Dvd Japan Expo - Conférence Gurren Lagann

C’est au beau milieu de l’après midi du premier jour de la Japan Expo que Takami Akai, un des cofondateurs du célèbre studio Gainax, est venu nous parler de Gurren Lagann, le dernier bébé du studio, et pour l’occasion il était présent en tant que producteur de l’animé. Un responsable de Beez l'accompagnait. Ce n’est pas une surprise de retrouver ce titre chez Beez, qui continue de se spécialiser dans l’animé de mécha, et c’est grâce à eux que Takami Akai a pu être présent pour venir nous parler de cette remarquable série.
Après la diffusion de l’opening de la série sur les écrans de la salle de conférence, nous avons eu droit à une rapide présentation de M. Akai puis de la série et enfin quelques mots sur le studio Gainax lui même.



Enfin la parole a été laissée au public présent. Certaines questions furent plus pertinentes que d’autres…en voilà un petit florilège:

En premier lieu il fut demandé à M. Akai ses limites de son travail de producteur et son rôle dans la série Gurren Lagann. Il répondit en toute franchise et simplicité, expliquant que le travail du producteur est de s’assurer que la série soit un succès. Dans le cas du studio Gainax, s’agissant toujours de séries originales non adaptées de mangas, ce simple travail est déjà plus ardu. Il faut donc intégrer pleinement les sponsors, les télés et autres partenaires au sein même de l’équipe, afin de les impliquer pleinement et qu’ils accordent leur confiance à la série et à ceux qui travaillent dessus. Le but étant de créer un environnement où les gens travaillent sereinement et puissent faire ce qu’ils aiment.
La première épreuve pour la série venait du fait qu’il s’agissait du premier travail sur une série du réalisateur et que le scénariste, bien que réputé pour ses œuvres au théâtre, n’avait jamais travaillé pour la télévision; ce qui ne manqua pas de provoquer l’inquiétude des producteurs. Akai nous dit alors en riant que son premier travail a été «de laver le cerveau» des sponsors.
      
   
Concernant son implication au niveau artistique, il nous livra qu’il a tenté d’en dire le moins possible au staff afin de ne pas les influencer avec ses anciennes expériences, leur laissant carte blanche.
Il nous révéla que le producteur doit être le premier fan de la série avant même que le développement de celle ci n’ait commencé, et à l’entendre parler, nul doute que c’est le cas!
    
   
Nous avons appris qu’avant même de travailler sur le scénario, le temps de préparation s’est étendu sur cinq ans. Le PDG de la Gainax voulant un animé ressemblant à Gundam, toute l’équipe s’est alors demandé quelle était l’essence des séries de Mecha… C’est ainsi que le projet débuta, sans avoir d’histoire en tête.
 
M. Akai insista sur le fait que si le budget de la série était plus élevé que la normale, la qualité globale de l’animé résultait vraiment des efforts de toute l’équipe ayant travaillé sur le projet.
La série ayant assez de substance pour tenir sur 52 épisodes, il précisa qu’elle était prévue dès le début pour un format classique de 26 épisodes, toute l’équipe a donc donné le meilleur d’elle même pour cette série, riche et dense… Le résultat étant que pour le moment, aucune suite n’est prévue.

   
Ensuite, après s’être exprimé sur le travail de production et sur la conception du projet, M. Akai s’est attardé sur les éléments propres à la série, notamment les personnages et les méchas.
Un membre de l’assistance souligna la singularité de l’évolution drastique des personnages, comme si peu souvent dans un animé où ils évoluent assez peu sur l’ensemble d’une série. M. Akai expliqua que la première réponse à cela venait de la difficulté pour les animateurs de faire évoluer le chara design d’une série en cours de route…les contraintes de temps et de budget faisant qu’après avoir passé de nombreuses heures à travailler un design, il était complexe de le changer. Mais la volonté de M. Akai était de privilégier le scénario afin d’en faire vraiment quelque chose de différent, même si cela devait être au détriment du dessin. Il s’est avéré que cette façon de faire a encore plus motivé l’équipe qui a donc passé encore plus de temps sur le design.
Et si le scénario fut mis en place avant les personnages, la conception de ceux-ci a amené un remaniement de l’histoire.




Quant aux méchas, l’objectif était de les faire amusants et classes. Ils furent d’abord dessinés sous forme de brouillons, un peu à la manière des robots que peuvent dessiner les enfants d’école primaire, mais au final cet aspect simpliste a plu et le designer a réussi à transformer les gribouillages en robots cohérents et réalistes.

Enfin, M. Akai s’est exprimé sur l’évolution des méchas et de l’animation en générale au fil des années.
Dans la série, le design des robots évolue, comme un hommage aux séries de méchas qui ont bien changées depuis les années 70.
En effet depuis Mazinger, du chemin a été fait et le design des méchas est passé par de nombreuses étapes, entre Gundam et Evangelion…Il faut donc faire un parallèle avec les méchas de la série.
     
De même les derniers robots de la série apparaissent en 3D, non seulement pour marquer l’évolution au fil des générations mais aussi, symboliquement et métaphoriquement, pour exprimer que l’ennemi des animés est la 3D. Ce fut l’occasion pour M. Akai de nous rappeler que l’esprit Gainax c’était la 2D, et que les séries devaient continuer d’être dessinées à la main.
Malheureusement, le nombre de dessinateurs travaillant sur des robots est de plus en plus faible, et c’est résigné que M. Akai avoua qu’avec le temps le studio Gainax allait sans doute intégrer de plus en plus de 3D...


Malgré une touche finale un poil pessimiste, c’est avec un grand sourire et une certaine humilité, sous un tonnerre d’applaudissements et de respect que ce grand monsieur de l’animation nous laissa.


Propos recueillis par erkael.