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Ciné-Asie Critique - Oasis

Lundi, 13 Février 2012 à 09h52

Voici la chronique de Kimi consacrée au film Oasis de Lee Chang-Dong !
 

 
 
Lee Chang-Dong est un réalisateur talentueux, il nous l’avait prouvé avec le somptueux Poetry sorti dans les salles obscures en septembre 2010. Revenons neuf ans en arrière, en 2003 où la sortie de son troisième film, Oasis, marqua un grand tournant dans sa carrière. Oasis n’est pas un film comme les autres, c’est un film à part dans le septième art. Un de ces films que l’on ne voit pas à chaque coin de rue et qui a le mérite d’en faire ressortir le spectateur grandi après le visionnage. Lee Chang-Dong nous offre une histoire d’amour sans complaisance, comme il pourrait en exister tant d’autres mais qui se révèlera être unique de part les éléments qui la compose.

Jong-Du, un petit délinquant ayant quelques antécédents judiciaires vient tout juste de sortir de prison et vaque par ci, par la, essayant de chasser l’ennui de son existence. A peine a-t-il posé un pied dehors qu’il se remet à dos les forces de l’ordre. Comme dans le Monopoly : « Vous êtes en prison. Ne passez pas par la case départ, ne recevez pas 200€ », il se retrouve malgré lui, au poste de police. Heureusement, sa famille vient a sa rencontre, s’empresse de payer la caution pour faire sortir leur proche et voila de nouveau Jong-Du libre comme l’air. Voulant se faire pardonner de ses fautes commises dans le passé, Jong-Du rend visite à la famille de la victime de l’accident pour lequel il a été emprisonné, il fait la rencontre de Gong-Ju, la fille du membre décédé. Attiré par la jeune fille, Jong-Du commence à venir lui rendre visite régulièrement. Rien de bien particulier pour le moment mais ajoutons à cela que Gong-Ju est handicapée et le spectateur verra les choses d’un autre œil. Il s’installera au départ, une relation assez tumultueuse puis, de fil en aiguille, les deux êtres apprendront à se connaitre au fur et à mesure.

Le handicap de Gong-Ju est donc le point culminant du récit et a un rôle décisif a jouer au sein de celui-ci. Elle adopte une posture ainsi qu’un comportement bizarre et suspect aux yeux des autres personnes. Il en découle également des difficultés au niveau de l’expression orale. Abandonnée par sa famille, elle vit dans son appartement toute seule, la solitude commençant à peser sur elle. Jong-Du a lui aussi un « handicap« , ou plutôt un freinage : il n’arrive pas à s’insérer dans la société. Restant bloqué au stade de l’adolescence, étant assez gamin dans l’âme, manquant de maturité, d’autonomie et de confiance en soi, il est exclu de sa famille tout comme Gong-Ju et trouve en elle un semblant de réconfort et une raison de vivre. Au final, ces deux éléments rapprocheront les deux protagonistes.

Aux yeux de la société actuelle, celle de perfection et de consommation, Gong-Ju et Jong-Du ne sont pas les bienvenus pour les raisons évoquées précédemment. Il en résulte d’ailleurs une scène très marquante dans laquelle une serveuse leur fait comprendre que le service est terminé alors que des clients se font servir leurs plats et autres mets. Derrière cette réponse hasardeuse se cache la peur, la prise de contact envers des personnes différentes de nous, qui à quelques point près, ne le sont pas vraiment. Lee Chang-Dong le dit lui-même : la société a des aprioris envers ces personnes et cela est prouvé à maintes reprises durant le film. La fin quant à elle, est larmoyante : très brutale et injuste, elle n’en reste pas moins réaliste et émouvante et pose encore une fois le problème du handicap au cœur de notre système actuel.

Le style de Lee Chang-Dong est reconnaissable au premier coup d’œil, très posé, intime et touchant comme celui du Poetry, il donne aux œuvres du réalisateur beaucoup de réalisme et de sincérité. Le jeu d’acteur est excellent, que ce soit au niveau des personnages principaux ou secondaires. S’il y en aurait un seul à retenir ce serait sans aucun doute celui de Moon So-Ri (Gong-Ju) qui joue avec une justesse incroyable et porte un rôle très dur à l’écran sur le point psychologique. Les bonus présents sur le DVD approfondissent ce point.

Au final, Il en ressort d’Oasis, une œuvre complexe de par les sujets abordés et très lente, notamment au niveau de sa mise en place. A contrario, c’est cette lenteur qui permet aux protagonistes de s’apprivoiser l’un l’autre. Un film pour cinéphiles a regarder plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités et sûrement l’œuvre phare de Lee Chang-Dong à ce jour. Un chef d’œuvre ? Osons dire oui.

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