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Dvd Chronique - Gundam Film 3

Lundi, 03 Février 2014 à 14h00

Voici la chronique de Glassheart portant sur le troisième film de la saga Mobile Suit Gundam.
 

 

Enfin nous y voilà ! La grande conclusion de cette saga épique qu'est la trilogie Mobile Suit Gundam, adaptation cinématographique de la série animée originale ! Et quelle conclusion magistrale que voilà !

La Fédération Terrestre se prépare à la grande bataille finale de la Guerre d'Un An. Le White Base est envoyé dans l'espace pour faire diversion, faisant halte à la colonie neutre de Side 6 en prévision des batailles à venir. C'est là qu'Amuro Ray fait la connaissance d'une jeune newtype nommée Lalah Sune et qu'il rencontre pour la première fois son grand rival Char Aznable. Nul ne le sait encore mais la première pierre d'un grand drame humain vient d'être posée. Et alors que Seila Mass continue de chercher son frère disparu, les noeuds du destin se mettent en marche pour mener la guerre vers sa conclusion.


 
 
Après un deuxième film un peu décevant, ce troisième et dernier opus de la trilogie Mobile Suit Gundam revient à ce qui avait fait le succès du premier: un long-métrage cinéma qui ne se pose pas comme un simple résumé de la série mais bien comme une oeuvre à part entière. Cerise sur le gâteau, cette partie est assurément la plus passionnante et la plus spectaculaire de l'histoire, comme si tout ce qui avait précédé n'était en fait qu'un prélude aux événements de ce film. Une histoire fabuleuse, des personnages plus profonds et tourmentés que jamais et des batailles spatiales épiques, voilà le programme de ce véritable bouquet final !

On retrouve donc Amuro qui, après avoir fait ses adieux à sa mère dans le premier film, retrouve son père qu'il croyait mort depuis la destruction de Side 7 pour réaliser que celui-ci a perdu l'esprit. Désormais véritablement orphelin et sans attache, le jeune homme n'a plus de famille vers laquelle retourner. C'est dans ce contexte qu'il rencontre Lalah Sune vers laquelle il se sent aussitôt attiré. Newtype d'une puissance quasi-divine, Lalah est une jeune femme charmante et sensible, amoureuse de la vie, mais elle est aussi la carte-maîtresse de Char Aznable en prévision des batailles à venir, capable de détruire toute une flotte de la Fédération en l'espace de quelques minutes. Utilisée comme arme, elle devient alors l'ennemie d'Amuro sur les champs de bataille. Mais ce rôle qui leur est imposé par la guerre va t-il vraiment dans le sens de l'apparition des newtypes en cette période troublée ? La découverte de l'existence de cette nouvelle évolution majeure de l'humanité et la rencontre entre Amuro et Lalah appartenant à deux mondes différents n'ont-elles pas une signification beaucoup plus profonde ? Alors qu'eux-mêmes cherchent à comprendre le sens de leur destinée, la réponse leur apparaîtra sur le champ de bataille, amenant à un dénouement des plus tragiques qui finira d'installer la rivalité mortelle entre Amuro et Char Aznable, tout deux amoureux de la même femme. Au terme de toute cette tragédie, Amuro trouvera t-il enfin sa place en ce monde, là où il saura que des gens attendent son retour, une nouvelle "famille" vers laquelle retourner ?


 
 
Pendant ce temps, Seila Mass révèle la vérité au sujet de sa relation avec Char Aznable: ils sont frère et soeur, les héritiers perdus de Zeon Daikun, l'ancien dirigeant du Duché de Zeon assassiné par la famille Zabi. Mais contrairement à Seila qui exècre la guerre, Char est un être obsédé par sa vengeance à l'encontre des membres de la famille impériale Zabi et qui se sert du conflit pour arriver à ses fins. Leur rencontre prédestinée amène Seila à constater la triste vérité: son frère adoré est devenu un monstre de haine et il ne subsiste presque plus rien de l'homme bon et attentionné qu'il fut autrefois. S'il n'est pas arrêté, il pourrait entraîner l'univers tout entier vers sa perte. Mais pourra t-elle pour autant supporter la vue du spectacle d'un affrontement à mort entre son frère et Amuro ?

