Poison City Vol.2 - Actualité manga
Poison City Vol.2 - Manga

Poison City Vol.2 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Décembre 2015

Mikio n'est pas au bout de ses peines ! Après avoir été obligé de publier « Poison City » sur internet pour éviter les foudres de la censure, il se retrouve à nouveau au centre de toutes les attentions de la commission des experts de la censure lorsque son manga est sur le point de sortir en volumes reliés…
Une solution lui est alors proposée, un nouveau compromis risquant de dénaturer son œuvre en sacrifiant la fluidité et la compréhension...Mikio refuse et est prêt à se battre...mais sait-il réellement ce qui l'attend ?

Suite à un premier volume engagé, nous n'en attendions pas moins de ce second opus qui non seulement continue dans la même veine, mais va même encore plus loin !
Pour resituer dans le contexte, il faut rappeler que Tsutsui, l'auteur, a lui-même connu des problèmes (et c'est encore d'actualité) avec un de ses premiers titres au Japon : Manhole a été considéré comme œuvre nocive et a été supprimé des librairies d'une région entière sans que lui-même ou son éditeur ne soit au courant. Le combat qu'il mène pour que l'interdiction soit levée est encore d'actualité, donc forcément Poison City a un arrière-goût de croisade!

Aussi épais et aussi dense que le précédent, ce second tome propose moins de choses, on se retrouve avec davantage d'unités de lieux et de temps, et pourtant l'ambiance n'en est pas pour autant moins malsaine !
Le tome s'ouvre sur un entretien avec l'auteur Américain venu en aide à Mikio, et il lui expose la méthode permettant de déclarer une œuvre nocive ou non… L'aspect arbitraire qui s'en dégage se révèle vraiment choquant, mais c'est là le but de l'auteur, nous faire prendre conscience de la stupidité du système totalement déshumanisé et ne tenant nullement compte du contexte.
On est abasourdi devant autant de bêtises, mais ici difficile de dire quelle est la part de vérité dans ce qui nous est raconté, car il ne faut pas oublier que l'auteur n'est pas neutre et qu'il possède un avis clairement tranché sur la question, il ne faudrait pas s'étonner qu'il tente d'influencer le lecteur !

Ensuite il n'est pas difficile de faire le parallèle entre le personnage et l'auteur lui-même qui tentent tous deux de poursuivre sans compromis ayant pour seul but de raconter des histoires poussant les gens à réfléchir sans se soumettre à la censure.
Là encore Tsutsui n'est pas neutre et le politicien dirigeant le comité de censure est réellement diabolisé, il nous est dépeint comme un politicard sournois prenant de haut la masse et imposant ses opinions comme des vérités absolues. Forcément le personnage agace et le lecteur va obligatoirement prendre le parti de Mikio.
D'ailleurs toute la commission devant laquelle Mikio doit répondre n'est qu'une immense supercherie où les décisions sont prises avant même qu'elle ne commence, tout est joué d'avance. Cette commission qui va s'étendre sur une grande partie du tome a vraiment quelque chose de choquant et de dérangeant : la censure écrase la liberté d'expression et les opinions autres que celles se voulant politiquement correctes.
Forcément que le lecteur sera choqué, voire énervé par une telle violence psychologique, et forcément que le lecteur se rangera du côté de Mikio… On regrette alors que l'auteur ne nous ait pas présenté les choses avec davantage de subtilités, en obligeant le lecteur à se poser des questions et à se positionner de lui-même, sans lui imposer la bonne vision des choses...en ce sens Tsutsui impose son opinion tout comme les censeurs imposent la leur.

La conclusion est juste atroce et nous renvoi aux œuvres d'anticipations les plus sombres (difficile ici de ne pas penser à Orange Mécanique). Derrière ceci se cache un message d'alerte de l'auteur, mais au-delà de ça, si on prend le titre pour une œuvre de fiction et non un témoignage à charge, l'ensemble se montre passionnant et diablement bien construit.

On regrette cependant qu'à l'inverse du premier tome, on ne suive plus le récit du manga de Mikio « Poison City », qui permettait des parallèles assez subtils et intéressants. Seuls quelques pages font encore référence à cette œuvre de fiction et c'est bien dommage !

Un second volume à la hauteur du premier peut être un peu plus partial et donc obligeant le lecteur à prendre davantage de recul, mais cela reste une remarquable histoire et Tsutsui reste un remarquable conteur !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs