Jeux Video Test rétro - Rule of Rose
Aujourd'hui, notre chroniqueur Kiraa7 vous propose de revenir sur un survival horror aussi dérangeant que controversé : Rule of Rose.
Il y a parfois de ces jeux qui tendent à sortir de la norme de leur genre, à chercher à découvrir de nouveaux horizons, se confrontant parfois à des risques mais offrant souvent des expériences inédites. Rule of Rose fait partie de ces jeux là. Si celui-ci n'a pas eu le succès qu'il mérite (sans doute en partie du au fait de sa sortie près de celle de Resident Evil 4), ce dernier a quand même eu sa part de gloire dans les médias...mais dans le mauvais sens du terme. En effet, Rule of Rose a fait de nombreuses polémiques tant est si bien que le jeu a été interdit de sortie dans plusieurs pays dont la France a failli en subir les frais mais heureusement, ce ne fut pas le cas. Accusé de pédophilie, de torture enfantine ou encore d'homosexualité, le soft s'est pris tous les noms possibles alors qu'en réalité, le jeu est une magnifique oeuvre psychologique emplie de réalité à vous faire pleurer. Mais le débat des jeux vidéos ne cessera probablement jamais et le temps est encore long avant de qualifier celui-ci comme un art à part entière...
Rule of Rose se passe dans les années 1930 en Angleterre. Tout commence dans un bus avec le personnage de Jennifer, une jeune fille dont on ne sait encore rien. Alors qu'elle s'était endormie durant son voyage, un jeune garçon la réveille en lui tendant un livre en lui demandant de lui raconter une histoire. Alors que la jeune fille ouvre le bouquin, elle se rend compte qu'il ne comporte que des pages blanches, et que le petit garçon s'enfuit en courant; Jennifer décide donc de le suivre, laissant le bus partir sans elle, et commence pour elle une aventure sordide et plutôt dérangeante...
Après s'être faufilée dans une forêt lugubre, Jennifer se retrouve face à un orphelinat qui semble habité : elle n'a pas tort, car elle fera vite la rencontre du Club des Aristocrates, un groupe d'enfants qui semble régner sur les lieux tels des adultes, et qui ont adopté la politique de la loi de le rose. Et sans qu'on ne comprenne trop comment, Jennifer va se retrouver à bord d'un dirigeable : aucune échappatoire n'est donc possible, et la pauvre fille malheureuse va devoir se plier aux ordres de ses supérieurs...
Vous allez vite comprendre que vous êtes considérée comme la "mendiante" selon la hiérarchie du Club, et pour monter de grade il va falloir faire ses preuves. Les enfants réclament un cadeau par mois, vous demandant par exemple de ramener un lapin, un ours en peluche ou encore d'autres choses. Mais l'histoire ne se limite pas à ça cher ami, oh non ! Rule of Rose, c'est typiquement ce genre de titre qui vous emmène dans un univers qui vous semble anodin au premier abord, mais dont les ficelles du scénario viennent se nouer petit à petit. Au fil de l'histoire, vous allez vous poser de plus en plus de questions, notamment du fait que certaines scènes sont très étranges voir même complètement dingues ! Qui est réellement Jennifer, les autres enfants et même les quelques adultes que l'on voit parfois ? Quel est donc ce dirigeable ? Et surtout quel passé vous lie à cet orphelinat et à ses monstres qui le peuplent la nuit ? Tant de questions qui trouveront la réponse quasiment toutes à la fin du jeu, dans un ultime chapitre qui vous éclairera tout d'un coup, si seulement vous vous débrouillez par contre à obtenir la bonne fin (mais rassurez-vous, c'est aussi simple que bonjour vu que tout se joue à un petit détail près durant le boss final). Rule of Rose, c'est aussi ce genre de jeu qui fait réfléchir une fois celui-ci finit : les développeurs ont tourné le tout de manière à ce que le joueur puisse s'imaginer presque sa propre interprétation du jeu, et je vous jure qu'il en est passionnant de lire les théories des nombreux joueurs sur les forums dédiés au titre. Ainsi durant votre partie, ne soyez pas choqué de ne pas tout comprendre et d'avoir l'impression que les développeurs se sont un peu perdus dans leur idée : c'est normal, tout viendra en temps et en heure. Justement c'est d'ailleurs ça qui fait la qualité du titre : qu'est-ce que nous voyons réellement ? Est-ce un rêve de l'héroïne, son passé, une incarnation déformée de ses souvenirs, ou de ceux d'une autre personne ? Ainsi on avance dans l'ombre, en tentant de recoudre petit à petit les bribes d'une histoire qui ne semble pas être la plus joyeuse...
