Roi des Ronces (le) - Actualité anime

Roi des Ronces (le) : Critiques

Critique du dvd : Roi des Ronces (le)

Publiée le Lundi, 01 Août 2011

"Il n'y a pas de miracles sans qu'on en fasse d'abord le vœu"

Dans un futur assez proche, l'humanité sera confrontée à un nouveau fléau : le virus Medousa. Ce syndrome de calcification des cellules entraîne en quelques semaines la mort des personnes infectées en les transformant littéralement en statue de pierre. Dans l'attente d'un jour meilleur où un remède sera trouvé, la fondation Vega entreprend une opération de cryogénisation d'une centaine d'élus. Parmi eux, une jeune fille japonaise, Kasumi, séparée de sa soeur jumelle. Mais à leur réveil, les choses semblent ne pas s'être déroulées comme prévu : le centre est infesté de gigantesques ronces, et hormis les patients sortant de leur long sommeil, il n'y pas âme qui vive... si ce n'est de terrifiants monstres ! Ainsi, ces quelques personnes devront à la fois survivre à une menace extérieure et intérieure...

Film d'animation sorti dans les salles japonaises en mai 2010, Le Roi des Ronces est l'adaptation du manga éponyme de Yuji Iwahara (Nekoten, Le Monde de Misaki) et devenu notoire grâce (ou à cause) de sa version couleur aux éditions Soleil Manga. Cette série d'action, matinée d'une ambiance à la survival horror, réunit des ingrédients dignes d'un long métrage à suspens, et méritait donc logiquement une version animée digne de ce nom. La Sunrise, société de production du film, a su s'entourer d'un casting expérimenté pour cette adaptation, avec notamment Kazuoyshi Katayama à la réalisation à (Argento Soma The Big O) ou Kenji Andô au monster-design (Karas). Avec un tel condensé de talents et une base prometteuse, nous pouvions espérer un résultat à la hauteur... Hélas, de nombreux points laisseront perplexes les lecteurs de la première heure.

En effet, cette version cinématographique s'autorise de nombreux écarts par rapport au manga. Si cet aspect est généralement incontournable dans les adaptations pour enlever certaines longueurs, le résultat est ici très inégal. Dès le départ, le ton n'est pas le même. Alors que dans le manga, les bases de l'intrigue et l'introduction de Kasumi dans le centre-avant son réveil sont réglés en quelques pages, l'introduction du film se veut beaucoup plus explicative, avec l'illustration très détaillée de la maladie, la présentation de la fondation et même la rencontre préalable avec les futurs survivants. Alors que cette mise en situation se veut très longue, le récit s'accélère de manière bien trop abrupte lorsque l'intrigue commence enfin. Là où le manga parvient à dépeindre l'angoisse des survivants, le film enchaîne les séquences d'action, les alternant avec des phases de révélation beaucoup trop "premier degré" : si Iwahara morcelait son intrigue au travers de flash-backs subjectifs pour que le lecteur reconstitue le puzzle, ici les explications sont trop franches et déséquilibrent le rythme du long métrage. Cela n'empêchera pas d'ailleurs d'aboutir à un final cryptique où les derniers mystères seront bien difficiles à appréhender pour le spectateur peu attentif.

Sans trop se défaire du manga, ce film perd néanmoins l'essentiel : l'ambiance si unique qu'ont les récits de Yuji Iwahara, parvenant à mêler intrigues lourdes et une certaine candeur. Cet aspect ressort principalement au niveau des personnages qui ne sont que l'ombre d'eux-mêmes. Seuls Kasumi et Marco seront vraiment mis en avant, tandis que les autres paraissent bien transparents, ne servant qu'à faire des paris sur le prochain à y passer. Les morts sont d'ailleurs le moment où on se rend compte de ce manque d'attachement, puisqu'aucune émotion ne ressort ! Enfin, l'habitué du manga s'étonnera du changement de caractère et de passé de certains protagonistes. Marco y perd son statut de bad boy, tandis que Tim passe d'un garçon pleurnichard à un gamin insouciant fan de jeux vidéos... ça passe ou ça casse ! Le film tente de se rapprocher de l'œuvre originale en rappelant souvent ses références à la belle au bois dormant, le conte ponctuant le récit entre chaque chapitre. Néanmoins, il en aurait fallu davantage pour arriver à séduire les adeptes de l'auteur.

Le film se démarque néanmoins par sa réalisation de haut vol, où l'on notera une intégration parfaitement réussie de modèles 3D en cel-shading, notamment pour le bestiaire, mais aussi pour les personnages pour les séquences les plus dynamiques. Il faudra un petit moment pour se rendre compte de cette transition, qui se ressent surtout au niveau des expressions des protagonistes. On regrettera en revanche d'avoir perdu le chara-design rondouillard d'Iwahara pour aller vers un style plus classique. La palette de couleurs est un peu terne, gâchant l'oppression qu'aurait pu susciter le lieu, mais les effets de lumière et d'explosion garantissent le succès du dynamisme de l'action. Seule la partie finale nous laissera plus mitigés par sa surenchère visuelle. Sans être inoubliable, la bande-son colle parfaitement à l'ambiance avec quelques sonorités médiévales rappelant l'architecture du centre.

Comme on pouvait s'y attendre, cette édition simple du film ne contient aucun supplément, sinon les sempiternelles bandes-annonces de Kazé. Le support est néanmoins d'une qualité raisonnable. Disponibles en trois langues, les sous-titres contiennent néanmoins quelques problèmes de placement. La version française, quant à elle, sera acceptable malgré un certain manque d'intensité général. Mais étonnamment, cela ne dénature pas avec l'ambiance assez morne de cette adaptation.

Au final, cette version cinématographique du Roi des Ronces perd beaucoup de l'esprit originel de la série et du talent du mangaka. Il en devient donc un divertissement très classique, mais superbement réalisé, prouvant qu'animation 2D et 3D peuvent faire bon ménage. Le spectateur néophyte y trouvera son compte malgré quelques problèmes de rythme et une conclusion difficile à suivre, tandis que le lecteur connaissant les rebondissements du manga restera de son côté plus perplexe. Comme quoi, adapter un manga s'inspirant du cinéma peut finalement être un problème épineux...


 

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs