Wakanim - Actualité manga

Interview

Manga-news: Wakanim, bonjour et merci d'avoir accepté cette interview.
Wakanim: Merci à vous, c'est un plaisir.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quand et comment est né le projet?
Nous
sommes une plate-forme communautaire dédiée à l'animation asiatique. Je
dis asiatique car pour l'instant nous nous concentrons surtout sur
l'animation japonaise, mais le but à moyen terme est aussi de diffuser
de l'animation coréenne, chinoise et indienne, donc des news et des
animés que l'on n'est pas forcément habitués à voir en France.
Cela
doit faire cinq ou six ans que l'on pense à ce projet, et un an et demi
que nous nous sommes concrètement lancés, que nous avons commencé à
faire des démarches, à rencontrer des gens et à en discuter. Cela fait
un an que la société est vraiment lancée, que l'on a rencontré les
japonais pour leur parler du projet. Nous avons eu des premiers retours
très positifs et avons commencé à travailler sur ces bases-là. Il y a un
mois et demi, le site a été lancé, nous avons commencé à remplir le
contenu éditorial, et des rédacteurs nous ont rejoints. Et cela fait
cinq jours (note: l'interview eut lieu le dimanche 21) que nous avons commencé à diffuser nos premières séries.

D'où vient le nom Wakanim?
Cela
vient de plusieurs choses. "Waka" signifie "connaissance", "cercle" en
japonais, donc la communauté, et "anim" renvoie bien sûr à l'animation.
On trouvait également sympathique et facile à retenir l'intonation un
peu asiatique de ce nom. Cela s'est également décidé par rapport à notre
mascotte, une grenouille: en effet, nous trouvions que le son "wak"
ressemblait un peu au croassement de la grenouille. On a vraiment trouvé
une cohérence entre tous ces points.

Combien êtes-vous dans l'équipe ? Comment sont répartis les rôles?
Au
total, nous sommes cinq à travailler concrètement sur le projet. Il y a
deux salariés et un stagiaire. Chacun a sa fonction: il y a un
responsable du développement, un directeur artistique, un responsable
commercial, un rédacteur, et un deuxième rédacteur stagiaire.

Quels sont vos objectifs sur la longueur ? Votre cible restera-t-elle uniquement l'animation?
Nous
resterons uniquement sur l'animation, qui est vraiment ce que nous
aimerions développer. Le but sur la longueur est de ramener des séries
exclusives, qui ne sont encore jamais sorties en France, notamment en
faisant du simulcast. Nous aimerions amener des séries qui pourraient
être qualifiées de cultes, qui ont eu un grand succès au Japon mais qui
n'ont pas encore dévoilé leur potentiel en France. Notre premier
objectif est de faire découvrir.
      


Vous parlez de simulcast. Pourriez-vous nous dire ce que c'est, pour celles et ceux qui ne le sauraient pas?
Le
vrai simulcast se dit d'une diffusion qui a lieu en même temps à la
télévision et sur internet. Ce que nous, nous comptons faire, est du
quasi-simulcast: nous allons récupérer le flux de la télévision et le
mettre en ligne, après une adaptation pour la France, donc en version
originale sous-titrée français, au maximum 24 heures plus tard.

Quels seront les prix pratiqués?
Nous
avons un système qui propose dans un premier temps les séries
gratuitement, et le tout sera financé par la publicité: il y aura un
spot publicitaire avant la vidéo, et un autre pendant la vidéo,
exactement comme à la télévision japonaise. La gratuité des séries
durera pendant deux mois maximum, et nous laisserons la possibilité à
l'ayant-droit de fixer la durée de cette gratuité. Les séries seront
ensuite archivées, et pour pouvoir les regarder en streaming, il faudra
acheter des jetons que l'on vend par lots allant de 10 à 40 jetons, le
tout pour un prix dégraissif allant de 50 à 70 cents. Nous essayons de
nous placer à une barre de prix abordable car nous nous sommes rendus
compte que les sociétés pratiquaient des prix souvent élevés sur le
marché.

En proposant ce service, vous affichez, en quelque sorte, une volonté louable d'offrir une alternative légale au fansub...
On
sait que le fansub constitue un gros manque à gagner pour les sociétés
de production, pour les ayant-droit japonais, et c'est un véritable
problème, car du coup les séries ne parviennent plus à s'exporter, les
éditeurs DVD n'achètent plus les séries qui n'ont plus de potentiel car
déjà exploitées sur internet. Le marché est en pleine évolution, et
comme c'est aussi un peu la crise au Japon, les japonais ont justement
besoin de cet export. Ils ont beaucoup rentabilisé leurs séries sur leur
propre territoire et commencent à avoir besoin de vendre à
l'international. Il est donc vraiment important de pouvoir proposer une
alternative au fansub, de pouvoir proposer une solution, car sinon, nous
irons de plus en plus vers un système où il y aura de moins en moins de
budget pour les nouvelles séries japonaises, et la qualité s'en
ressentira. De plus en plus de sociétés sont en difficulté, et il est
donc important que des revenus soient générés par les personnes
regardant ces vidéos. C'est d'ailleurs pour cela que la gratuité ne dure
que deux mois maximum: pour assurer la pérennité de l'animation. Si la
gratuité ne dure que deux mois, cela n'empêchera pas les chaînes de
télévision françaises d'acheter les droits pour ces séries, ce qu'elles
ne feraient pas si les épisodes étaient encore gratuits sur internet. Il
y a un contrôle sur la diffusion: nous devons les retirer pour laisser
la place aux autres supports. Il faut qu'il y ait internet, qu'il y ait
les DVDs, qu'il y ait la télévision. C'est une chaîne de droits qui doit
être respectée pour que les séries soient rentables.

L'aspect communautaire de la plate-forme semble important?
Oui,
car cela permet de se regrouper et de partager. Pour nous qui avons des
valeurs basées sur le partage, sur l'envie de faire découvrir de
nouvelles séries, des exclusivités, il est important de pouvoir
discuter, favoriser les échanges, créer des débats. D'ailleurs, c'est
pour cela que nous avons une plate-forme qui ressemble à ce qui se fait
sur les réseaux communautaires.

Quels ont été les temps forts du stand Wakanim?
L'activité
de parodie de doublage a connu un vrai succès, nous avons eu beaucoup
de choses étonnantes, sympathiques, souvent très drôles. Les gens
semblent s'être amusés et ça a réuni pas mal de monde.

De manière plus générale, qu'avez-vous pensé de cette édition 2010 de la fête de l'animation?
Pour
notre première fois au sein de cette fête, nous avons trouvé cela très
sympathique, très animé. Il y avait un public qui était là pour
s'amuser, et pour le dessin animé. Le tout était très agréable, et très
varié: BD en ligne, activités pour les enfants, présence des doubleurs
des Simpson... Ils ont vraiment essayé de voir large et de faire
découvrir de nombreuses choses, notamment, pour ce qui nous concerne le
plus, la japanimation à ceux qui ne la connaissent pas du tout.

Encore merci pour cette interview !

Interview réalisée en mars 2010 à l'occasion de la Fête de l'animation de Lille.