Vous l'aurez donc compris, Rule of Rose est doté d'une grande qualité scénaristique. En nous embrouillant continuellement sur la réalité de nos faits, on se demande exactement ce qu'il se passe. Ce sentiment s'accentue davantage sur le fait que chaque chapitre est nommé par un nom inquiétant qui fait directement référence à une histoire que vous allez vivre, mais aussi par le nom d'un mois : doit-on y comprendre une certaine chronologie ? Mystère...
Le jeu est classé dans la catégorie survival-horror, mais concrètement si vous cherchez des frissons comme dans un Silent Hill ou encore un Project Zero, vous serez déçu car Rule of Rose, bien qu'oppressant à souhait, ne joue pas sur l'horreur pure et dure mais plutôt sur le trouble psychologique : on ne sait pas à quoi on a affaire, qu'est ce qu'il peut nous arriver et qu'allons nous affronter par la suite. Un peu à l'instar de Fragile Dreams sur Wii qui mélangeait le jeu d'horreur à celui de l'aventure (en mettant ce dernier côté plus en avant), Rule of Rose est un peu le même type en mettant plus avant le côté horreur cette fois-ci.
Tout se joue d'ailleurs sur l'ambiance pesante du titre : ambiance des années 30, musiques stridentes, et surtout le thème de l'enfance. Concernant ce dernier, le jeu traite sur tous les tourments de cette période de notre vie, sur la notion d'amitié, l'amour, les premières expériences de la vie (pas sexuelles hein), les bêtises, et surtout la méchanceté que peut avoir un enfant par rapport à un autre sans forcément s'en rendre compte. En réalité les enfants jouent un peu ici au adultes, or leur vision du monde adulte est tout à fait plus sombre et malsaine qu'elle ne l'est en réalité... L'enfance est d'ailleurs appuyée jusqu'au menu Pause du jeu, qui vous propose de gérer vos objets selon un inventaire dessiné à la craie.
Concernant le déroulement du jeu en lui-même, nous avons ici une succession de chapitres assez différente des autres jeux du genre : en effet, toute l'action se passe au sein de l'orphelinat et du dirigeable, deux lieux plutôt vastes où certaines portes seront ouvertes ou fermées selon les chapitres. Cela pourrait d'ailleurs déconcerter certains car de ce fait, le jeu comporte beaucoup d'allers retours mais au final cela est justifié selon l'histoire. La plupart des chapitres commence de la même manière, vous lisez une petite histoire dont il manque la dernière page et ce que vous allez vivre vous permettra d'écrire celle-ci; sinon on vous demande donc souvent dès le départ de trouver un objet précis pour offrir au Club : pour cela vous allez donc devoir résoudre des énigmes, discuter entre les divers personnages malgré l'empathie qu'ils ont pour vous, etc... Mais bien sûr, la progression n'est pas si simple car vous trouverez parfois sur votre routes des petits lutins dont l'allure ressemble trait pour trait au personnage du tableau Le Cri de Munch. Ces monstres sont d'ailleurs tout ce qu'il y a de plus énigmatique car vous ne saurez pas avant longtemps ce qu'ils représentent et pourquoi ils viennent. Par contre eux ne s'embêteront pas à savoir qui vous êtes et vous attaqueront par assaut sans vous poser de questions. Si ceux-ci ne constituent que l'unique type d'ennemi du jeu (sans compter les boss), vous remarquerez que leur visage change parfois selon le chapitre et prennent la tête d'une chèvre, d'un poisson, d'un rat ou bien encore d'un cochon, d'un lapin ou bien d'un oiseau : l'explication est simple, tout dépendra du chapitre dans lequel vous vous retrouverez et où il faudra chercher un tel animal. Au final cela appuie sur le côté malsain du titre, car je peux vous dire qu'un nain à tête de cochon ou bien même à tête de lapin, ça fait flipper ! Notez aussi que ce n'est pas qu'un détail visuel, les méchants se battront différemment selon leur tête, certains devenant ainsi redoutables. Après, il faut vous dire que les combats ne sont absolument pas le point central du jeu et que bien souvent vous favorisez la fuite plutôt que l'affront. Déjà, sachez que les ennemis se situent souvent dans la deuxième partie du chapitre, vous laissant d'abord flâner en toute tranquillité, ensuite ceux-ci arrivent et exceptés quelques uns dont vous serez obligés de vaincre, vous pouvez passer clairement le reste de votre temps à les éviter, et ça en est même favorable tant votre héroïne se bat aussi bien qu'un manchot. Tout au long de votre périple vous trouverez des armes, allant de la simple barre en fer au couteau de cuisine, en passant par la pelle ou bien même le revolver si vous le trouvez, mais malheureusement -et c'est là où le jeu pêche- Jennifer manque cruellement de souplesse durant les combats et il vous arrivera souvent de taper dans le vide, ce qui est assez frustrant notamment face aux boss qui s'avèrent plutôt coriaces (surtout la sirène, sans doute un des boss les plus ch***** qui m'a été donné de combattre tout jeu confondu...).
