Evènemen M. Katsura en conférence publique

Pour la onzième édition de Japan Expo, les éditions Tonkam avaient le plaisir et l'honneur d'accueillir l'un de leurs auteurs phares, Masakazu Katsura, qui, à l'instar de l'invité d'honneur Tsukasa Hôjô, fête cette année ses 30 ans de carrière. Le programme de l'auteur pendant le festival fut chargé, et entre les séances de dédicaces, les interviews, les conférences de presse et une masterclass, une conférence publique eut lieu le samedi après-midi, conférence dont nous vous proposons aujourd'hui le compte-rendu.

Après 30 minutes de retard (pour lesquelles le mangaka s'excusa) dues aux intempéries de la matinée, l'auteur, esquissant un chapeau noir et une tenue décontractée, arriva enfin sur scène, pour se prêter au jeu des questions-réponses avec le public pendant une quarantaine de minutes. Une seule règle pour cette conférence: concentrer les questions uniquement sur Zetman, la dernière série en date de l'auteur, toujours en cours.
 

ZETMAN © 2003 by Masakazu Katsura/SHUEISHA Inc.


Et s'il paraissait dommage de limiter les questions à cette unique oeuvre alors que l'occasion aurait pu être donnée de revenir sur les 30 ans de carrière du mangaka, le public, heureux de voir l'auteur en chair et en os, répondit bel et bien présent en posant des questions parfois très intéressantes, que voici.


De quel personnage de sentai, vous, un très grand fan de ce genre, vous êtes-vous inspiré pour créer Wingman?
Denjiman fut ma principale inspiration parmi les sentai pour créer Wingman.
 

WINGMAN © 1983 by Masakazu Katsura/SHUEISHA Inc.


Combien de tomes comportera la série Zetman ?
Je ne suis pas très sûr, mais je pense en être à peu près à la moitié.


Pouvez-vous nous parler de vos projets avec Akira Toriyama ?
Actuellement, nous travaillons ensemble sur deux manga: Jiya et Sachie-chan Gû. Nous avons également en tête un autre projet, mais ne sommes pas encore sûrs de le voir se concrétiser.


Pour créer vos personnages de manga, vous inspirez-vous de personnes réelles, par exemple pour leur rendre hommage ?
Pas vraiment, je dirais plutôt que tout est fictif.


Votre carrière s'est surtout lancée avec les comédies romantiques (Video Girl Ai, I"s), puis vous êtes revenu vers le sentai (Zetman). Pourquoi ces choix ?
Je ne vais pas trop m'attarder sur ce que j'ai fait avant, mais quand je commence une série, je ne pense pas vraiment à ce que je vais faire. Je la commence selon mes envies du moment, et selon ce qui est le plus approprié à l'époque.
 
 
VIDEO GIRL AI (DELUXE EDITION) © 1997 by Masakazu Katsura/SHUEISHA Inc.
I’’s -ULTIMATE EDITION- © 1997 by Masakazu Katsura/SHUEISHA Inc.
 
 
Après cette question, Sébastien Moricard,, directeur commercial chez Tonkam et animateur de la conférence, demande à ce que les questions soient plus recentrées sur Zetman.
 
 
Le début de Zetman démarre la série dans le présent, puis la suite nous plonge dans le passé. Va-t-on revenir dans le présent par la suite, ou restera-t-on dans le passé ?
(M. Katsura sourit) Il va falloir attendre encore un peu pour le savoir !


Les superhéros sont à la mode au cinéma. Une adaptation de Zetman y est-elle prévue ?
Peut-être, je ne sais pas, malheureusement.


Que pensez-vous des adaptations animées de vos séries ?
J'en suis plutôt content et reconnaissant, même si elles diffèrent parfois de mes oeuvres, car c'est le réalisateur qui fait le travail.


Pourquoi avoir choisi de continuer Zetman (qui avait déjà eu droit à un one-shot), et pas un titre comme Shadow Lady ?
Zetman a un thème que je voulais aborder, et c'est pour cela que j'ai pensé à reprendre ce personnage. Ce choix n'est pas vraiment en rapport avec le personnage lui-même, mais plutôt en rapport à l'univers que je voulais développer.
 

SHADOW LADY © 1994 by Masakazu Katsura/SHUEISHA Inc.
 
