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Dvd Critique - Détective Conan - Film 2

Mardi, 01 Janvier 2013 à 09h00

Glass Heart continue son exploration de l'univers de Détective Conan avec la critique du second film, intitulé La 14ème cible.
 

 
 
Sorti en 1998, La Quatorzième Cible est le deuxième film de la saga cinématographique dérivée de la série animée Détective Conan. Ce nouveau long-métrage est toujours produit par le studio TMS et sa durée avoisine les 1h40.

Ran Mouri, l'amie d'enfance de Shinichi Kudo, fait depuis peu le même rêve étrange où elle voit sa mère se faire tirer dessus. Elle n'arrive pas à en comprendre la signification, mais il se pourrait que ce rêve soit lié à un souvenir oublié. Mais elle n'a pas le temps de s'appesantir là-dessus car elle a organisé le soir même un dîner en famille avec son père Kogoro Mouri, détective privé, et sa mère Eri Kisaki, brillante avocate, sur le lieu de leur premier rendez-vous. C'est l'une de ses nombreuses tentatives pour améliorer les relations entre ses parents dans l'espoir de les revoir se remettre ensemble un jour. Jusque là, toutes ses tentatives ont échoué, et ce soir là ne fait pas exception puisque les penchants de Kogoro pour les jolies jeunes femmes prennent le dessus sur le but initial de cette soirée, laissant Eri fâchée.

Une semaine plus tard, une série d'incidents mystérieux survient. L'inspecteur Megure se fait tirer dessus par un inconnu, Eri Kisaki est victime d'un empoisonnement et le professeur Agasa est visé à son tour par un motard. La police enquête sur ces trois affaires qu'elles pensent liées. Il apparait vite que le suspect principal de cette affaire n'est autre que Jo Murakami, un dangereux meurtrier que Kogoro avait arrêté dix ans plus tôt. Il n'était à l'époque qu'un jeune inspecteur de police et l'affaire devait mettre un terme brutal à sa carrière prometteuse. Après dix années passées derrière les barreaux, Murakami aurait été relâché une semaine plus tôt, rendant très plausible l'hypothèse d'une vengeance à l'égard du détective et de ses proches.

Alors que Kogoro et la police tentent d'identifier les futures cibles potentielles de Murakami, Ran et Conan apprennent de l'inspecteur Shiratori les détails de cette vieille affaire. Ran comprend alors la signification de son rêve et la véritable raison qui avait poussé ses parents à se séparer. Et son père en est le principal fautif. Peut-elle encore lui faire confiance et continuer à espérer pouvoir les réunir en sachant cette vérité ? Conan voit avec tristesse la femme qu'il aime traverser cette phase difficile et il n'est vraiment pas certain de la manière dont il pourrait l'aider.

Ce nouveau film de Détective Conan s'intéresse donc tout spécialement aux liens qui unissent les membres de la famille Mouri. Son scénario part sur l'idée de départ intéressante de vouloir aborder une période encore très floue de la mythologie, à savoir le passé de Kogoro et les raisons qui l'ont poussé à quitter les forces de police et qui ont abouti à sa séparation douloureuse avec Eri. Le film a clairement l'intention de poser sa propre pierre au mythe Détective Conan et on peut dire qu'il y réussit vraiment bien. Les explications apportées ne sont en aucun cas gratuites, elles sont vraiment à la hauteur de ce que les fans pouvaient en espérer, nous révélant un passé dramatique, et on comprend mieux comment les choses ont pu arriver au stade où elles en sont entre les personnages de Kogoro et d'Eri. Un mur continue de se dresser entre eux encore aujourd'hui et le seul lien qui continue à les relier est leur fille Ran. Celle-ci est particulièrement choquée par ces nouvelles découvertes et elle en subit une grande partie des retombées émotionnelles. La psychologie des personnages est pleinement respectée et le film a eu l'idée de génie de lier son histoire à une intrigue récurrente du manga où Ran tente de réconcilier ses parents. Elle qui espérait tellement voir sa famille à nouveau réunie un jour et qui s'est toujours battue pour ce rêve se retrouve pour la première fois en proie au doute, se sentant trahie par son père et ne sachant pas si elle peut à nouveau lui accorder toute sa confiance. Alors que la relation qui les unit est mise en péril, les personnages de Ran et de Kogoro vont être amenés à évoluer durant le film, avec l'espoir de pouvoir repartir de l'avant une fois que tout sera fini.

