Ciné-Asie Critique - The Blade
Voici la chronique de Rogue Aerith consacrée à l'édition DVD collector de The Blade, film réalisé par Tsui Hark en 1995.
Ding On (Chiu Man-Cheuk, appelé aussi Vincent Zhao) et Tête d'acier (Moses Chan) sont deux employés dans une fabrique de sabres. Ils conçoivent les armes pour des conflits auxquels ils ne participent pas, leur maître leur interdisant tout recours à la violence, ce qui insupporte Tête d'acier. Les deux jeunes forgerons ont les faveurs de la fille du maître, Siu Ling. Celle-ci cherche à organiser en secret un affrontement entre les deux hommes, dont le vainqueur deviendra son amant. Mais rien ne va se passer comme prévu. Un moine bouddhiste est en effet agressé en ville par des brigands, et peu après, Ding On apprend que son père fût assassiné par un combattant tatoué redoutable (Hung Yan Yan). Ces événements vont bouleverser l'unité et la tranquillité de la fabrique.
Qualifié de film de kung-fu terminal et apothéose d'un genre en perdition dans les années 1990 après avoir été sucé commercialement jusqu'à la moelle, le fameux « wu xia pian » (film de sabre chinois), « The Blade » a été érigé au rang de film culte. Cette étiquette, abondamment utilisée par les initiés à un genre cinématographique pour bien faire comprendre aux profanes qu'ils ne peuvent pas comprendre la puissance intrinsèque d'un film, est souvent fallacieuse. Elle cache la plupart du temps des oeuvres très surestimées qui ne méritent clairement pas les louanges, et qui tombent de toute façon dans l'oubli puisqu'elles ne sont vénérées que par un groupe de fans, dits inconditionnels, mais justement trop conditionnés par leur amour aveugle vis-à-vis d'un genre. « The Blade » mérite-t-il donc son statut ? Incontestablement, oui. Cependant, il ne pourra être pleinement apprécié que par des connaisseurs, démarche que je n'ai pas pour habitude de cautionner mais qui m'apparaît en l'occurrence évidente. Les spectateurs ne connaissant pas les codes et l'histoire du wu xia pian risqueraient en effet de trouver « The Blade » beaucoup trop conventionnel, alors qu'il ne l'est pas. Le film de Tsui Hark se destine avant tout aux cinéphiles avertis, de par sa mise en scène sophistiquée sous ses airs brouillons et son scénario faussement classique. Difficile d'émettre une critique objective, puisque je me situe dans la catégorie intermédiaire des spectateurs connaissant et appréciant une bonne trentaine de films du genre, sans aller jusqu'à porter mon attention sur le millier de films appartenant ou se rapprochant du wu xia pian, d'autant que ce genre serait le dérivé selon beaucoup de spécialistes d'un genre voisin, le chambara japonais.
La trame principale est simpliste : un quatuor voire quintet amoureux, un secret, un destin brisé, un corps mutilé... une vengeance. Oui mais voilà : ce scénario a priori banal est multi-référentiel, renvoyant à des dizaines d'autres oeuvres. C'est bien pour cela que « The Blade » a été qualifié de film de sabre « terminal ». Soit il s'appuie sur ce qui est passé avant lui, se l'approprie et le transcende, soit il casse les codes pour en inventer de nouveaux. Vous comprenez maintenant pourquoi une connaissance du genre est indispensable pour bien saisir les enjeux de ce nouveau film de Tsui Hark. Mais s'il n'y avait que cela... « The Blade » se distingue aussi par une mise en scène remplie d'idées jamais vues dans le wu xia pian, ainsi que sur une symbolique très poussée.
Du côté des références, on retrouve évidemment la trilogie du sabreur manchot originale de Chang Cheh, mais aussi le western américain (!) et énormément de sources nippones, telles Zatoichi, Baby Cart et les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa. En piochant dans une sorte de culture commune à la Chine et au Japon, puisque les deux pays sont friands des films de sabre, Tsui Hark signe un beau rapprochement entre deux nations qui ne s'apprécient pas.
