Chronique - Touch Film 2- Actus manga
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Dvd Chronique - Touch Film 2

Mercredi, 13 Février 2013 à 12h00

Aujourd'hui, nous vous proposons de retrouver la série Touch et ses nombreux films dédiés, avec la chronique de Hoagie autour du second long métrage, Le Cadeau d'Adieu, sorti en mai 2005 chez IDP.
   
  
      
    
Ce deuxième film de Touch continue d’essayer l’impossible, à avoir de résumer une série si dense et si vaste en moins de quatre heures. Le défi est osé, les choix contestables, mais ils ne doivent pas gâcher le propos de Mitsuru Adachi, et surtout sa délicatesse et sa pudeur de conter la dureté de la vie.

En avril 2005 réapparaissait Touch, série plus connue par les nostalgiques sous le titre Théo ou la batte de la victoire, à l’occasion de la sortie en DVD d’un premier film : Un champion sans numéro. Produit en pleine diffusion du dessin animé à la télévision en 1985, ce film était avant tout un résumé des 25 premiers épisodes de la série. Le deuxième, titré Le cadeau d’adieu et réalisé l’année suivante, continue sur la même lancée et couvre la suite jusqu’aux éliminatoires pour le tournoi de base-ball inter-lycées au célèbre stade du Kôshien, puis un troisième film compléta la série. Ainsi, ces trois métrages de 75 minutes chacun condensent au final pas moins d’une centaine d’épisodes. Pari risqué, et à demi réussi, puisque des choix drastiques ont dû être effectués sur les intrigues, les personnages et leurs relations. Si l’histoire reste la même – et encore -, son traitement diverge et finit pas ne plus rendre vraiment compte de l’univers de Touch.

Après la mort


Malgré la disparition de Kim, la vie continue. L’été touche à sa fin, et c’est donc tout naturellement que les cours reprennent au lycée Meisei. Théo (Tatsuya) et Debbie (Minami) se recueillent une dernière fois sur la tombe du défunt frère, avant d’affronter une nouvelle et dure réalité. Très rapidement, à vrai dire dans le cimetière même, il prend pour Théo les traits du beau Guy (Nitta), son adverse tant en sport qu’en amour. De son côté, Debbie doit se délester de son poste de manager du club de base-ball pour porter main forte à l’équipe féminine de gymnastique rythmique. Chacun essaie donc de s’épanouir à sa manière, indépendamment l’un de l’autre. Deux sports, deux destins parallèles, auxquels le spectateur assiste en accéléré.
En effet, la gestion du temps ne peut se faire qu’à travers quelques ellipses et sauts dans le futur. Ainsi, à peine Théo et Debbie ont-ils intégré leur club respectif qu’ils deviennent des champions hors pair. Le cas de la jeune fille est peut-être le plus cocasse. Une amie et une professeur lui demandent de les aider en gymnastique, et à peine quelques minutes plus tard, elle participe à une compétition où elle se livre à une démonstration de haut vol qui lui vaut la première marche du podium. Le réalisateur semble d’ailleurs plus intéressé par les mouvements, aussi gracieux soit-ils, de Debbie que par sa psychologie. A deux reprises, il s’attarde ainsi  plus que de nécessaire sur ses numéros acrobatiques.



Elliptique

Même distorsion temporelle pour Théo, qui du jour au lendemain, se retrouve propulsé lanceur invincible de Meisei. Cependant, le traitement accordé à cette révélation ne néglige pas un facteur décisif dans le comportement de Théo : l’ombre de son frère jumeau. Alors que le film semblait faire un peu trop rapidement le deuil de Kim, celui-ci revient hanté indirectement Théo sur le terrain de base-ball. Il copie les techniques, les gestes de Kim jusqu’à en imiter parfaitement le lancer. Ce mimétisme l’entraîne aux bords de la folie, et c’est pendant la finale des éliminatoires, face et avec l’aide de Guy, qu’il comprendra son erreur.
Pour Théo, comme pour Debbie, le sport devient la métaphore d’un choix, d’un combat, qu’ils ont fait tout d’abord pour oublier et se déculpabiliser, avant de comprendre qu’ils ne pouvaient plus vivre dans le souvenir. Le fardeau qui pèse sur leurs épaules saute aux yeux, lorsque le soir, ils partagent un moment privilégié à deux. Le silence, très peu de dialogues, comme dans la série télévisée. Paradoxalement, une voix off se fait entendre plusieurs fois pour souligner les pensées de Théo, comme si le film n’avait pas le temps et qu’il devait utiliser des mots pour ce que Mitsuru Adachi exprime d’habitude, dans ses mangas, par les images. Difficile alors de donner toute leur importance à certaines émotions ou sentiments, comme cette promesse faite par Théo d’emmener Debbie au Kôshien, qui se perd au fil des raccourcis avant de ressurgir dans la dernière scène. 



Personnages sacrifiés


L’évolution des personnages est donc brutale, par à-coups et sans transitions. Enfin, pour nos deux héros principaux. Car le défaut essentiel de ces trois films est d’évincer la plupart des protagonistes de la série, qui ne sont pas moins d’une vingtaine. Ainsi, Adrien (Harada), figure emblématique, incontournable et meilleur ami de Théo, ne fait que des apparitions. Il est assis dans les tribunes aux côtés de Debbie. Rien de plus. Pas une phrase, pas un signe de vie, si l’on peut dire. C’est pourtant l’un des seuls rescapés avec Guy, Boris (Kôtarô) et Frank (Nishimura), puisque Zoé, Stéphane, Maxime, Serge, Cécile ou les Rochefort manquent à l’appel. Le concept de film-synthèse montre alors ses premières limites, et son intérêt avec lui.
Pur produit formel, Le Cadeau d’adieu est une expérience étrange tant pour les aficionados que pour les curieux. Les premiers, qui voudront se replonger avec délectation dans l’ambiance des après-midi de la 5, ne retrouveront qu’à moitié la série de leur enfance. Le design est le même (des grosses oreilles pour tout le monde), mais ils auront du mal à reconnaître leurs héros préférés, même si cette édition a le mérite de reprendre les voix françaises originales. Une légère déception, qui peut même fausser notre souvenir sous la double action du temps (14 ans depuis sa diffusion en France en 1991, et 75 petites minutes pour le présent film). Pour les nouveaux venus, cette entrée en matière dans l’univers de Mitsuru Adachi est quelque peu délicate. Ils en retiendront surtout le dessin si caractéristique, l’obsession du mangaka pour le sport en général, et le base-ball en particulier, mais n’appréhenderont pas à sa juste valeur la fine psychologie dont il peut faire preuve dans ses œuvres. Dernière particularité, le dénouement du film, comme ceux des autres d’ailleurs, se démarque de la série. Choix contestable, dont le seul but est peut-être de surprendre pour surprendre !



Retour vers le futur

Après ces trois long-métrages cinéma, Touch revint sur le petit écran pour deux films spéciaux. Le premier, Miss Lonely Yesterday, se déroule trois ans après la fin de la série. Théo entame sa dernière année universitaire et a abandonné le base-ball. Debbie est devenue une championne reconnue de gymnastique rythmique. Tous les personnages originels de la série sont de la partie, ainsi qu’une nouvelle jeune femme, dont l’arrivée pourrait bien chambouler la relation entre Théo et Debbie. Dans le second, Cross Road, Théo a repris le base-ball et décide de partir aux Etats-Unis pour venir en aide à une équipe américaine, dont l’âge d’or est révolu. Son but sera tout d’abord de s’intégrer à un groupe disparate, puis de lui permettre de continuer à jouer dans la Ligue en remportant un championnat décisif. Encore une fois, les personnages sont présents, ce qui n’empêche pas l’apparition de nouveaux personnages. Deux œuvres pour respectivement deux thèmes fondamentaux de Touch : les sentiments et le sport. Un bon et beau compromis !

Hoagie

commentaires

Ogui

De Ogui [2445 Pts], le 14 Février 2013 à 18h21

Très bon dossier. Les films sont super !

GlassHeart

De GlassHeart [182 Pts], le 13 Février 2013 à 14h28

Touch est une excellente série et je trouve la trilogie de films la résumant très réussie (même si les trois ne forment en fait qu'un seul grand film et sont donc indissociables à mes yeux).

 

J'adore aussi le premier TV Special qui raconte la vie de nos héros quelques années après la fin de la série et l'avenir qu'ils se construisent. Très touchant et très juste.

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