Interview - Masanobu Endo- Actus manga
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Jeux Video Interview - Masanobu Endo

Jeudi, 05 Août 2010 à 10h00

A l'occasion de la Japan Expo 2010, Masanobu Endo, créateur du jeu d'arcade Tower of Druaga, venait présenter The Recovery of Babylim, un MMORPG reprenant l'univers de la série. Derrière l'image de ce célèbre développeur à qui l'on doit aussi Xevious, nous avons rencontré un véritable passionné de mangas et d'animation ! Revenons sur cette rencontre avec l'un des pères fondateurs du jeu vidéo.


Manga-News : Bonjour Mr Endô, pouvez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs de Manga-News ?
Masanobu Endô : Bonjour à vous et à vos lecteurs. Je suis moi-même un très grand fan de mangas et d'animés, notamment les plus récents. Je leur consacre beaucoup de temps et j'en apprends de nombreuses choses, un peu comme s'il s'agissait d'une encyclopédie illustrée !
 
 
Vraiment ? quelles sont vos séries préférées actuellement ?
Je suis un grand fan d'Initial D qui est sans doute ma série numéro 1 ! Mais je ne sais pas si la série est aussi populaire en France... peut-être est-elle trop compliquée à lire ? A vrai dire, je suis un grand fan d'automobile et j'aime beaucoup conduire, et c'est pour cela que cette série me passionne!
 

 
 
Revenons à présent sur votre carrière.  Comment vous êtes-vous décidé, dans votre jeunesse, à devenir un concepteur de jeux vidéos ?
Quand j'étais lycéen, j'étais inscrit dans un club de théâtre, puis, à l'Université, j'étais davantage intéressé par le cinéma et j'ai réalisé quelques films. Mais finalement,  j'ai voulu chercher un nouveau moyen audiovisuel pour faire passer mes idées, et c'est justement à ce moment-là que les jeux vidéo ont émergé. C'est ainsi que je me suis tourné vers ce média qui représentait un certain avenir.
 



Cette année signe le retour de The Tower of Druaga. Ce jeu a connu beaucoup de versions depuis la borne d'arcade, jusqu'à aujourd'hui avec un MMORPG : The Recovery of Babylim. Avec toutes ces évolutions, l'esprit originel du jeu est-il toujours conservé ?
Tout à fait, car en réalité, les différents jeux s'inscrivent dans une continuité historique. J'avais déjà imaginé, à la création du premier jeu, toute l'histoire de la saga, du début à la fin, et pour chaque nouvel épisode, je réfléchis d'abord à son placement dans la chronologie. Par exemple, The Recovery of Babylim se situe simplement quelques années après le tout premier jeu d'arcade! En revanche, la série animée The Aegis of Uruk se déroule 80 ans plus tard.


La concurrence est très rude dans le monde des MMORPG, qui commencent à tous se ressembler. Selon vous, comment The Recovery of Babylim pourra-t-il se démarquer des autres jeux du marché ? Quelles sont ses principales qualités ?
Contrairement à la plupart des autres jeux, ce MMO met exclusivement l'accent sur le travail en équipe. Il n'y a d'ailleurs aucun moyen de faire du PvP (Player versus Player), le but étant ici de s'entraider et non de s'entretuer. Le jeu se divise en deux parties : la première se passe dans la tour, avec des zones instanciées et on ne peut pas progresser sans l'aide de compagnons. La seconde partie est libre et se concentre principalement sur la communication entre les joueurs, pour qu'ils puissent se rencontrer, discuter, échanger des objets...
 

 
 
Votre jeu est d'ailleurs présenté à l'essai sur quelques bornes dans le salon de la Japan Expo. Êtes-vous allé y faire un tour ? Avez-vous entendu des réactions des joueurs ?
J'ai été très impressionné par le festival, et très content de voir que le jeu attirait du monde. J'ai été agréablement surpris de voir que beaucoup de filles l'ont essayé, alors qu'au Japon les joueurs sont essentiellement masculins. Je voulais que ce RPG s'adresse à tous les publics, et apparemment cela se vérifie ! J'espère qu'à l'avenir cela va continuer ainsi.
En ce qui concerne la Japan Expo, j'ai été ravi de voir autant de cosplayers, et j'ai remarqué que les français préféraient les personnages marginaux et les seconds rôles plutôt que les héros. Au Japon, c'est plutôt le contraire!
 

 
 
The Tower of Druaga est très connu pour sa légendaire difficulté. Aujourd'hui, beaucoup de joueurs se plaignent de la facilité des jeux récents. Qu'en pensez-vous ?
Je pense que c'est plutôt une bonne chose que les jeux se soient simplifiés. Je dois avouer que moi-même, j'ai du mal à terminer le jeu d'arcade ! Mais à ce sujet-là, The Recovery of Babylim devrait satisfaire tout le monde, car la difficulté sera croissante pour offrir différents challenges.
 