En termes de symbolique, « The Blade » est aussi métaphorique que l'étaient les films de la trilogie du sabreur manchot. Ces métaphores interviennent dès les premières minutes. Le film débute en effet par un étonnant monologue féminin en voix off portant sur le champ de l'emprise, une notion inconnue en Occident, sans doute issue de la culture asiatique (bouddhisme, confucianisme ou autres, je ne saurai vous le dire). Cette touche mystique ne trouvera un sens qu'en toute fin de film, deux heures après. Il y a aussi tout ce qui touche à la sexualité (la mutilation d'un bras d'un personnage, égale à la castration), et surtout, la symbolique autour de l'épée brisée. Cela n'est pas un hasard si le film s'appelle « The Blade ». L'épée héritée d'un père défunt tient une place prépondérante dans le film. Et si Tsui Hark n'est pas complètement parvenu à filmer ce qu'il voulait (il nous précise dans les bonus avoir voulu se concentrer sur l'épée plus que sur les personnages eux-mêmes), l'importance de cette lame abîmée est évidente. L'objet, plutôt que les personnages, au centre d'un wu xia pian, c'est un nouveau code en soi. La symbolique ne s'arrête clairement pas là, et on ne saurait que trop vous conseiller de préférer l'édition DVD collector limitée plutôt que l'édition simple afin de pouvoir mettre la main sur l'excellent livret explicatif, sur lequel on reviendra.
Car il faut maintenant traiter de la mise en scène, le point le plus controversé de « The Blade ». Tsui Hark a conçu « The Blade » avec un objectif : filmer dans un style documentaire ultra-réaliste, dit « cinéma-vérité ». Cela consiste en un cadrage improvisé, fait de caméras à l'épaule célèbres pour donner la nausée à certains spectateurs (à la Paul Greengrass, réalisateur des premiers Jason Bourne) et de séquences hors-champ. Il n'est pas rare que la caméra ne suive plus du tout les personnages, pour les retrouver quelques secondes plus tard, ou encore qu'elle s'attarde sur d'autres parties du corps que le visage. Cela a d'ailleurs beaucoup déstabilisé les acteurs, Tsui Hark leur répétant de jouer sans faire attention à la caméra. Il en ressort une mise en scène volontairement brouillonne, à la limite de l'expérimental. Or, celle-ci est très intéressante, car elle accentue le caractère authentique des décors et des situations et la sauvagerie des combats. « The Blade » est en effet connu pour la brutalité de ses joutes. Les chorégraphies martiales, contrairement à une trop large majorité des films wu xia pian, ne comprennent aucun combat avec câbles. Les affrontements ont lieu au sol, sans trucages, ce qui met en avant la violence des coups portés. Cette mise en scène a d'ailleurs été très éprouvante pour les acteurs, les coups non feints et les cascades sans protection ayant abouti à pas mal de blessures, voire des KO. La mise en scène a priori brouillonne ne plaira donc pas à tout le monde, mais elle a pour atout majeur de produire l'effet escompté : un réalisme des situations et une brutalité des combats rarement atteinte. De l'aveu-même de Tsui Hark et de son coscénariste, « The Blade » serait d'ailleurs l'anti-Cendres du temps de Wong Kar-Wai. Là où Tsui Hark a choisi un wu xia pian instantané, sec, bestial, Wong Kar-Wai est tombé dans une mise en scène raffinée à outrance (et un peu trop alambiquée d'ailleurs, on vous renvoie à la chronique concernée).
Venons-en aux aspects qui fâchent. La bande-son, si elle est excellente au niveau des musiques, est totalement ratée du point de vue des bruitages, manquant totalement de réalisme (un comble), façon piste audio des films de la Shaw Brothers des années 1980. Autre point à critiquer : si la symbolique et les références sont extrêmement travaillées, la psychologie des personnages n'est pas foncièrement approfondie, et les prestations des acteurs sont très bonnes mais pas extraordinaires. Lorsqu'on voit la performance de Vincent Zhao, on se demande néanmoins pourquoi cet acteur n'a pas plus percé (manque de charisme ou emprisonnement dans le star system ?). On apprécie aussi le jeu bourru de Moses Chan et sa voix grave, qui rentre parfaitement dans son personnage sauvage. Enfin, notons la performance de Hung Yan Yan, que tout le monde reconnaîtra, doublure (et sosie) de Jet Li.