Mais heureusement, un précieux allié sera là pour vous aider, j'ai nommé le chien Brown ! Rapidement trouvé, celui-ci est sans doute celui qui fournira la majeure partie de votre travail : par exemple lors des combats, il aboiera pour effrayer les ennemis ce qui les paralysent quelques temps, ou bien même lors des boss où il pourra attirer l'attention. Mais Brown sera surtout important pour la quête d'objets car en tout bon chien, celui-ci pourra retrouver la piste d'un objet ou d'une personne lorsque vous lui ferez renifler quelque chose en votre possession; et franchement on a rarement vu un second rôle aussi utile ! Ainsi, il vous permettra de vous dégoter les éléments clés pour faire progresser l'histoire mais aussi d'autres objets annexes ou bien même de la nourriture pour vous soigner. A ce sujet, sachez que votre inventaire est limité et qu'il est donc possible de déposer vos trouvailles dans une corbeille située toujours prêt d'un point de sauvegarde de manière à ne pas devoir en supprimer (comprenez donc là qu'il est impossible de perdre un objet et que si vous en abandonnez un, il se trouvera directement dans votre corbeille). Le point de sauvegarde a lui aussi son petit effet avec son allure d'épouvantail, ce dernier vous rassurera à chaque fois que vous irez le voir en vous proposant donc de sauvegarder ou bien même de vous donner des indices à votre quête.
Ainsi, il faut voir Rule of Rose plutôt comme une expérience. Le jeu n'est pas parfait, cela se voit déjà avec le gameplay un peu rigide où les combats manquent de finesse tout comme votre héroïne à qui il manque sans doute quelques séances de gymnastique, mais après tout cela agrandit l'angoisse lors de la partie. Les nombreux allers-retours pourront en saouler certains mais comme dit précédemment, le scénario justifie ce fait et cela permet également de se familiariser au lieu (et vous en aurez besoin). Les musiques du titre sont plutôt bonnes pour l'ambiance voulue mais malheureusement trop peu nombreuses, et c'est dommage pour un jeu qui propose déjà un univers assez restreint. Mais les qualités de Rule of Rose sont là, premièrement par sa manière d'être scénarisée qui est excellente (chose que l'on remarque une fois le jeu fini), il y a plein de petits éléments à trouver ça et là si on prend la peine de fouiller les moindres recoins et franchement, prendre son temps dans ce titre vaut largement le détour.
Au final, ce jeu pourra surtout dégouter de voir que des politiques ont craché dessus sans y avoir joué en énonçant en plus des choses qui n'ont pas lieu (viol d'une gamine de 5 ans -> où ça ?) alors que c'est là une poésie macabre qui fera réfléchir sur l'enfance, et qui donnera surtout envie d'être recommencé pour le refaire avec un tout autre point de vue...
Graphismes :
Bien que sorti en même temps que d'autres jeux aux prouesses visuelles supérieures, Rule of Rose affiche des cinématiques à tomber par terre pour l'époque et illustre une ambiance anglaise des années 30 parfaitement retranscrite. De plus, certains personnages auront des expressions à vous faire frémir, Amanda en tête !