Ainsi, le film ne se contente pas simplement d'utiliser les personnages du manga pour les mettre au service d'une intrigue, bien au contraire l'intrigue est construite de telle manière qu'ils soient directement concernés par les événements et que ceux-ci aient une résonnance particulière pour eux. Cette nouvelle affaire est par ailleurs une franche réussite. Les fans du manga de Gosho Aoyama retrouveront sans problème l'esprit de la série et c'est certainement le film qui se rapproche le plus de son ambiance. On a ainsi droit à une enquête complexe et travaillée où se mêlent les personnages intrigants, les lieux insolites et les faux semblants. L'affaire est loin d'être aussi facile qu'il n'y parait au premier abord et les indices distillés sont particulièrement discrets, si bien qu'il y a de fortes chances que les spectateurs soient surpris par la teneur des révélations finale, mais l'histoire parvient à rester parfaitement cohérente d'un bout à l'autre.

Le film se compose de deux grandes parties. La première est l'enquête à proprement parler où l'affaire nous est introduite et où on voit les personnages commencer à s'intéresser aux motivations du suspect et aux personnes qu'il pourrait attaquer par la suite. Kogoro doit ainsi passer en revue l'ensemble de ses relations, certaines pouvant devenir des victimes potentielles du tueur. La seconde partie, quant à elle, réunit l'ensemble des cibles restantes dans un lieu insolite (un restaurant sous-marin) où le tueur a décidé d'en finir avec eux. La dynamique du film change alors: les victimes sont à présent connues et on sait que Murakami va s'attaquer à chacune d'entre elles à tour de rôle. La question est plutôt de savoir comment le meurtrier va s'y prendre pour tenter les tuer alors que tous les personnages sont pris au piège dans un environnement fermé. Malgré les efforts de Kogoro et de l'inspecteur Shiratori, Murakami demeure introuvable et ses agressions se font de plus en plus terrifiantes. Le seul moyen de s'en sortir est de parvenir à comprendre les méthodes du tueur et ses motivations.

L'ambiance du film est résolument sombre. L'atmosphère est proche de celle d'un thriller avec une dimension enquête particulièrement présente et le film répond certainement beaucoup mieux aux attentes des fans de Détective Conan que ne le faisait le premier opus. Toutefois, il n'est pas pour autant exempt de défauts et, à ce niveau, le plus gênant est certainement le degré de violence qui reste un peu trop relatif. Pour une intrigue qui traite de meurtres en série, on s'attend bien sûr à ce qu'il y ait des morts, pas mal de morts. Alors qu'en réalité, il y en a très peu dans ce film et ces meurtres ont le plus souvent lieu en hors-champ ou alors ils nous sont davantage suggérés que directement montrés. Alors que le titre du film nous annonce pas moins de quatorze meurtres, la plupart des personnages parviennent en fait à en réchapper de justesse. Pas terrible ! Le pire, c'est que le meurtrier n'en reste pas moins un individu terrifiant et dangereux, mais cette absence relative de violence ne contribue pas vraiment à donner corps à la menace qu'il incarne.

Cela étant dit, il est important de préciser que le film remplit aussi son quota de scènes d'action spectaculaires (peut-être même un peu "too much" par moments). Celles-ci s'avèrent particulièrement utiles dans cet opus puisqu'elles représentent les tentatives du tueur pour avoir ses cibles. Le criminel fait dans le grand spectacle et les personnages se retrouvent à devoir faire face à des situations de plus en plus périlleuses où il leur faudra faire preuve d'un grand sang-froid pour se sortir d'affaire. La dernière demi-heure est particulièrement intense en terme d'action, le coupable n'étant pas du genre à se laisser arrêter facilement et faisant volontiers dans la démesure pour échapper à la police. Il faudra tous les efforts de Conan et de Kogoro pour le mettre hors d'état de nuire une bonne fois pour toutes, mais la moindre erreur de jugement pourrait leur devenir fatale.