Le coffret collector limité et numéroté de HK Video est certainement l'une des plus belles éditions d'un film asiatique parue à ce jour en France. On retiendra la douzaine de carte postale superbes, mais surtout un livret passionnant et très complet retraçant l'histoire du wu wia pian (oui, rien que ça) pour mieux nous expliquer l'apport de « The Blade » au genre, et s'attardant évidemment sur les nombreuses références et métaphores du film : un excellent travail de la part des journalistes. Quant au DVD bonus, il n'est malheureusement pas rempli à ras-bord. On aurait apprécié un making-of, et l'édition aurait alors été parfaite. Comprenant des interviews (assez longues, merci !) de Tsui Hark, du coscénariste et de Hung Yan-Yan, on apprend dans ce DVD bonus beaucoup de choses. Cela va de la personnalité de Tsui Hark, sévère vis-à-vis de Vincent Zhao, qu'il critique pour son comportement de star pendant le tournage au détriment des conseils donnés, à des explications pour comprendre l'échec du film au box-office (trop brutal, sans concessions et sorti quelques mois avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine, alors que les spectateurs étaient demandeurs de films amenant à la détente). On apprend aussi pas mal de choses très personnelles par rapport à Tsui Hark (son cinéaste préféré ? Akira Kurosawa).
Film ultra-référentiel et métaphorique à n'en plus finir, fort d'une mise en scène réaliste issue du « cinéma-vérité », « The Blade » est à réserver à un public de cinéphiles avertis, les autres ne pouvant saisir son ampleur. Ce manque d'accessibilité, couplé à une psychologie des personnages défaillante et une narration pas aussi révolutionnaire que prévue, empêche le film de Tsui Hark de se hisser au plus haut niveau. Mais « The Blade » reste incontestablement un film culte, brillant d'inventivité et très soigné sur beaucoup d'aspects.
Ding On (Chiu Man-Cheuk, appelé aussi Vincent Zhao) et Tête d'acier (Moses Chan) sont deux employés dans une fabrique de sabres. Ils conçoivent les armes pour des conflits auxquels ils ne participent pas, leur maître leur interdisant tout recours à la violence, ce qui insupporte Tête d'acier. Les deux jeunes forgerons ont les faveurs de la fille du maître, Siu Ling. Celle-ci cherche à organiser en secret un affrontement entre les deux hommes, dont le vainqueur deviendra son amant. Mais rien ne va se passer comme prévu. Un moine bouddhiste est en effet agressé en ville par des brigands, et peu après, Ding On apprend que son père fût assassiné par un combattant tatoué redoutable (Hung Yan Yan). Ces événements vont bouleverser l'unité et la tranquillité de la fabrique.
Qualifié de film de kung-fu terminal et apothéose d'un genre en perdition dans les années 1990 après avoir été sucé commercialement jusqu'à la moelle, le fameux « wu xia pian » (film de sabre chinois), « The Blade » a été érigé au rang de film culte. Cette étiquette, abondamment utilisée par les initiés à un genre cinématographique pour bien faire comprendre aux profanes qu'ils ne peuvent pas comprendre la puissance intrinsèque d'un film, est souvent fallacieuse. Elle cache la plupart du temps des oeuvres très surestimées qui ne méritent clairement pas les louanges, et qui tombent de toute façon dans l'oubli puisqu'elles ne sont vénérées que par un groupe de fans, dits inconditionnels, mais justement trop conditionnés par leur amour aveugle vis-à-vis d'un genre. « The Blade » mérite-t-il donc son statut ? Incontestablement, oui. Cependant, il ne pourra être pleinement apprécié que par des connaisseurs, démarche que je n'ai pas pour habitude de cautionner mais qui m'apparaît en l'occurrence évidente. Les spectateurs ne connaissant pas les codes et l'histoire du wu xia pian risqueraient en effet de trouver « The Blade » beaucoup trop conventionnel, alors qu'il ne l'est pas. Le film de Tsui Hark se destine avant tout aux cinéphiles avertis, de par sa mise en scène sophistiquée sous ses airs brouillons et son scénario faussement classique. Difficile d'émettre une critique objective, puisque je me situe dans la catégorie intermédiaire des spectateurs connaissant et appréciant une bonne trentaine de films du genre, sans aller jusqu'à porter mon attention sur le millier de films appartenant ou se rapprochant du wu xia pian, d'autant que ce genre serait le dérivé selon beaucoup de spécialistes d'un genre voisin, le chambara japonais.