Durée de vie :
On est ici dans la moyenne des survival-horror, c'est à dire environ 10h. Si vous cherchez cependant à fouiller le titre de fond en comble et à profiter du New Game +, vous aurez de quoi doubler voir tripler la durée de vie facilement.
Jouabilité :
Malheureusement c'est là où le jeu faiblit, avec un maniement assez haché qui pourra déranger lors de certaines phases de combat. Heureusement l'affrontement est loin d'être l'élément majeur du jeu, mais si vous avez joué à un récent Resident Evil juste avant avec un héros qui peut se mouvoir dans tous les sens, Jennifer va vous sembler bien mollassonne. Enfin, la difficulté est un peu en dents de scie, avec notamment un second boss juste affreux.
Bande-son :
Niveau qualité, les musiques sont bonnes et collent parfaitement à l'ambiance voulue : c'est oppressant, on se sent bien dans les années 30, parfait. Cependant il est dommage que niveau nombre, elles soient si peu nombreuses, pouvant donc parfois agacer si vous faites partie des gens qui n'aiment pas écouter une musique en boucle.
Scénario :
Le gros point fort du jeu. Rule of Rose, c'est un poème macabre qu'on a plaisir à suivre petit à petit, avec tout qui se goupille au fur et à mesure pour un final vraiment passionnant. Une belle histoire, vraiment !
En résumé :
Rule of Rose pourra décevoir autant qu'émouvoir. Si vous avez déjà retourné tous les Silent Hill et Project Zéro, oui vous serez déçu si vous voulez avoir peur. Mais si cependant vous ne cherchez pas spécialement un jeu qui vous fait trembler mais plutôt vous charme par son obscurité, alors vous serez servi ! Bien que le jeu aurait pu être plus souple sur certains points, le déroulement du jeu à lui seul suffit son intérêt et vous promet de belles heures qui vous resteront gravées dans votre mémoire de joueur...
Il y a parfois de ces jeux qui tendent à sortir de la norme de leur genre, à chercher à découvrir de nouveaux horizons, se confrontant parfois à des risques mais offrant souvent des expériences inédites. Rule of Rose fait partie de ces jeux là. Si celui-ci n'a pas eu le succès qu'il mérite (sans doute en partie du au fait de sa sortie près de celle de Resident Evil 4), ce dernier a quand même eu sa part de gloire dans les médias...mais dans le mauvais sens du terme. En effet, Rule of Rose a fait de nombreuses polémiques tant est si bien que le jeu a été interdit de sortie dans plusieurs pays dont la France a failli en subir les frais mais heureusement, ce ne fut pas le cas. Accusé de pédophilie, de torture enfantine ou encore d'homosexualité, le soft s'est pris tous les noms possibles alors qu'en réalité, le jeu est une magnifique oeuvre psychologique emplie de réalité à vous faire pleurer. Mais le débat des jeux vidéos ne cessera probablement jamais et le temps est encore long avant de qualifier celui-ci comme un art à part entière...
Rule of Rose se passe dans les années 1930 en Angleterre. Tout commence dans un bus avec le personnage de Jennifer, une jeune fille dont on ne sait encore rien. Alors qu'elle s'était endormie durant son voyage, un jeune garçon la réveille en lui tendant un livre en lui demandant de lui raconter une histoire. Alors que la jeune fille ouvre le bouquin, elle se rend compte qu'il ne comporte que des pages blanches, et que le petit garçon s'enfuit en courant; Jennifer décide donc de le suivre, laissant le bus partir sans elle, et commence pour elle une aventure sordide et plutôt dérangeante...
Après s'être faufilée dans une forêt lugubre, Jennifer se retrouve face à un orphelinat qui semble habité : elle n'a pas tort, car elle fera vite la rencontre du Club des Aristocrates, un groupe d'enfants qui semble régner sur les lieux tels des adultes, et qui ont adopté la politique de la loi de le rose. Et sans qu'on ne comprenne trop comment, Jennifer va se retrouver à bord d'un dirigeable : aucune échappatoire n'est donc possible, et la pauvre fille malheureuse va devoir se plier aux ordres de ses supérieurs...
