Journal intime de Sakura (le) - Actualité manga
Journal intime de Sakura (le) - Manga

Journal intime de Sakura (le) : Critiques

Sakura Tsuushin

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 28 Février 2013

Bien connu pour ses oeuvres érotiques, voire pornographiques, U-Jin signe avec Sakura Tshûshin son manga le plus long et le plus emblématique. Et contrairement à toutes les attentes, il s’agit avant tout d’une comédie sentimentale. Culottée et décullotée bien sûr !


Depuis toujours, les mangas à succès donnent lieu à des parodies amateurs, ou doushinjis, où nos héros préférés beaucoup moins sages qu’à l’accoutumé refont la vie des animaux. Sous-entendus, il n’est pas rare de trouver dans les pages d’un fanzine Luffy de One Piece, Ryoma de Prince of Tennis ou tous les Chevaliers du Zodiaque dans des postures compromettantes. Une autre tendance propre aux détournements de comédies sentimentales est de commencer là où se termine souvent un chapitre, à savoir une fois la nuit tombé, dans les draps ou dans le bain chaud. D’ailleurs, à côté des doushinjis de Love Hina ou I’’s, un mangaka tout ce qu’il y a de plus professionnel proposa en 1993 sa parodie d’un classique du moment, Kimagure Orange Road / Max et Cie.. Son nom, U-Jin, le manga, Angel. On y retrouve Kosuke, version obsédé de Kyosuke/Max, qui à chaque chapitre vient en « aide » à toutes les donzelles de son lycée, tout en essayant de conquérir son amie d’enfance Shizuka, une Madoka/Sabrina toujours aussi bagarreuse mais nettement moins pudique. Bien qu’il soit plutôt à classer dans la catégorie ecchi (érotique) et donc interdit aux moins de 16 ans, et non dans le hentai (pornographique) interdit aux moins de 18 ans, le manga fut interdit d’exposition lors de sa publication en France en 1995. Il est vrai que même si les sexes ne sont que suggérées, et non représentées explicitemment, les parties de jambes en l’air ou tout simplement l’esprit décomplexé voire dévient de la série en sept volumes n’étaient pas à mettre entre toutes les mains et sous tous les yeux. Toujours est-il que mine de rien, l’ecchi a déteint de plus en plus, au fil des années et des mangas, sur la production officielle et grand public. Ainsi est né le fan service avec ses plans sous la jupe des filles, ses soubrettes et un héros aussi mal à l’aise qu’aux anges. Mais que se passerait-il si à l’inverse, un auteur de ecchi ou de hentai se mettait à dessiner du shônen, voire même une vraie comédie sentimentale. D’un côté, le mangaka Oh! Great s’est reconverti dans le pur shônen d’action avec Enfer et Paradis et surtout Air Gear, mêle s’il ne se gêne pas pour dévertir ses héroïnes à forte poitrine à la première occasion. De l’autre, U-Jin tente dès 1996 le pari de la chronique étudiante avec Le journal intime de Sakura.

Une jupe en moins et tout va bien

Qui est donc cette Sakura ? Pas la peine de chercher, le titre français se révèle en vérité assez abusif. En effet, le titre original Sakura Tshûshin signifie littéralement « chroniques des cerisiers », en référence à la rentrée des classes au Japon, qui n’a pas lieu en septembre mais au mois de mai, alors ques les cérisiers sont en fleur. Comme les jeunes filles diront certains. Avec l’adaptation animée en OAV du manga, le titre international et anglais devint Sakura Diaries, puis Sakura Mail, soit en français « le journal de Sakura ». Mais comme le révèle les couvertures des volumes, il est tout à parier qu’il sera « intime » ! Ne vous méprennez pas pour autant, le héros du manga est bien un garçon, un grand garçon même, puisqu’il tente d’entrer à l’université. A tout juste 18 ans, Toma débarque ainsi à Tokyo pour passer les examens d’admission à plusieurs universités renommées. Et il y croit s’en y croire à sa success story, lorsque dans sa pauvre chambre de love hotel, il voit débarquer la jeune lycéenne Urara, dont les intentions ne sont pas très claires. Est-elle une ses prostituées adolescentes qui vendent leurs petites culottes ? Toujours est-il qu’elle n’hésite pas à tomber la jupe, le soutien-gorge et a dévoilé ses formes généreuses. Euh... drôle de manière de commencer une soi-disant histoire d’amour. Est-ce pour accrocher le lecteur via ses bas instincts ou U-Jin reste-t-il cet incorrigble érotomane ? Un peu des deux, car s’il réussit bien à nous faire baver devant Urara, il avorte aussi la scène rapidement. Il n’est pas question ici de « cul » à proprement dit, mais de « détente ». En effet, Urara n’est pas une inconnue pour Toma, bien qu’il ne s’en aperçoive pas tout de suite, elle est sa cousine et est secrètement amoureuse de lui depuis l’enfance. Le but recherché par son effeuilage était de calmer son stress pour les examens, mais elle réussit plutôt à l’exciter pour toute la nuit. Résultat, il rate les universités S et K, et met alors toutes ses chances dasn l’examen de l’université Keiô. Il y croise la bombe atomique Mieko, dont la seule vue provoque chez lui une décharge de dopamine. C’est d’ailleurs pourquoi le jour des résultats, il lui fait croire qu’il a été reçu, alors qu’en fait il s’est encore loupé. Le lendemain, il emménage chez son oncle Kasuga, absent, et donc en fait chez Urara. S’installe alors l’habituel triangle amoureux.

Chronique personnelle et professionnelle

A la manière de Video Girl Ai et I’’s de Masakazu Katsura, ou encore Ichigo 100% de Mizuki Kawashita, U-Jin embarque a priori tout ce petit monde et le spectateur dans une banale chronique sentimentale et la valse hésitations qui va avec. Sauf que non, dès lors que Toma et Urara sont un couple au quotidien, Mieko passe au second plan, avant de tout simplement sortir de l’histoire, de leur histoire. Au fil des pages et des chapitres, il ne fait aucun doute que U-Jin s’intéresse plus entièrement à Toma, à son introspection vis-à-vis de sa relation naissante avec Urara, mais aussi de sa nouvelle vie de rônin. Pour qui a déjà lu Love Hina ou Maison Ikkoku, ce terme est lourd de sens. En effet, un étudiant sans université a tout du vilain petit canard, du rebus de la société. Toma en fait même des cauchemars presque tous les matins tellement la pression sociale est forte. A côté de cette lutte psychologique, Urara est finalement une bonne distraction. Toujours enjouée, pleine de peps, elle essaie par tous les moyens, souvent dénudés d’ailleurs, de faire oublier à Toma ses soucis personnels et professionnels. Mais lorsque les sentiments et le désir s’y mêlent, la situation devient vite intenable. Pour Urara comme pour Toma d’ailleurs. Avec 20 volumes au compteur, Le journal intime de Sakura pouvait aisément souffrir de répétitions, de facilités, mais, oh miracle, le mangaka fait preuve d’un réel talent de narrateur. Bien qu’il ne soit pas très doué pour les dialogues ou les pensées, il parvient à rendre la lecture très fluide et très agréable alors même que le rythme de progression de l’histoire est plutôt lent.

Péché mignon

Mais alors qu’en est-il exactement, et finalement, du sexe ? Il est bien présent, mais pas omniprésent. Plus souvent dans le pur fan service grâce à Urara, le manga tombe dans l’explicite en de rares occasions et pas de manière très fine. En effet, à l’instar de Step Up Love Story, le point de vue est à 100% masculin et les filles se révèlent rarement farouches, du genre « non mais oui encore ». Donc d’un côté, il peut se passer un volume entier sans coucheries, mais de l’autre, l’auteur se sent parfois obligé d’ajouter des scènes comme pour satisfaire son lectorat. C’est tout l’intérêt des personnages secondaires, de la meilleure amie d’Urara à une mystérieuse professeur, qui sont là soit pour empêcher Toma et Urara d’être heureux, soit pour remplir le quota sexuel, et bien souvent les deux. Il est important que le lecteur soit prévenu de ce qu’il veut que Le journal intime de Sakura soit pour lui. S’il veut se rincer l’oeil, il va se retrouver bien vite à sauter des pages pour aller droit à l’essentiel et risque d’être déçu. S’il veut par contre renouveler l’expérience d’un Masakazu Katsura, il tiquera devant ces pages totalement gratuites mais assumées. U-Jin emprunte la voie du compromis et le lecteur doit en faire autant, entre romance et plaisir coupable.

Hoagie


Note de la rédaction
Note des lecteurs
17/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

14.00,15.00,15.00,16.00,13.00,15.00,15.00

Les critiques des volumes de la série