En parallèle, nous suivons aussi le conflit du côté de Zeon et des héritiers de la famille Zabi, ces frères et soeur qui se haïssent et qui se livrent une guerre de pouvoir sans réaliser que le pire ennemi qui soit se tient déjà à leurs côtés: Char Aznable. Alors que la guerre entre dans sa phase finale et que Gihren Zabi, le fils aîné, commence à prôner la supériorité des spacenoïds sur le reste de l'humanité en tant que "race pure" et sa légitimité à dominer le monde dans un discours de propagande nazie, cette famille que tout sépare se livre à des querelles fratricides, tandis que Char porte son attention vers la plus grande de toutes les menaces: l'existence d'Amuro vient de révéler à tous la véritable nature des newtypes. Pour préserver l'avenir et permettre à l'humanité de s'engager dans la bonne voie, il est de son devoir de l'éliminer en tant qu'héritier de l'idéologie "newtype" prônée par son défunt père Zeon Daikun.


 
 
Alors que le second film avait pas mal déçu en terme d'adaptation de l'histoire de la série originale, on pouvait craindre que ce problème ne se représente pour ce troisième et ultime opus. Fort heureusement ce n'est pas le cas et la dimension de drame humain qui domine cette partie demeure intacte... ou presque. En raison de certains changements apportés par le réalisateur Yoshiyuki Tomino par rapport à la série, Amuro et Seila n'ont pas vraiment eu l'occasion de se battre ensemble au cours des batailles, ce qui fait qu'alors que dans la série originale ce sont deux camarades unis par un lien très fort qui pourrait virer à la romance, leur relation reste purement platonique dans les films ce qui fait perdre beaucoup de son impact dramatique à l'intervention de Seila au cours de l'affrontement final entre Amuro et Char (ce n'est plus un duel opposant son frère disparu à l'homme qu'elle aime).

Pour le reste, la complexité des rapports entre les personnages est bien là, avec une dimension quasi-shakespearienne en ce qui concerne les personnages principaux, des individus amenés à faire une différence dans le conflit mais qui restent soumis à un destin qui les dépasse complètement. Certains vont connaître un triste sort, les autres seront amenés à vivre comme témoins de ce qu'ils ont vu. Pour le reste, ce troisième opus permet enfin à la trilogie de traiter la quasi-totalité des personnages convenablement, ceux qui étaient délaissés dans les deux films précédents voyant enfin une mise en lumière bienvenue comme Mirai Yashima ou Hayato Kobayashi. Même le nouveau-venu Sleggar Law a droit à sa propre intrigue qui lui apporte un charisme impressionnant et une touche de romantisme insoupçonnée. C'est cela aussi Mobile Suit Gundam: des personnages que l'on pense être de simples stéréotypes et qui finissent par nous surprendre par leur humanité sincère et la richesse de leurs histoires personnelles à mesure que l'histoire se développe. En reprenant rétrospectivement l'histoire de la trilogie depuis le premier opus, on se rend compte du chemin incroyable qui a été accompli pour créer une oeuvre d'une richesse fabuleuse portée par une galerie de personnages très travaillés, et ce troisième opus en est assurément le point d'orgue.
 

 
 
Les séquences de batailles spatiales ne sont pas en reste et, malgré l'âge de l'animation, elles se révèlent spectaculaires et épiques car très bien réalisées. Bien sûr, le film n'entre pas autant dans les détails que la série mais, ces dernières batailles étant plus que jamais portées sur les enjeux narratifs (elles servaient avant tout le scénario), il lui est beaucoup plus facile de se concentrer sur l'essentiel, à savoir les enjeux humains et dramatiques qui se jouent durant ces affrontements. Les batailles spatiales se déroulant à une échelle beaucoup plus grande avec des milliers de Mobile Suits et de vaisseaux qui tirent dans tous les sens dans un bon gros bourrinage, le montage n'a plus tellement à se préoccuper de préserver la cohérence du déroulement des combats (évitant ainsi l'un des gros problèmes du deuxième film) que de nous montrer des explosions dans tous les sens pour accompagner les confrontations "narratives" entre les personnages importants. Ces batailles n'en demeurent pas moins d'une puissance épique incroyable et on sent pleinement le conflit entrer dans sa phase finale avec les deux camps qui y mettent leurs dernières forces restantes. En particulier la séquence de l'assaut final contre la forteresse d'A Baoa Qu avec l'ultime duel entre Amuro et Char Aznable qui est d'anthologie, aussi impressionnante qu'intense.