Dans l'ensemble, la réalisation est d'un très bon niveau, arrivant notamment à dégager toute la tension et la frénésie possibles de ces scènes d'action qui sont véritablement spectaculaire. L'animation, quant à elle, est à peu près du même niveau que celle du précédent film (peut-être juste légèrement supérieure), à savoir qu'elle reste très similaire à celle de la série télé avec son style graphique et ses character-designs assez particuliers, mais que l'ensemble est plus travaillé et bien mieux "animé".

En ce qui concerne les musiques, elles restent dans la droite lignée de ce qu'on peut entendre dans la série avec simplement l'apparition de quelques nouveaux thèmes pour coller davantage avec l'ambiance sombre du film et qui y sont en plus brillamment employés.

Au niveau du doublage, le film nous est proposé en version française et en version japonaise sous-titrée. Les fans préféreront certainement la version japonaise qui reprend l'ensemble du casting de la série, lequel est toujours aussi convaincant. Quant à la version française, elle est malheureusement bâclée et sans saveur particulière, ce qui pourrait nuire de manière assez importante au plaisir de l'immersion du spectateur dans l'ambiance du film et dans sa tension. Dès lors, je conseille plutôt de privilégier la version japonaise pour la découverte.

Concernant l'édition de Kazé, elle est toujours de qualité honorable. Le film nous est proposé en format 16/9 et les deux pistes audio sont en 2.0. L'image comme le son sont de qualité satisfaisante et les menus sont plutôt agréables à parcourir avec des illustrations sympathiques et un accompagnement musical agréable (le thème du générique de fin). Une bonne édition dans l'ensemble.

En guise de supplément à cette édition, on trouve un petit livret d'une vingtaine de pages, lequel nous présente les nouveaux personnages introduits dans ce film (Eri Kisaki et son assistante Midori Kuriyama) ainsi que les personnages qui ont spécialement été crées pour cette histoire. On y trouve aussi une présentation assez complète des différentes inventions du professeur Agasa dont Conan se sert dans la série. En guise de conclusion, on trouve dans les dernières pages des compléments d'informations sur la culture japonaise et sur la langue afin de mieux comprendre certains éléments du film. Ce livret est donc à mettre en complément avec celui du premier film et il pourra s'avérer utile pour ceux qui ne connaissent pas encore trop bien l'univers de Détective Conan.

Pour conclure, ce deuxième film de Détective Conan est dans l'ensemble très réussi. L'histoire est intéressante, le suspense est prenant, les personnages ont rarement été aussi bien employés dans une intrigue de film et on découvre même certaines révélations réussies sur la mythologie du manga, de quoi plaire aux fans de l’œuvre originale. Plus sombre, plus complexe et plus humain, La Quatorzième Cible rattrape les erreurs du premier film et permet de lancer enfin pleinement la saga cinématographique de Détective Conan. Un incontournable pour les fans, et surtout un très bon film même si le meilleur reste encore à venir !
 

commentaires

GlassHeart

De GlassHeart [182 Pts], le 01 Janvier 2013 à 15h34

Ce n'est pas non plus un de mes films préférés de la saga, mais le film en lui-même est vraiment très réussi.

 

Après, mon film préféré de la saga personnellement, c'est Mémoire Assassine (vraiment fabuleux, celui-là), et je préfère aussi d'autres films comme Quinze Minutes de Silence ou Le Magicien de la Fin du Siècle. Mais c'est surtout que la saga est généralement d'un excellent niveau avec beaucoup de films très réussis.

Theranlove2

De Theranlove2 [4038 Pts], le 01 Janvier 2013 à 14h27

Quant à la version française, elle est malheureusement bâclée et sans saveur particulière, ce qui pourrait nuire de manière assez importante au plaisir de l'immersion du spectateur dans l'ambiance du film et dans sa tension. <== Je confirme, à l'époque où j'ai vu ce film pour la première fois, je ne parlais pas encore japonais et je n'aimais pas lire les sous-titres. La VF m'a répugné du film au plus haut point et encore aujourd'hui, je haïs Kazé pour le travail fait sur ces films absolument pitoyable.

Pour parler de la critique dans l'ensemble elle est correcte d'après moi, le film nous plonge dans l'histoire et on en ressort heureux des passages que les fans de la série attendent. Après, en comparaison des 16 autres films de cette série, il n'est pas dans mon top 10.

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