Vous allez vite comprendre que vous êtes considérée comme la "mendiante" selon la hiérarchie du Club, et pour monter de grade il va falloir faire ses preuves. Les enfants réclament un cadeau par mois, vous demandant par exemple de ramener un lapin, un ours en peluche ou encore d'autres choses. Mais l'histoire ne se limite pas à ça cher ami, oh non ! Rule of Rose, c'est typiquement ce genre de titre qui vous emmène dans un univers qui vous semble anodin au premier abord, mais dont les ficelles du scénario viennent se nouer petit à petit. Au fil de l'histoire, vous allez vous poser de plus en plus de questions, notamment du fait que certaines scènes sont très étranges voir même complètement dingues ! Qui est réellement Jennifer, les autres enfants et même les quelques adultes que l'on voit parfois ? Quel est donc ce dirigeable ? Et surtout quel passé vous lie à cet orphelinat et à ses monstres qui le peuplent la nuit ? Tant de questions qui trouveront la réponse quasiment toutes à la fin du jeu, dans un ultime chapitre qui vous éclairera tout d'un coup, si seulement vous vous débrouillez par contre à obtenir la bonne fin (mais rassurez-vous, c'est aussi simple que bonjour vu que tout se joue à un petit détail près durant le boss final). Rule of Rose, c'est aussi ce genre de jeu qui fait réfléchir une fois celui-ci finit : les développeurs ont tourné le tout de manière à ce que le joueur puisse s'imaginer presque sa propre interprétation du jeu, et je vous jure qu'il en est passionnant de lire les théories des nombreux joueurs sur les forums dédiés au titre. Ainsi durant votre partie, ne soyez pas choqué de ne pas tout comprendre et d'avoir l'impression que les développeurs se sont un peu perdus dans leur idée : c'est normal, tout viendra en temps et en heure. Justement c'est d'ailleurs ça qui fait la qualité du titre : qu'est-ce que nous voyons réellement ? Est-ce un rêve de l'héroïne, son passé, une incarnation déformée de ses souvenirs, ou de ceux d'une autre personne ? Ainsi on avance dans l'ombre, en tentant de recoudre petit à petit les bribes d'une histoire qui ne semble pas être la plus joyeuse...
Vous l'aurez donc compris, Rule of Rose est doté d'une grande qualité scénaristique. En nous embrouillant continuellement sur la réalité de nos faits, on se demande exactement ce qu'il se passe. Ce sentiment s'accentue davantage sur le fait que chaque chapitre est nommé par un nom inquiétant qui fait directement référence à une histoire que vous allez vivre, mais aussi par le nom d'un mois : doit-on y comprendre une certaine chronologie ? Mystère...
Le jeu est classé dans la catégorie survival-horror, mais concrètement si vous cherchez des frissons comme dans un Silent Hill ou encore un Project Zero, vous serez déçu car Rule of Rose, bien qu'oppressant à souhait, ne joue pas sur l'horreur pure et dure mais plutôt sur le trouble psychologique : on ne sait pas à quoi on a affaire, qu'est ce qu'il peut nous arriver et qu'allons nous affronter par la suite. Un peu à l'instar de Fragile Dreams sur Wii qui mélangeait le jeu d'horreur à celui de l'aventure (en mettant ce dernier côté plus en avant), Rule of Rose est un peu le même type en mettant plus avant le côté horreur cette fois-ci.
Tout se joue d'ailleurs sur l'ambiance pesante du titre : ambiance des années 30, musiques stridentes, et surtout le thème de l'enfance. Concernant ce dernier, le jeu traite sur tous les tourments de cette période de notre vie, sur la notion d'amitié, l'amour, les premières expériences de la vie (pas sexuelles hein), les bêtises, et surtout la méchanceté que peut avoir un enfant par rapport à un autre sans forcément s'en rendre compte. En réalité les enfants jouent un peu ici au adultes, or leur vision du monde adulte est tout à fait plus sombre et malsaine qu'elle ne l'est en réalité... L'enfance est d'ailleurs appuyée jusqu'au menu Pause du jeu, qui vous propose de gérer vos objets selon un inventaire dessiné à la craie.