La richesse de ce dernier chapitre de la trilogie est aussi d'illustrer pleinement le concept des newtypes après l'avoir évoqué à maintes reprises durant les films précédents. Et cela passe aussi en grande partie par la réalisation, souvent très poétique lors des scènes impliquant Lalah Sune. Ses pouvoirs s'expriment par ailleurs par le biais de séquences expérimentales qui illustrent magnifiquement l'aura quasi-divine véhiculée par son personnage. Le tout est parfois accompagné de musiques d'inserts joyeuses contrebalançant totalement avec la tragédie de son histoire avec une belle ironie non dénuée d'une certaine poésie. Alors que Lalah est une femme très belle qui porte en elle l'amour des choses, son sort cruel l'a amené à s'éveiller durant une période de guerre et à devenir une arme sur le champ de bataille, scellant ainsi son destin tragique alors qu'elle aurait pu accomplir des choses formidables. Tout s'est joué à une rencontre arrivée un peu trop tôt et à une autre un peu trop tard. Voilà ce qui se dégage de ce magnifique personnage et la réalisation de Tomino arrive pleinement à le retranscrire sans avoir à exprimer trop clairement les choses par le biais des dialogues.


 
 
Le doublage japonais se révèle comme toujours excellent, et même encore plus que dans les deux opus précédents. Le film doit beaucoup à la magnifique voix de Keiko Han (Lalah Sune) et à la prestation de Shuichi Ikeda (Char Aznable) plus intense que jamais face aux toujours aussi excellents Toru Furuya (Amuro Ray) et You Inoue (Seila Mass). Le reste du casting s'en sort également très bien et on notera en particulier la prestation de Mami Koyama qui campe formidablement son personnage de la dangereuse et très charismatique Kycilia Zabi. On n'aura donc pas de problème particulier à ce que ce soit l'unique version présente sur le DVD, d'autant que la piste 5.1 est toujours excellente (malgré une très légère coupure du son au cours de la discussion entre Seila et Char sur la colonie Texas). Le sous-titrage français est également très bon dans l'ensemble, malgré quelques inconsistances dans les transcriptions des noms des personnages par rapport aux deux films précédents ("Amuro Rei" du deuxième film redevient "Amuro Ray"), et surtout une étrangeté des plus gênantes: à part le Gundam, les autres appareils sont désormais désignés par des chiffres (005, 006) au lieu de leurs noms habituels (Guntank, Guncannon, Core Fighter, Core Booster, etc...). Du coup, certains dialogues en deviennent carrément ridicules ce qui est vraiment regrettable, surtout qu'ils sont principalement évoqués dans le cadre des batailles ce qui n'est pas vraiment le bon moment pour l'humour.

Pour le reste, l'édition de Beez reste très basique mais, encore une fois, le simple fait de pouvoir profiter de ces films en France est déjà un privilège en soi. On ne se plaindra donc pas de ne trouver qu'un simple boitier avec le DVD du film, d'autant que ce dernier est toujours très soigné en terme de qualité d'image et de son et c'est, dans le fond, tout ce que l'on en attend.



 
Au final, ce troisième et dernier opus de la trilogie Mobile Suit Gundam offre une conclusion magnifique et épique à cette oeuvre, portée par le drame humain et par une poignée de personnages mémorables. Le travail d'adaptation a été parfaitement effectué et on retrouve toute la grandeur de cette histoire et toute la richesse de cet univers dans le film, bouclant la boucle de manière exemplaire et conférant à la trilogie un statut d'oeuvre incontournable pour les amateurs du genre SF et de méchas, bien au-delà de son statut d'oeuvre historique dans l'histoire de la japanimation. Malgré son animation vieillissante, la réalisation reste superbe et le film tient encore bien la route face aux oeuvres plus récentes grâce à son aspect novateur pour l'époque, à sa richesse intemporelle et au talent immense de ses créateurs. On regrette juste quelques petites coquilles concernant l'édition de Beez (un bug de son, une traduction parfois un peu étrange), mais rien qui ne doit priver les fans de Gundam de découvrir ce mythe de l'animation. Un chef d'oeuvre tout simplement et le meilleur morceau de cette trilogie ! (19/20)

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