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Summer Wars : Critiques

Critique du dvd : Summer Wars

Publiée le Mardi, 02 Novembre 2010

Mamoru Hosoda revient avec un tout nouveau film, Summer wars. A voir absolument, et ce en toute saison !

Oz est une plate-forme communautaire universelle sur Internet. En se connectant depuis un ordinateur, une console, un téléphone, des millions de personnes créent leurs avatars et alimentent ce gigantesque réseau social. Les entreprises elles-mêmes ont leurs propres sièges sociaux virtuels. Dans le Japon réel, Kenji, qui a manqué de représenter son pays aux Olympiades de Mathématiques, effectue un job d’été pour la maintenance d’Oz. La belle Natsuki l'invite à l’accompagner à Nagano, sa ville natale, pour l'aider à un soi-disant déménagement. Kenji se retrouve en fait au sein du clan Jinnouchi, l'un des plus importants du Japon, pour fêter l'anniversaire de la doyenne. Son rôle ne sera pas celui d'un déménageur mais de « fiancé » de la belle pour plaire à la grand-mère chef du clan. Mais un virus attaque Oz, déclenchant maintes catastrophes dans le monde réel. Avec l’aide de Kenji, tout le clan Jinnouchi se lance alors dans la défense d'Oz. Car si cette gigantesque plate-forme communautaire sombre, le monde réel risque d'en subir les conséquences.

L'introduction ne souffre d'aucune lourdeur, se permettant de poser les bases de façon claire : une IA donne les explications sur le fonctionnement d'Oz, à la manière d'un didacticiel de jeu vidéo. Complet, nécessaire, dynamique : plutôt que d'attendre un moment particulier du film pour avoir droit à des explications sur l'omniprésence d'Oz dans la vie des personnages, c'est dès le début qu'on nous expose les faits. Ce procédé de narration simple mais osé est un pari risqué : nous perdre dès le début en nous servant une intro inaccessible ou ennuyeuse, cela s'est déjà vu. Rien de tout cela ici, cette introduction est juste parfaite. Puis le spectateur est directement lancé dans le quotidien des héros.

Summer wars mêle des personnages classiques à une intrigue empreinte de fraîcheur. Kenji est la caricature du surdoué en Mathématiques, capable de hacker un système informatique aussi perfectionné que celui d'Oz en peu de temps. Natsuki est jolie et espiègle, et l'histoire d'amour entre elle et Kenji qui se développera ne surprendra personne. On a aussi droit à un adolescent nolife jouant à un MMO de combat programmé sur Oz. Trois personnages tout à fait classiques donc, auxquels on s'attachera malgré tout. La grand-mère est sans doute le personnage le plus intrigant du film, et on voit que cela a été voulu par Hosoda. Si ce n'est un oncle qui a un rôle-clef dans les événements touchant Oz, l'ensemble des autres membres du clan sont des personnages secondaires. Mais au sein d'une famille, les membres interagissent, et on se surprendra à être passionné par le contact que chacun entretient avec un autre.

A la manière des films de Miyazaki et Kon, Summer wars est foncièrement humaniste. Cette réunion de famille fait penser au récent Still walking de Hirokazu Kore-eda. Chaque personnage a un passé particulier. Face à la mort, face à des événements tragiques, les tempéraments des différents personnages se conjuguent et donnent lieu à une tempête d'émotions et de partage très éloignés de la niaiserie occidentale de films portant sur ces mêmes sujets. Mais comme Miyazaki et Kon, et à la manière de ce qui prévalait dans la Traversée du temps, son précédent film, Hosoda compense par l'amour et l'humour, à tel point que Summer wars n'est jamais fataliste. On sent une volonté d'aller de l'avant des personnages, même exténués, même acculés par les tragédies qui les touchent. La tradition nippone est présente et certains oseront mettre en avant un pseudo-nationalisme à cause des valeurs exposées. Les femmes sont en cuisine, tout le monde respecte la doyenne, la pugnacité de chacun face aux désastres étonne. Est-ce vraiment caricatural ? Non. Ceci est le quotidien d'une réunion de famille dans le Japon contemporain.

Au-delà de la famille, l'intrigue principale est liée au virus attaquant Oz. La majeure partie du film se concentrera à anéantir le virus, jusqu'à un compte à rebours (qui rappelle là encore le milieu vidéoludique dont s'inspire ouvertement Summer wars), vraiment efficace en fin de film. Oz est un Facebook décuplé, aux horizons vertigineux. Beaucoup de transactions, de relations, de contacts du monde réel passent par cette plate-forme. Pourtant, lorsque le virus a raison de la sécurité y régnant, le monde réel bascule. La tragédie familiale qui intervient dans le monde réel a pour origine le dérèglement du virtuel. Mais bien que son intrigue soit imprégnée du sujet, Summer wars ne dénonce jamais directement les abus d'un système communautaire regroupant les données personnelles, contrairement à The social network de David Fincher. Tout est suggéré, parfois de façon évidente : il n'y a qu'à voir en fin de film l'ensemble des membres du clan accrochés à leurs portables (ou leurs DS pour les enfants !) pour tenter d'aider Kenji. L'influence du virtuel sur le réel est donc le grand sujet de Summer wars, entretenu avec humour tout en ne laissant aucun doute sur les dangers d'un tel phénomène. Le film, s'il ne fait qu'évoquer ce problème, prendra néanmoins partie : c'est bel et bien le retour aux traditions qui permettra à la famille de s'en sortir !