Concernant le déroulement du jeu en lui-même, nous avons ici une succession de chapitres assez différente des autres jeux du genre : en effet, toute l'action se passe au sein de l'orphelinat et du dirigeable, deux lieux plutôt vastes où certaines portes seront ouvertes ou fermées selon les chapitres. Cela pourrait d'ailleurs déconcerter certains car de ce fait, le jeu comporte beaucoup d'allers retours mais au final cela est justifié selon l'histoire. La plupart des chapitres commence de la même manière, vous lisez une petite histoire dont il manque la dernière page et ce que vous allez vivre vous permettra d'écrire celle-ci; sinon on vous demande donc souvent dès le départ de trouver un objet précis pour offrir au Club : pour cela vous allez donc devoir résoudre des énigmes, discuter entre les divers personnages malgré l'empathie qu'ils ont pour vous, etc... Mais bien sûr, la progression n'est pas si simple car vous trouverez parfois sur votre routes des petits lutins dont l'allure ressemble trait pour trait au personnage du tableau Le Cri de Munch. Ces monstres sont d'ailleurs tout ce qu'il y a de plus énigmatique car vous ne saurez pas avant longtemps ce qu'ils représentent et pourquoi ils viennent. Par contre eux ne s'embêteront pas à savoir qui vous êtes et vous attaqueront par assaut sans vous poser de questions. Si ceux-ci ne constituent que l'unique type d'ennemi du jeu (sans compter les boss), vous remarquerez que leur visage change parfois selon le chapitre et prennent la tête d'une chèvre, d'un poisson, d'un rat ou bien encore d'un cochon, d'un lapin ou bien d'un oiseau : l'explication est simple, tout dépendra du chapitre dans lequel vous vous retrouverez et où il faudra chercher un tel animal. Au final cela appuie sur le côté malsain du titre, car je peux vous dire qu'un nain à tête de cochon ou bien même à tête de lapin, ça fait flipper ! Notez aussi que ce n'est pas qu'un détail visuel, les méchants se battront différemment selon leur tête, certains devenant ainsi redoutables. Après, il faut vous dire que les combats ne sont absolument pas le point central du jeu et que bien souvent vous favorisez la fuite plutôt que l'affront. Déjà, sachez que les ennemis se situent souvent dans la deuxième partie du chapitre, vous laissant d'abord flâner en toute tranquillité, ensuite ceux-ci arrivent et exceptés quelques uns dont vous serez obligés de vaincre, vous pouvez passer clairement le reste de votre temps à les éviter, et ça en est même favorable tant votre héroïne se bat aussi bien qu'un manchot. Tout au long de votre périple vous trouverez des armes, allant de la simple barre en fer au couteau de cuisine, en passant par la pelle ou bien même le revolver si vous le trouvez, mais malheureusement -et c'est là où le jeu pêche- Jennifer manque cruellement de souplesse durant les combats et il vous arrivera souvent de taper dans le vide, ce qui est assez frustrant notamment face aux boss qui s'avèrent plutôt coriaces (surtout la sirène, sans doute un des boss les plus ch***** qui m'a été donné de combattre tout jeu confondu...).
Mais heureusement, un précieux allié sera là pour vous aider, j'ai nommé le chien Brown ! Rapidement trouvé, celui-ci est sans doute celui qui fournira la majeure partie de votre travail : par exemple lors des combats, il aboiera pour effrayer les ennemis ce qui les paralysent quelques temps, ou bien même lors des boss où il pourra attirer l'attention. Mais Brown sera surtout important pour la quête d'objets car en tout bon chien, celui-ci pourra retrouver la piste d'un objet ou d'une personne lorsque vous lui ferez renifler quelque chose en votre possession; et franchement on a rarement vu un second rôle aussi utile ! Ainsi, il vous permettra de vous dégoter les éléments clés pour faire progresser l'histoire mais aussi d'autres objets annexes ou bien même de la nourriture pour vous soigner. A ce sujet, sachez que votre inventaire est limité et qu'il est donc possible de déposer vos trouvailles dans une corbeille située toujours prêt d'un point de sauvegarde de manière à ne pas devoir en supprimer (comprenez donc là qu'il est impossible de perdre un objet et que si vous en abandonnez un, il se trouvera directement dans votre corbeille). Le point de sauvegarde a lui aussi son petit effet avec son allure d'épouvantail, ce dernier vous rassurera à chaque fois que vous irez le voir en vous proposant donc de sauvegarder ou bien même de vous donner des indices à votre quête.
Ainsi, il faut voir Rule of Rose plutôt comme une expérience. Le jeu n'est pas parfait, cela se voit déjà avec le gameplay un peu rigide où les combats manquent de finesse tout comme votre héroïne à qui il manque sans doute quelques séances de gymnastique, mais après tout cela agrandit l'angoisse lors de la partie. Les nombreux allers-retours pourront en saouler certains mais comme dit précédemment, le scénario justifie ce fait et cela permet également de se familiariser au lieu (et vous en aurez besoin). Les musiques du titre sont plutôt bonnes pour l'ambiance voulue mais malheureusement trop peu nombreuses, et c'est dommage pour un jeu qui propose déjà un univers assez restreint. Mais les qualités de Rule of Rose sont là, premièrement par sa manière d'être scénarisée qui est excellente (chose que l'on remarque une fois le jeu fini), il y a plein de petits éléments à trouver ça et là si on prend la peine de fouiller les moindres recoins et franchement, prendre son temps dans ce titre vaut largement le détour.
Au final, ce jeu pourra surtout dégouter de voir que des politiques ont craché dessus sans y avoir joué en énonçant en plus des choses qui n'ont pas lieu (viol d'une gamine de 5 ans -> où ça ?) alors que c'est là une poésie macabre qui fera réfléchir sur l'enfance, et qui donnera surtout envie d'être recommencé pour le refaire avec un tout autre point de vue...
Graphismes :
Bien que sorti en même temps que d'autres jeux aux prouesses visuelles supérieures, Rule of Rose affiche des cinématiques à tomber par terre pour l'époque et illustre une ambiance anglaise des années 30 parfaitement retranscrite. De plus, certains personnages auront des expressions à vous faire frémir, Amanda en tête !
Durée de vie :
On est ici dans la moyenne des survival-horror, c'est à dire environ 10h. Si vous cherchez cependant à fouiller le titre de fond en comble et à profiter du New Game +, vous aurez de quoi doubler voir tripler la durée de vie facilement.
Jouabilité :
Malheureusement c'est là où le jeu faiblit, avec un maniement assez haché qui pourra déranger lors de certaines phases de combat. Heureusement l'affrontement est loin d'être l'élément majeur du jeu, mais si vous avez joué à un récent Resident Evil juste avant avec un héros qui peut se mouvoir dans tous les sens, Jennifer va vous sembler bien mollassonne. Enfin, la difficulté est un peu en dents de scie, avec notamment un second boss juste affreux.
Bande-son :
Niveau qualité, les musiques sont bonnes et collent parfaitement à l'ambiance voulue : c'est oppressant, on se sent bien dans les années 30, parfait. Cependant il est dommage que niveau nombre, elles soient si peu nombreuses, pouvant donc parfois agacer si vous faites partie des gens qui n'aiment pas écouter une musique en boucle.
Scénario :
Le gros point fort du jeu. Rule of Rose, c'est un poème macabre qu'on a plaisir à suivre petit à petit, avec tout qui se goupille au fur et à mesure pour un final vraiment passionnant. Une belle histoire, vraiment !
En résumé :
Rule of Rose pourra décevoir autant qu'émouvoir. Si vous avez déjà retourné tous les Silent Hill et Project Zéro, oui vous serez déçu si vous voulez avoir peur. Mais si cependant vous ne cherchez pas spécialement un jeu qui vous fait trembler mais plutôt vous charme par son obscurité, alors vous serez servi ! Bien que le jeu aurait pu être plus souple sur certains points, le déroulement du jeu à lui seul suffit son intérêt et vous promet de belles heures qui vous resteront gravées dans votre mémoire de joueur...
De Angels [36 Pts], le 04 Mai 2014 à 14h31
J'adore ce jeu, l'un des meilleurs survival horror pour moi
De Koiwai [12806 Pts], le 28 Avril 2014 à 21h30
Je n'avais jamais entendu parler de ce jeu, mais je dois dire que cette chronique et les images me font franchement envie ! O_O Il ne reste plus qu'à dégoter ça...