La trame principale est simpliste : un quatuor voire quintet amoureux, un secret, un destin brisé, un corps mutilé... une vengeance. Oui mais voilà : ce scénario a priori banal est multi-référentiel, renvoyant à des dizaines d'autres oeuvres. C'est bien pour cela que « The Blade » a été qualifié de film de sabre « terminal ». Soit il s'appuie sur ce qui est passé avant lui, se l'approprie et le transcende, soit il casse les codes pour en inventer de nouveaux. Vous comprenez maintenant pourquoi une connaissance du genre est indispensable pour bien saisir les enjeux de ce nouveau film de Tsui Hark. Mais s'il n'y avait que cela... « The Blade » se distingue aussi par une mise en scène remplie d'idées jamais vues dans le wu xia pian, ainsi que sur une symbolique très poussée.
Du côté des références, on retrouve évidemment la trilogie du sabreur manchot originale de Chang Cheh, mais aussi le western américain (!) et énormément de sources nippones, telles Zatoichi, Baby Cart et les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa. En piochant dans une sorte de culture commune à la Chine et au Japon, puisque les deux pays sont friands des films de sabre, Tsui Hark signe un beau rapprochement entre deux nations qui ne s'apprécient pas.
En termes de symbolique, « The Blade » est aussi métaphorique que l'étaient les films de la trilogie du sabreur manchot. Ces métaphores interviennent dès les premières minutes. Le film débute en effet par un étonnant monologue féminin en voix off portant sur le champ de l'emprise, une notion inconnue en Occident, sans doute issue de la culture asiatique (bouddhisme, confucianisme ou autres, je ne saurai vous le dire). Cette touche mystique ne trouvera un sens qu'en toute fin de film, deux heures après. Il y a aussi tout ce qui touche à la sexualité (la mutilation d'un bras d'un personnage, égale à la castration), et surtout, la symbolique autour de l'épée brisée. Cela n'est pas un hasard si le film s'appelle « The Blade ». L'épée héritée d'un père défunt tient une place prépondérante dans le film. Et si Tsui Hark n'est pas complètement parvenu à filmer ce qu'il voulait (il nous précise dans les bonus avoir voulu se concentrer sur l'épée plus que sur les personnages eux-mêmes), l'importance de cette lame abîmée est évidente. L'objet, plutôt que les personnages, au centre d'un wu xia pian, c'est un nouveau code en soi. La symbolique ne s'arrête clairement pas là, et on ne saurait que trop vous conseiller de préférer l'édition DVD collector limitée plutôt que l'édition simple afin de pouvoir mettre la main sur l'excellent livret explicatif, sur lequel on reviendra.