 
Quand on sait que vous êtes un grand fan de Batman, peut-on dire que vos personnages de Jin et Koga représentent les deux facette de la personnalité du superhéros chauve-souris ?
C'est une question que l'on me pose souvent. Je me suis effectivement inspiré de Batman, mais du film de 1989 de Tim Burton. Concernant Jin, je n'ai pas voulu en faire un dark-héros typique qui se lamente toujours sur son cas. Par rapport au Zetman du one-shot, c'est quelqu'un qui n'est pas très heureux, mais le Zetman complet, définitif, doit être débarrassé de ce genre de sentiment. Pour Koga, c'est le contraire, c'est un personnage torturé, qui a beaucoup de remords, qui ne va pas bien. Pour le créer, je me suis inspiré de Kenta, le héros de Wingman, en me disant "que donnerait le héros de Wingman dans le monde de Zetman ?". Jin n'est pas un humain normal, mais a une certaine humanité. Koga lui, est tout le contraire, il perd peu à peu son humanité.


Et que pensez-vous de "The Dark Knight", le dernier film en date sur Batman ?
Je préfère de loin le premier Batman, ce qui s'est fait récemment ne m'attire pas vraiment.


D'où vous vient votre prédilection pour le fessier féminin ?
(M. Katsura sourit) Je ne dis pas que je n'aime pas les belles femmes, mais si j'en dessine, c'est parce que la rédaction me le demande.
 

 
 
Pourquoi vos personnages ont-ils la vie aussi dure ?
Tout simplement parce que ça fait de bonnes histoires !
 
 
Avez-vous une liberté totale sur Zetman ?
Par rapport à d'autres séries, je suis vraiment libre, oui.


En ce qui concerne l'érotisme imposé par l'éditeur, cleui de votre one-shot M était-il imposé aussi ?
M est mon idée. Par contre l'éditeur m'avait demandé des scènes plus sexuelles, mais je trouvais ça trop facile et je suis resté dans l'érotisme.


Quel est le rythme de parution de Zetman et combien avez-vous d'assistants ?
Zetman paraît au rythme d'un chapitre par mois, et j'ai 5 assistants.


Vous avez déclaré que la comédie sentimentale, c'était fini pour vous. Mais aurons-nous quand même la chance de vous revoir un jour dans ce genre ?
Dans Zetman, que je fais depuis maintenant 10 ans, il y a un peu de romance, qui reste assez basse, mais j'ai quand même envie de continuer un triangle amoureux autour de Jin, Koga et Konoha.
 

 
 
Jin et Koga ont deux visions différentes de la justice, qui peuvent toutes deux êtres vues commes bonnes. Vous, qu'en pensez-vous ?
Par rapport à ces deux visions de la justice, quand j'écris j'essaie de faire en sorte que les deux visions soient bonnes, que l'une ne prenne pas le dessus sur l'autre. Personnellement, je préfère la vision de Jin.
 

Combien de temps vous faut-il pour créer une page du manga, et pour en discuter avec l'éditeur ?
Je mets environ 4 heures pour une page, j'étais plus rapide quand j'étais plus jeune. Les discussions avec l'éditeur n'a pas vraiment d'incidence sur le temps que ça met pour être édité. Par contre, quand j'ai fini une page, je la confie à mes assistants, et là, ça prend plus de temps.


Dans le manga Bakuman, on s'aperçoit qu'il peut être très dur de percer dans le milieu du manga. Vous-même, avez-vous eu du mal à vous faire connaître ? Quel a été votre parcours à vos débuts ?
J'ai commencé à me faire connaître quand j'ai gagné le prix Tezuka, auquel j'avais participé 7 fois auparavant. Il faut savoir que mes premières participations à ce concours datent du collège ! Puis j'ai commencé à travailler pour le Shônen Jump, et le succès est venu.


Plus la série Zetman avance, plus elle devient sombre, avec notamment des questions politiques et environnementales sur la manipulation génétique, le fossé entre pauvres et riches... Cherchez-vous à ouvrir les yeux à vos concitoyens et à dresser une sorte de critique de la société ?
Pas du tout ! Je ne cherche pas vraiment à ouvrir les yeux des gens. J'ai essayé de faire quelque chose d'un peu plus sombre avec Video Girl Ai, et j'ai eu envie de continuer et d'aller un peu plus loin. C'est un miroir de la société plutôt qu'une critique.


La dernière question, concernant Video Girl Ai, restera sans réponse faute de temps, l'heure du dessin étant arrivée. Après un vote du public, il est décidé que le Maître offrira à son public un dessin de Jin. Pendant de longues minutes, Katsura exercera ses talents devant ses fans conquis, avant un résultat final magnifique, sonnant l'apothéose d'une conférence assez stricte au niveau des questions à poser, mais néanmoins intéressante et conviviale.
 

 
 

Découvrez également notre interview de Masakazu Katsura en cliquant ICI.