Summer wars offre certainement ce qui se fait de mieux au niveau graphique dans l'animation japonaise en 2010. La richesse du film à ce niveau repose sur plusieurs points. On a droit à une dualité graphique parfaitement maîtrisée. Le monde réel est représenté par Sadamoto Yoshiyuki (dessinateur du manga Neon Genesis Evangelion). Le monde virtuel d’Oz est à la fois aseptisé et pétillant et on ressent une influence évidente de l'artiste Takashi Murakami (décrié lors de son exposition au Louvre puisque ses oeuvres juraient avec les collections permanentes). Le mélange entre dessins traditionnels et design numérique est un régal, les effets de lumière sont de même particulièrement réussis. Le contraste entre le monde réel et le monde virtuel n'est pas sans rappeler ce qui a été fait par Satoshi Kon sur Paprika. Néanmoins, contrairement au monde réel de Paprika, celui de Summer wars offre des tons nettement plus chatoyants et vifs. La palette de couleurs employée est franchement agréable, notamment ce turquoise doux dont on peut avoir un aperçu sur la jaquette. Niveau animation, Hosoda se distingue encore. Trait caractéristique de Summer wars : un même plan fourmille de détails, et le spectateur ne sait où donner de la tête tant les personnages se livrent à des activités différentes en même temps. Jamais l'adjectif de statique n'aura été aussi éloigné d'un film d'animation japonaise, car Summer wars regorge de petites richesses graphiques dans ce genre ! L'animation des corps impressionne par sa fluidité, et on se surprendra à être captés par une scène où Kenji console Natsuki, avec un gros plan où on croit avoir affaire à des corps réels (on ne vous en dit pas davantage, vous serez scotchés !).

Pour autant, certains éléments empêchent Summer wars d'atteindre les sommets. D'une part, même s'ils sont terriblement attachants, les personnages principaux demeurent assez classiques. L'écueil du geek parvenant à s'attirer les bonnes intentions de l'héroïne, c'est du vu et revu, même si Summer wars est loin d'être aussi manichéen. On est quand même pas dans du fan-service entre héros maladroit et jolie fille gentiment cruche, et de toute façon, l'histoire d'amour gentillette passe vraiment au second plan ! Les personnages épanouis (hystériques ?) dans la pure tradition de l'animation nippone, c'est aussi du vu et revu, mais c'est tellement humain qu'on y croit. D'autre part, la reconquête d'Oz face au virus repose sur les défis menés entre les avatars : au lieu d'un hack classique, ce sont ces combats qui déterminent le devenir de ce monde virtuel. Ces scènes apparaissent comme des prétextes à l'action (scènes tout à fait dynamiques et sympathiques au demeurant) mais ne trouvent pas de justifications logiques dans le développement de l'intrigue. Enfin, l'enjeu final de fin du monde, même s'il reste relativisé et parfaitement crédible, puisqu'on parle en fait de la chute d'un satellite dû aux dysfonctionnements informatiques provoqués par la chute d'Oz, tend un peu vers l'exagération.

L'édition de Kaze est très soignée. Les menus sont à l'image du monde d'Oz, ce qui permet de renforcer l'immersion ! Point important : la VF n'est pas désagréable (mais la VO est évidemment un cran au-dessus). Kaze nous offre un certain nombre de bande-annonces de films, de mangas, de séries sur internet, de clips publicitaires musicaux. Franchement sympas, et très bien foutus. Par contre, pas de bonus liés au film (un petit making-of, même court, cela n'aurait pas été du luxe). Un petit coup de gueule doit toutefois être passé : la tranche ainsi que l'arrière de la jaquette présentent un dessin de Kenji et Natsuki absolument hideux ! Bonjour la promotion, bonjour la classe ! Pourquoi ce charadesign si sommaire alors que les personnages sont si finement dessinés dans le film ? L'avant de la jaquette est pourtant totalement réussi !

Summer wars ne se contente pas d'être un nouveau standard dans l'animation japonaise, apportant beaucoup au cinéma tout court comme les références faites à différents films le laissent entendre. Imparfait mais franchement accrocheur, apportant une bonne dose de sensibilité tout en finesse et un grand bol de fraîcheur, Summer wars est une réussite.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith

18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs