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Dvd Critique - Animatrix

Lundi, 07 Mai 2012 à 11h00

Cette semaine, Luciole21 réétudie le projet Animatrix, série de courts-métrages d'animation à suivre en parallèle de la célèbre trilogie cinématographique des frères Wachowski, réunissant quelques grands noms de l'animation japonaise.
    
    
     
Animatrix regroupe neuf court-métrages d'animation servant à développer l'univers de la trilogie Matrix. Ces OAV, sorti en 2002 (juste avant Matrix Reloaded et Matrix Revolutions), est le fruit d'une collaboration entre Américains et Japonais, d'une fusion de différents styles narratifs comme techniques. 
   
Prenons tout d'abord la peine de présenter rapidement l'univers de Matrix, pour ceux qui seraient passés à côté : Le monde tel que nous le connaissons n'est qu'un rêve collectif nommé matrice. Dans la réalité, les êtres humains ont il y a longtemps perdu la guerre les opposant aux machines et sont depuis cultivés dans des cocons et maintenus en transe dans un monde virtuel (le nôtre) pour produire de l’énergie aux machines. Certains individus parviennent à quitter la matrice pour rejoindre le monde réel : Thomas A. Anderson, ou Néo, est l'un d'eux, il est appelé dans le monde réel pour libérer la race humaine du joug des machines.
   
Le premier court métrage, « Le dernier vol de l'Osiris », fait partie intégrante de la trame principale de l’œuvre puisqu'en effet, elle annonce l'attaque des sentinelles sur Zion, qui est la capitale de la résistance face aux machines (elle introduit donc le film 2). L'équipage de l'Osiris est témoin du rassemblement des machines au dessus de Zion et tente donc de prévenir la capitale du danger qui la guette, tout en évitant de se faire détruire par les sentinelles qui les poursuivent. L'histoire se centre en particulier autour du capitaine de l'Osiris, Thadeus, et de sa compagne, Jue (ceux-ci étant seulement évoqués dans le film 2). L'histoire est très pessimiste, très sombre le titre même laisse deviner le ton. L’intérêt de ce court- métrage est d'une part d'introduire l'histoire du film 2, mais également de faire la démonstration d'une 3D déjà bluffante. Sortie il y a 10 ans, elle n'a rien à envier aux films d'animations actuels, avec son réalisme à couper le souffle. Les développeurs ne lésinent pas sur les moyens et exploitent au maximum les effet de la 3D, pour mettre en scène des combats à l'intérieur de la matrice d'une qualité rare. On doit cette qualité exceptionnelle au studio Square Enix, à l'origine du film en images de synthèse Final Fantasy, Les Créatures de L'esprit un an plus tôt (et quelques années plus tard Final Fantasy VII Advent Children).
   
Les court-métrages 2 et 3 se suivent dans l'intrigue de l'histoire de La Seconde Renaissance. Ces deux courts métrages retracent l'histoire de l'humanité et des machines : comment ils ont vécu en harmonie, comment ils ont entrés en guerre, comment les machines ont triomphé. C'est là l'intérêt principal d'Animatrix. Le sujet, bien que traité de façon très classique, est des plus passionnants. Si chacun sait comment va finir cette guerre, on se met à espérer une fin meilleure à chaque visionnage, on comprend les machines, qui ont tout fait pour préserver la paix, puis on en a peur, voyant les traitements qu'elles infligent aux êtres humains. Au final, les hommes s'avèrent être responsables de leur propre destruction. Les références historiques parsèment les deux court-métrages, en particulier la dictature et les massacres en Corée et en Chine. On doit la réalisation au Studio 4°C et plus particulièrement à Mahiro Maeda qui a notamment travaillé sur l'animation du Château dans le ciel, de Porco Rosso ou encore des séquences animées de Kill Bill. Le style graphique est assez classique, parfois absurde, mettant parfaitement en valeur le côté sombre du scénario. 
     
Le troisième court-métrage, « L'Histoire de Kid », fait lui aussi partie intégrante de l'histoire des films puisqu'elle narre comment Kid (qui apparaît dans Matrix Reloaded et Matrix revolutions) fut contacté par Néo avant de s'éveiller dans le monde réel. Assez peu intéressant en lui-même, il est surtout nécessaire de le restituer dans le contexte de la trame principale des films. Réalisé par Shin'ichirō Watanabe, à qui l'on doit Cowboy Bebop et Samurai Champloo, l'animation semble être faite « à la main », comme au crayonné, il en résulte quelque chose de très dynamique, en mouvement perpétuel, surréaliste et déformé. 
    
A noter que si la réalisation des quatre premiers court-métrages a été confiée à différentes personnes, chacun a été scénarisé par Andy et Lana Wachowski, les créateurs de Matrix. 
   
Le cinquième court métrage, « Programme », met en scène un dilemme face auquel il est fréquent de se retrouver dans l'univers de Matrix : Duo, le capitaine d'un vaisseau de Zion, demande à Cis, sa compagne, de trahir Zion pour retrouver la vie ignorante mais tranquille de la matrice. Le dilemme posé à Cis n'est pas très développé et sert surtout de prétexte à des combats de samouraï dans une application de la matrice. Elle permet également d'introduire des dialogues qui font la part belle aux sentiments et à la romance. La chute, imprévisible et brutale, déçoit presque, après tant de poésie. Scénarisé et réalisé par Yoshiaki Kawajiri, ayant travaillé entre autre sur l'anime de Shigurui ou encore sur Redline plus récemment, cet opus est visuellement très beau, utilisant à la fois la 2D et la 3D, en s'inspirant de l'art des estampes japonaises. Le trait est très fin et les combats n'en sont que plus époustouflants. 
    
Dan Davis, bien que blessé, décide de participer à l'ultime course qui le sépare du titre de champion, l'effort surhumain qu'il fera lui permettra t-il de s'éveiller dans le monde réel ? Tel est le synopsis de « Record du Monde », le sixième court-métrage. Les couleurs sombres et très contrastées ainsi que le travail sur les mouvements et les muscles, sur-exagérés, confèrent à cet épisode une atmosphère de pesanteur très lourde, très oppressante : irréaliste tout en étant très parlant. C'est à Takeshi Koike que l'on doit cette animation des plus originales (animation de Card captor Sakura, Afro samurai, Texhnolyze...), faite entièrement en 2D, sans aucune image de synthèse. 
    
« Au delà », le septième des OAV autour de Matrix, offre un contraste saisissant avec les autres épisodes. Yoko est une jeune fille qui à perdu son chat. En le cherchant, elle va se retrouver dans une vieille maison abandonnée ou une bande d'enfants jouent. Ici, les règles de notre monde ne sont pas admises, suite à un bug de la matrice, cette zone a sa propre pesanteur, sa propre temporalité. Ni dans la matrice, ni dans la réalité, cette zone hors du temps n'est qu'un terrain de jeux pour Yoko et les enfants. Très joyeux, très coloré, disposant de décors très fouillés, cet OAV passe lentement, trop lentement. En effet, une fois l'amusement dû à l'étrange apesanteur de la vieille battisse, on s’ennuie plutôt de cet épisode qui n'apporte finalement pas grand chose à l'univers de Matrix. Le tout traîne en longueur malgré toute la bonne volonté de Kōji Morimoto qui a pourtant travaillé sur des projets comme Akira ou Kiki la petite sorcière. Le style graphique quant à lui est très proche de l'animation japonaise « classique ».
    
Un détective est chargé de retrouver un pirate informatique nommé Trinity mais s’aperçoit que cette mission est bien plus dangereuse que prévu. Le huitième court- métrage a été scénarisé et réalisé une fois de plus par Shin'ichirō Watanabe, et ça se voit. « Une histoire de détective » se déroule dans les année 50 et a une atmosphère très « Cowboy Bebop », Jazz, détective au caractère très semblable à celui de Spike, drame, tout y est...Trinity et l'agent Smith viennent tout de même nous rappeler que nous sommes dans Animatrix. Le but de ce court-métrage est de montrer la frontière, très fine, entre la matrice et le monde réel, le détective pourrait à tout moment passer de l'autre côté mais ne le fait jamais. Le style adopté, en noir et blanc avec des touches de couleur à certains endroits bien particuliers (cf Pluto édition deluxe), l'immersion entre la matrice et les années 50 est un succès : un épisode calme, cynique et passionnant. 
    
Neuvième et dernier épisode, « Matriculé » a le mérite d'être original, bien que laissant le spectateur perplexe. Et si un robot se retrouvait dans le rêve d'un être humain ? Une sorte d'anti-matrice en définitive. Très psychédélique, très abstrait, cet épisode ou une bande d'humains du monde réel tentent de rallier une machine à leur cause à travers un programme qui a tout d'un rêve. Cet épisode est le plus métaphorique de tous, mais chacun peut y aller de son interprétation personnelle, il s'avère donc finalement plutôt accessible. Malgré tout, il reste assez anecdotique, c'est surtout hypnotisant, mais rien de bien passionnant au niveau du scénario. Réalisé par Peter Chung (Æon Flux), les personnages ont des membres très longs et fins, des visages atypiques on notera également un gros travail sur le design du robot, à la fois menaçant et drôle, on fini par l'apprécier. 
   
    
Côté édition, Warner Bros nous gâte. Si les sous-titres français sont peu convaincants (la seule autre langue disponible est l'anglais mais est de très bonne qualité) les bonus sont eux, à la hauteur de nos attentes, si ce n'est plus : Les commentaires des auteurs, un dossier sur la création du jeux video « Enter the Matrix », un making-of de près d'une heure et un reportage sur l'histoire de l'animation (en particulier japonaise). De quoi répondre à toutes les questions concernant la réalisation.
    
Pour finir, Animatrix atteint parfaitement son but, à savoir développer l'univers de Matrix. Toujours beau, souvent pessimiste, délicieusement psychologique, les fans de la trilogie se régaleront à n'en pas douter. On pourra seulement reprocher à ces OAV le fait qu'ils sont finalement assez peu accessibles à quiconque ne connaîtrait pas l’œuvre mère. Pour réfléchir, pour se faire plaisir ou pour se délecter d'un level design des plus varié, Animatrix demeure une réussite sur de nombreux plans. 
   
   


© by 2003. Warner Bros. Pictures / Warner Home Video

commentaires

Kimi

De Kimi [3395 Pts], le 08 Mai 2012 à 16h08

Très bonne chro!nique Lulu! Étant fan Matrix j'avais adoré, par conséquent, Animatrix à l'époque. ^___^

motoko83

De motoko83 [2006 Pts], le 08 Mai 2012 à 10h50

Bonne critique... Ces courts métrages sont vraiment très complémentaires et font bien avancer notre compréhension de l'univers "MATRIX"

Kamineko

De Kamineko [203 Pts], le 07 Mai 2012 à 17h08

Ouais mais en même temps moi je trouve Animatrix milles fois supérieur à n'importe lequel des films de la saga aussi bien niveau mis en scène que scénar

Les talents engagé pour Animatrix dépasse largement celui des frères Wachowsky et ça se ressent même si ils ont participé aux scénarii

Einah

De Einah [4313 Pts], le 07 Mai 2012 à 11h54

J'avais bien aimé Animatrix, je te rejoins sur ce que tu dis dans ta chronique. Si on ne connait pas Matrix, on peut buter sur certains éléments.

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