumé, il y a de quoi faire tiquer les fans... Premièrement, à la fin de l'arc Hadès, Seiya est laissé pour mort et les autres Saints rassemblés autour d'Athéna ne sont guère en meilleure posture...ceci n'est absolument pas évoqué et tout semble se passer comme si ce n'était jamais arrivé.
Deuxièmement, il ne semble n'y en a avoir encore une fois que pour Seiya... Pourquoi est-il le seul à avoir atteint le statut de Gold Saint? À la fin de l'arc Hadès, tous ses compagnons revêtent également une cloth dorée. D'autant plus qu'au moins Shiryu et Hyoga le méritent en toute légitimité!
Enfin troisièmement...une poignée de bronzes Saints s'opposant aux silver Saints et aux golds Saints...c'est clairement du déjà vu...

Ce premier coffret comprenant les dix premiers épisodes est déjà suffisant pour se faire une idée des  bonnes et mauvaises idées... passage en revue!

Le tout premier épisode sert logiquement d'introduction et commence quinze ans avant la série en elle même; Koga est encore bébé, il assiste dans les bras d'Athéna à un combat opposant Seiya à Mars. Et là dès le début deux choses frappent: l'apparence de Mars et celle de Seiya! Si Seiya en lui-même n'a pas du tout changé, l'armure du Sagittaire se reconnaît à peine tant elle apparaît fine et simple, pour ne pas dire simpliste. Ensuite en ce qui concerne Mars, on ne sait trop quoi en penser... C'est un Dieu on est d'accord, le message est passé, mais concrètement il ne ressemble pas à grand-chose...une vague silhouette surdimensionnée et disproportionnée, un corps « étoilé » sur lequel trône une tête enflammée sans visage... Poséidon et Hadès possédaient forme humaine...pourquoi pas Mars? On peut également se demander pourquoi avoir choisi Mars comme adversaire? Certes l'hypermyth de Kurumada a toujours mélangé les religions et croyances, mais jusqu'à maintenant, mis à part le chapitre Asgard qui est particulier, on restait lié aux Dieux de l'Olympe. Et puisque Mars est l'équivalent romain de Ares dans la mythologie grecque, pourquoi ne pas avoir choisi Ares?

Pourtant rapidement tous nos doutes vont s'estomper lorsque commence le générique nous proposant une nouvelle version du mythique Pegasus Fantasy...rien que ça prouve que nous avons à faire à une suite officielle, donc tout devrait bien se passer...on l'espère!



Bien entendu une troupe de jeunes Saints va se rassembler autour de Koga pour affronter ces nouveaux ennemis menaçant Athéna et son autorité sur Terre, on les découvrira au fur et à mesure des premiers épisodes, évidemment chacun aura droit à un épisode consacré en guise de présentation. Dans l'ordre on trouve Soma du Lionet; Yuna de l'aigle, la seule fille du groupe; Ryuho du Dragon, fils du précédent Saint du même signe, à savoir bien entendu Shiryu; Eden d'Orion et Haruto du Loup... Ils seront six et non cinq, mais surtout on constate un habile mélange entre nouveauté et renouveau. Si on retrouve le Dragon avec un fan service intelligent (quoi de plus sympa que de retrouver le fils de Shiryu et Shunrei endosser la cloth de son père), plus de Cygne, de Phénix ou d'Andromède, pour autant les nouveaux ne le sont pas tant que ça. Le Loup et le Lionet étaient déjà des Saints de bronze apparaissant dans la première série, mais ils faisaient partie des cinq tocards systématiquement en retrait. Cette fois ils seront mis en avant avec des armures au nouveau design (avec un plus pour le Loup). Ensuite le cas Orion est particulier, car s'il n'est jamais apparu dans la série, on trouvait déjà un Saint d'Orion dans le premier OAV (la légende de la pomme d'or) et c'était déjà un costaud! Enfin pour l'Aigle c'est l'incompréhension! Marine, le maître de Seiya n'était-il pas Silver Saint de l'Aigle? Pourquoi la cloth serait désormais de bronze, d'autant plus que Marine possède toujours sa cloth? Encore une incohérence dont nous n'aurons jamais la réponse (et elles seront nombreuses à venir au fil des épisodes)!



Et pour rester raccord avec la précédente série, bien entendu nous trouverons dans un premier temps de nombreux autres Saints, des nouveaux pour la plupart, mais également des anciens comme l'Ours ou l'Hydre présents en tant que guest-stars faisant le lien entre les générations. C'est plutôt sympathique, et même si on pourrait considérer ça comme du fan service grossier, cela fait tout de même plaisir aux fans de revoir des visages connus.

L'entrée en matière est un peu lourde et rébarbative, voir maladroite,  un peu à l'image de la première série... sur les sept premiers épisodes, on découvre les Saints un par un dans le nouveau lieu où ils se rassemblent, qui est désormais Palaestra et non plus le sanctuaire. Ils vont participer à un tournoi sans le moindre intérêt qui fera suite à un entraînement encore moins intéressant.



La surprise viendra à l'épisode 8 où apparaîtront deux personnages emblématiques de cette nouvelle série: Iona du Capricorne et Aria, la nouvelle Athéna. On découvre également que...attendez...quoi??? Une nouvelle Athéna? Mais depuis quand? Pourquoi? Comment? Et Saori? Elle est toujours là pourtant...elles sont deux maintenant? Là clairement le fan absolu va certainement projeter violemment un objet contre sa télé en hurlant à la mort...
Suivra alors une autre déception: un nouveau gold Saint va trahir les siens pour jurer fidélité à Mars, et visiblement les onze autres golds Saints vont le suivre comme des cons.. Nos jeunes bronzes Saints vont devoir lutter contre des silvers Saints et des golds Saints...bonjour l'originalité! La pilule passe un peu mieux avec l’apparition des nouveaux ennemis: les Martiens...ah ben non en fait elle ne passe pas. Ces derniers ne ressemblent absolument à rien. Leurs armures n'en sont pas, n'ont aucun trait caractéristique et ils sont insignifiants. Le véritable enjeu est dans l'affrontement avec les traîtres et non pas avec les Martiens...et puis quel nom ridicule, on les imagine venir de Mars...et il semblerait que cela soit le cas... là il faut vraiment s'accrocher pour continuer.
Heureusement on trouve également des éléments intéressants comme les nouveaux Golds Saints suffisamment charismatiques et suffisamment imposants pour être impressionnants et nous renvoyer aux heures de gloire de la première série où on assistait à des affrontements opposants des fourmis à des lions...et c'est justement le Gold Saint du Lion qui apparaîtra dans le dernier épisode, et face à Seiya, gold Saint de Sagittaire...là à ce stade, malgré tous les points négatifs (et tous n'ont pas encore été évoqués), on a tout de même envie de découvrir la suite, et c'est déjà pas mal...



Évoquons maintenant peut-être le point le plus problématique... Qu'est-ce qui a grandement contribué à la gloire de Saint Seiya? Les armures bien entendu! Ici le choix a été fait de les redessiner, y compris celles déjà connues, notamment la cloth de Pégase. Pourquoi pas, c'est même une bonne idée...oui, mais non! À ce stade de la série (car cela va évoluer dans la seconde partie...à partir de l'épisode 52...sic), on n'a pas l'impression d'être face à des guerriers portant des armures, on a plus l'impression qu'ils portent des justaucorps moulants et non pas des pièces d'armures... Outre le fait que cela limite grandement la sortie de nouvelles Myth Cloths consacrées, c'est juste moche! Et là c'est le drame, rien de moins!
Et c'est loin d'être le pire. Dans une volonté d'apporter de la nouveauté, les auteurs ont décidé de modifier totalement le concept des armures. Fini les Cloths Boxs (ou Pandora Boxs) encombrantes, maintenant, les Cloths sont matérialisés par des joyaux de la taille d'une petite pierre...à cause d'une météorite s'étant écrasée sur Terre et ayant modifiée l'apparence des armures!?!? Les Boxs étaient certes encombrantes, mais elles étaient beaucoup plus crédibles que ces armures qui sortent d'on ne sait où, tels des costumes de sentai (avec en plus un aspect justaucorps qui renforce cette idée).
Un renouvellement qui s'avère être une trahison, rien de moins!

Enfin, autre concept apporté par SS Omega : les éléments! Concept connu et utilisé jusqu'à plus soif dans tout un tas de titres, en particulier en Fantasy, désormais chaque cloth est rattachée à un élément. Et bien entendu, autre point classique du concept, la supériorité des éléments par rapport aux autres. Le feu pour le Lionet supérieur au vent pour l'Aigle, lui-même supérieur à la foudre pour Orion, supérieur à la terre pour le Loup, supérieur à l'eau pour le Dragon, supérieur au feu...etc. Et Pégase dans tout ça? Son élément est celui de la Lumière, affinité extrêmement rare surclassant toutes les autres, bien entendu.
Ainsi tous les chevaliers seront divisés en cinq catégories...et si, dans les premiers épisodes, notamment ceux qu'on trouve dans ce premier coffret, ce concept a son utilité (qu'on le valide ou pas, au moins les auteurs s'en servent), très vite il sera oublié, car trop peu exploité : la cause de cela?  Les adversaires de nos héros ne sont pas concernés, dans ces conditions à quoi sert un tel concept?
En effet les Golds Saints ne possèdent pas d'affinités élémentaires, alors que concrètement les signes du zodiaque sont divisés en quatre éléments (signes de feu pour Bélier, Lion, Sagittaire; de terre pour Taureau, Vierge et Capricorne, d'air pour Gémeaux, Balance et Verseau et d'eau pour Cancer, Scorpion et Poissons)...mais ce qui paraissait tellement évident ne sera pas utilisé...
Les éléments (et donc les armures avec les couleurs associées), les justaucorps et leur façon d’apparaître sortant de nulle part...on a plus que jamais l'impression d'être devant une saison des Power Rangers!



Pour toutes ces raisons, ce qui aurait dû être un événement, ne s'avère qu'être un pétard mouillé rempli de fausses bonnes idées. La série plaira peut-être aux plus jeunes qui découvrent l'univers de Saint Seiya, mais les fans originels ne reconnaîtront justement pas cet univers qui n'est plus le leur.

Concernant la qualité graphique, mis à part le design des armures, on retrouve le style Saint Seiya de Shingo Araki le mythique dessinateur qui a donné vie à tous ces personnages charismatiques.

Pour la bande-son, on reconnaît le style de Seiji Yokoyama bien qu'il n'ait pas participé, on retrouve le souffle épique et parfois touchant quand il le faut. Et cela joue grandement à donner à cette série une ambiance forte malgré ses défauts.

La VF est de qualité, mais bien entendu et sans surprise on lui préférera la VO.

Série mythique, s'il en est, Saint Seiya a connu toutes sortes de dérivés, et si Saint Seiya Omega n'est pas le plus heureux, ce n'est pas le pire non plus, et cette série a au moins lé mérite d'être une vraie suite, et non pas un prequel, elle tente de continuer l'aventure dans l'univers créé par Kurumada, pas forcément avec les meilleurs choix, mais il faut lui reconnaître une certaine audace.