 
A ce propos, le jeu d'arcade a été pris pour exemple dans un manga, Tokyo Toybox, où il était alors qualifié d' "infaisable". Avez-vous été heureux d'un tel hommage ?
C'est une question assez inattendue, je ne pensais pas que c'était connu en France ! (rires)
Après avoir écrit ce chapitre, les auteurs (Osawa Takahiro et Seo Asako, formant le duo Ume, ndlr) m'ont appelé pour m'en faire part et nous avons très vite sympathisé. Pour la sortie du premier tome, je leur ai d'ailleurs signé une préface en signe d'amitié. J'y ai écrit qu'aujourd'hui, contrairement à ce qui est dit dans le manga, nous n'avons plus besoin de jeux "infaisables" ! En effet, je préfère maintenant les jeux beaucoup plus faciles.
 

 
 
Vous êtes également le créateur du très célèbre Xevious. Cette licence reviendra-t-elle un jour sur nos consoles ?
En fait, au milieu les années 90, j'avais en tête un Xevious II, mais pour des raisons financières le jeu n'a pas pu être réalisé. A cette époque, la mode des shoot'em up (jeu de tir à défilement horizontal ou vertical) était en train de décliner et ma société préférait investir sur les RPG. Pour Xevious II, j'avais déjà imaginé un concept avec, en plus du jeu de tir, des humains prisonniers à libérer au fur et à mesure de la progression et à ramener sur Terre. Malheureusement, cette idée n'a jamais pu aboutir...
 

 
 
Vous avez été le précurseur de nombreux concepts du jeu vidéo, qui ont été repris plusieurs fois par la suite. A l'heure actuelle, de nouvelles façons de jouer voient le jour. Avez-vous déjà des projets en tête, qui utiliseraient ces nouvelles technologies ?
Bien sur ! Elles m'inspirent beaucoup, même si pour l'instant je n'ai pas de projets en cours. Je suis notamment très intéressé par le concept de la réalité augmentée, et j'aimerais bien créer un jeu d'aventure en temps réel, basé dans un monde persistant (qui continue d'évoluer même quand on ne joue pas, ndlr). Le tout se jouerait via les téléphones mobiles de dernière génération... mais pour l'instant, ces derniers ne sont pas encore assez puissants par rapport à ce que j'ai en tête!
 
 
Vous vous êtes également impliqué dans la réalisation de l'anime dérivé de The Tower of Druaga : The Aegis of Uruk. Quel a été votre rôle dans ce projet ?
J'ai essentiellement participé au projet en tant que superviseur du scénario. D'une part, je vérifie que l'histoire est bien respecté, mais d'autre part, je me permets d'apporter quelques modifications, pour coller avec les tendances actuelles. Pour donner un exemple assez simple : il y a 25 ans, pour le premier jeu d'arcade, la tour comportait 60 étages, ce qui était un nombre très impressionnant. Mais aujourd'hui, les gratte-ciels se sont beaucoup développés, et cette taille a perdu de son impact... de ce fait, dans la version animée, on a décidé d'augmenter le nombre de niveaux!
 

 
 
A l'inverse, aimeriez-vous transposer une série animé dans une adaptation en jeu vidéo ?
En réalité, c'est déjà fait : j'ai réalisé la tout première adaptation vidéoludique de la saga Gundam ! (Kidō Senshi Z-Gundam: Hot Scramble )
 
 
Vraiment ? Êtes-vous vous-même un fan de la série ?
A vrai dire, je suis un tel fan de Gundam que, pour travailler sur ce jeu, je n'ai pas hésité à quitter la société Namco ! (rires) A l'époque, Namco et Bandaï, productrice du jeu, étaient en conflit, et je suis parti chez eux. Mais aujourd'hui, les deux boites ont fusionné, donc je n'ai plus de problèmes !
Pour le jeu, j'ai notamment travaillé avec Mamoru Nagano, animateur et designer de méchas (Zeta Gundam, The Five Star Stories,...), et j'étais très honoré de cette collaboration.
 
 
On dit souvent que Zeta Gundam est la série la plus bouleversante de la saga, avec sa fin tragique. Partagez-vous cette impression ?
Justement, il se trouve que je connais personnellement le réalisateur de la série, Yoshiyuki Tomino, et j'ai pu en discuter avec lui. Il m'a alors expliqué le message qu'il voulait faire passer aux spectateurs. Je trouve moi aussi cette fin très triste mais je trouve une autre de ses œuvres, The Ideon, encore plus touchante. D'ailleurs, c'est à cette époque que j'ai créé Xevious, et quelque part cette histoire m'a sans doute inspiré.
 

 
 
Merci beaucoup !
Merci à vous.

Remerciements à Masanobu Endô, à Takuo Tanimoto, PDG d'Index Multimedia, ainsi qu'à leur traductrice.

Plus d'informations sur le jeu The Recovery of Babylim sur http://www.druaga.fr

commentaires

Hitsuji

De Hitsuji [5888 Pts], le 05 Août 2010 à 19h35

Interview très intéressante, même si je ne connais pas du tout le sujet. XD Il a l'air super enthousiaste et ses réponses sont bien développés, c'est cool.

jojo81

De jojo81 [7209 Pts], le 05 Août 2010 à 14h21

Excellente interview !

Shaedhen

De Shaedhen [777 Pts], le 05 Août 2010 à 10h16

Hé bien, il m'a l'air très sympathique le monsieur. Très chouette interview en tout cas !

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