Critique CD - The Marrow of a Bone de Dir en Grey- Actus manga
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Jmusic Critique CD - The Marrow of a Bone de Dir en Grey

Jeudi, 29 Août 2013 à 09h00

Notre chroniqueur Kimi continue de revenir sur les différents albums de Dir en Grey. Cette fois-ci, place à The Marrow of a Bone.




S’extirper. S’enfoncer dans les ténèbres pour répandre son venin et le chaos en marge de la communauté. Profondément seul, déverser sa haine…

C’est le sentiment permanent qui émane de Dir En Grey, le quintet japonais rejetant les productions surpuissantes et sans âme, abandonnant la technique ostentatoire et inutile, dépouillant ses compositions pour en faire ressortir les ambiances les plus crues et sales et ne faisant absolument aucune concession sur sa façon de voir son art. Passer après Withering to Death n'était pas une mince affaire, Dir En Grey ayant frappé un grand coup avec leur dernier album. C'est également Withering to Death qui a permit au groupe de sortir de leurs terres et de s'ouvrir à l'international, la pression pour le prochain album en était donc doublée. Qu'en est-il réellement ? The Marrow of a Bone remplit donc-t'il son objectif premier ? N'y allons pas par quatre chemins, le résultat surpasse même ses propres aspirations.

Avant de se pencher sur l'aspect sonore de cette galette, il faut souligner la froideur de l'illustration de ce disque. Terriblement humaine mais en même temps terriblement froide, la cover de ce The Marrow of a Bone arrive à en dire long sur l'atmosphère du disque et ce, avant même d'en avoir entâmé l'écoute.

Oubliez tout ce que vous avez pu entendre avec Vulgar et Withering to Death, The Marrow of a Bone est encore plus poisseux, plus accusateur et dénonciateur. Dir En Grey a mûri et cela se ressent dès les premières sonorités de "Conceived Sorrow" et de ses sanglots torturés. Quelques notes de piano viennent adoucir ce mur sonore un tantinet terrifiant, la voix de Kyô s'insère progressivement dans ce paysage lugubre et les instruments entrent ensuite dans la danse. Puissant, "Conceived Sorrow" est d'une puissance absolue et ce titre vous transportera haut, très haut.

Cette petite ascension sera de courte durée, "Lie Buried with a Vengeance" vous attrapera par le pied pour vous faire descendre avec une inlassable hargne. Et ce n'est pas tout, des titres comme "The Fatal Believer ", "Agitated Screams of Maggots " ou encore "Grief" viendront vous tenir la gorge avec leurs poignes ahurissantes. Ne vous y trompez pas, The Marrow of a Bone fait peur, surprend et impressionne par sa noirceur. Les propos du quintet japonais sont directs, torturés à l'extrême et ne laissent pas indifférent. Dir En Grey agit donc, une nouvelle fois, en tant que dénonciateur des malêtres de notre société et exprime à nouveau son opinion sur des thêmes on ne peut plus houleux (drogue, suicides, viol et autres maux de notre système). Il prendra même à certains moments un rôle d'accusateur, Kyô prônant haut et fort la l'assombrissement de notre monde et son dégoût pour notre société.

Nous savons très bien que le parolier de Dir En Grey n'est ni une personne qui tient sa langue dans sa poche, ni une personne modeste (preuve en est par son attitude un poil provocatrice sur scène, par son magnétisme etson charisme extraordinaire, qui tendent à attirer tous les regards sur sa personne, au point d’en éclipser les autres musiciens du groupe). Avec The Marrow of a Bone, Tooru Nishimura a clairement franchi un cap d'un point de vue vocal : aurait-il succombé à la folie des grandeurs ? Peut-être bien car quand on y regarde de plus près, Kyô continue d'élargir sans cesse son panel de voix et de notes (screaming, deep growls, grunts, chant diphonique...), et il va même jusqu'à s'affirmer comme un artiste vocal hors pair.

La grande force dont dispose ce "The Marrow of a Bone" résulte assurément d’une très grande maturité d’écriture et d’une volonté de proposer une musique originale sans pour autant être fondamentalement ni démonstrative. Ce que l’on entend dans cet album n’est que le fruit d’un travail de composition pour offrir des atmosphères d’une richesse rare et souvent faire sombrer l’auditeur face à ses propres choix et sa propre existence.  L’album s’enfonce progressivement dans une expression et une complexité des plus folles et des plus violentes. L'aspect encore plus ésotérique du chant de Kyô confirme, quant à lui, une tournure à la violence non pas jouissive mais dérangeante. Nous sommes loin d’une simple agression physique, la force du son et des notes touchant l’auditeur au plus profond de son être, se reconnaissant en lui pour l’attaquer de l’intérieur et faisant ressortir sa noirceur.

Big Bang.

Partir d’une page blanche. Débuter du néant. Lorsque l’entité provient du « rien », de l’absolument petit et grand à la fois, inconcevable vide qui gravite autour et en chacun de nous. Imaginer les ténèbres infinies revenant à renoncer au concept d’existence, il est toujours très difficile de matérialiser dans son esprit, dans une forme cohérente, ce que pouvait être ce que l’on nomme aujourd’hui la matière. Dans un microcosme plus proche de nous, qu’en est-il de l’acte de création ? Quelle est cette fameuse angoisse de la page blanche ? Quelle est cette étape si fondamentale qui surgit lorsque, des tréfonds du vide explosent la créativité pour donner vie à l’art musical, déchaînement de notes et d’émotions ? Chacun l’expliquera à sa manière. C’est dans ce vide que certains parviennent à fonder des mondes si personnels et uniques, expérimentant au gré d’une imagination plus fertile que d’autres, et proposant ainsi des schémas musicaux nouveaux et avant-gardistes. Explose la créativité, c'est ce que vient de faire Dir En Grey avec The Marrow of a Bone.

Le quintet japonais a repoussé, encore une fois, les limites de son potentiel et a détruit toutes ses propres bases pour nous offrir un disque abouti sur tous les points. Que dire de plus ? Cet album est une expérience auditive inoubliable, à écouter et à décortiquer seul(e) dans le noir pour pouvoir en savourer toutes les subtilités. Et le pire dans tout cela, c'est que le meilleur reste à venir avec Uroboros...

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