Car il faut maintenant traiter de la mise en scène, le point le plus controversé de « The Blade ». Tsui Hark a conçu « The Blade » avec un objectif : filmer dans un style documentaire ultra-réaliste, dit « cinéma-vérité ». Cela consiste en un cadrage improvisé, fait de caméras à l'épaule célèbres pour donner la nausée à certains spectateurs (à la Paul Greengrass, réalisateur des premiers Jason Bourne) et de séquences hors-champ. Il n'est pas rare que la caméra ne suive plus du tout les personnages, pour les retrouver quelques secondes plus tard, ou encore qu'elle s'attarde sur d'autres parties du corps que le visage. Cela a d'ailleurs beaucoup déstabilisé les acteurs, Tsui Hark leur répétant de jouer sans faire attention à la caméra. Il en ressort une mise en scène volontairement brouillonne, à la limite de l'expérimental. Or, celle-ci est très intéressante, car elle accentue le caractère authentique des décors et des situations et la sauvagerie des combats. « The Blade » est en effet connu pour la brutalité de ses joutes. Les chorégraphies martiales, contrairement à une trop large majorité des films wu xia pian, ne comprennent aucun combat avec câbles. Les affrontements ont lieu au sol, sans trucages, ce qui met en avant la violence des coups portés. Cette mise en scène a d'ailleurs été très éprouvante pour les acteurs, les coups non feints et les cascades sans protection ayant abouti à pas mal de blessures, voire des KO. La mise en scène a priori brouillonne ne plaira donc pas à tout le monde, mais elle a pour atout majeur de produire l'effet escompté : un réalisme des situations et une brutalité des combats rarement atteinte. De l'aveu-même de Tsui Hark et de son coscénariste, « The Blade » serait d'ailleurs l'anti-Cendres du temps de Wong Kar-Wai. Là où Tsui Hark a choisi un wu xia pian instantané, sec, bestial, Wong Kar-Wai est tombé dans une mise en scène raffinée à outrance (et un peu trop alambiquée d'ailleurs, on vous renvoie à la chronique concernée).
Venons-en aux aspects qui fâchent. La bande-son, si elle est excellente au niveau des musiques, est totalement ratée du point de vue des bruitages, manquant totalement de réalisme (un comble), façon piste audio des films de la Shaw Brothers des années 1980. Autre point à critiquer : si la symbolique et les références sont extrêmement travaillées, la psychologie des personnages n'est pas foncièrement approfondie, et les prestations des acteurs sont très bonnes mais pas extraordinaires. Lorsqu'on voit la performance de Vincent Zhao, on se demande néanmoins pourquoi cet acteur n'a pas plus percé (manque de charisme ou emprisonnement dans le star system ?). On apprécie aussi le jeu bourru de Moses Chan et sa voix grave, qui rentre parfaitement dans son personnage sauvage. Enfin, notons la performance de Hung Yan Yan, que tout le monde reconnaîtra, doublure (et sosie) de Jet Li.
Le coffret collector limité et numéroté de HK Video est certainement l'une des plus belles éditions d'un film asiatique parue à ce jour en France. On retiendra la douzaine de carte postale superbes, mais surtout un livret passionnant et très complet retraçant l'histoire du wu wia pian (oui, rien que ça) pour mieux nous expliquer l'apport de « The Blade » au genre, et s'attardant évidemment sur les nombreuses références et métaphores du film : un excellent travail de la part des journalistes. Quant au DVD bonus, il n'est malheureusement pas rempli à ras-bord. On aurait apprécié un making-of, et l'édition aurait alors été parfaite. Comprenant des interviews (assez longues, merci !) de Tsui Hark, du coscénariste et de Hung Yan-Yan, on apprend dans ce DVD bonus beaucoup de choses. Cela va de la personnalité de Tsui Hark, sévère vis-à-vis de Vincent Zhao, qu'il critique pour son comportement de star pendant le tournage au détriment des conseils donnés, à des explications pour comprendre l'échec du film au box-office (trop brutal, sans concessions et sorti quelques mois avant la rétrocession de Hong Kong à la Chine, alors que les spectateurs étaient demandeurs de films amenant à la détente). On apprend aussi pas mal de choses très personnelles par rapport à Tsui Hark (son cinéaste préféré ? Akira Kurosawa).
Film ultra-référentiel et métaphorique à n'en plus finir, fort d'une mise en scène réaliste issue du « cinéma-vérité », « The Blade » est à réserver à un public de cinéphiles avertis, les autres ne pouvant saisir son ampleur. Ce manque d'accessibilité, couplé à une psychologie des personnages défaillante et une narration pas aussi révolutionnaire que prévue, empêche le film de Tsui Hark de se hisser au plus haut niveau. Mais « The Blade » reste incontestablement un film culte, brillant d'inventivité et très soigné sur beaucoup d'aspects.
De IchigoSan [998 Pts], le 23 Juillet 2012 à 18h45
Excellent chronique