Mobile Suit Gundam - Char Contre Attaque - Actualité anime
Mobile Suit Gundam - Char Contre-Attaque - Anime

Mobile Suit Gundam - Char Contre Attaque : Critiques

Critique du dvd : Mobile Suit Gundam - Char Contre Attaque

Publiée le Mardi, 11 Février 2014

Critique 1


Il fallait s'y attendre. Après la sortie en France de la trilogie de films Mobile Suit Gundam, c'est à Char Contre-Attaque de paraître dans nos contrées. Il s'agit là d'un film clef de la saga puisqu'il conclut le combat entamé dés la première série entre les deux éternels rivaux: Amuro Ray et Char Aznable. Contrairement à de nombreux films de la saga, Char Contre-Attaque n'est pas un condensé d'une série mais bel et bien un nouveau chapitre de l'Universal Century.
Plaçons rapidement le contexte. Nous sommes en l'an 0093 de l'U.C, et Char Aznable, porté disparu depuis la fin de Z Gundam, revient à la tête d'un nouveau groupe: Neo Zeon. Ses objectifs sont simples: anéantir les habitants de la Terre en balançant des astéroïdes sur la planète et provoquer des hivers nucléaires, et ainsi prouver la suprématie des spacenoïdes. La division Londo Bell de la Fédération est sur le coup pour contrecarrer Char, avec parmi elle Amuro Ray et Bright Noah. Pour le jeune homme rival de Char, c'est la bataille finale qui commence aux commandes du nouveau Nu Gundam doté d'un puissant système dit "Psychomu", permettant d'utiliser les pouvoirs psychiques des New-Type...



Première chose: Quelqu'un qui n'a pas vu la première trilogie de films sera probablement perdu tant les relations des personnages ont déjà été développées durant ceux-ci et les références à cette trilogie sont importantes. Avoir vu Z Gundam ainsi que Gundam ZZ sera aussi un plus pour comprendre certains points, comme le fait que Amuro et Char se soient battu cote à cote auparavant.

Passons au film en lui même: Il est très bon. Le scénario est certes un peu léger mais développer toute une trame en seulement deux heures était un pari risqué, mais Tomino réussis à conclure le duel épique de façon superbe ! Seule la fin du film de le destin de Char et Amuro peuvent paraître flou ce qui nécessitera surement de le voir plusieurs fois.
L'animation est très bonne, bien que légèrement datée, et ne devrait pas rebuter les nouveaux fans habitués à des productions plus récentes comme Gundam SEED.
Coté doublage, nous retrouvons les Seiyuu de nos personnages déjà connus, certains d'entre eux (comme celui d'Amuro) sont devenus des légendes de l'animation désormais. Notez que le film n'est présent qu'en VOSTF.

L'édition de Beez est satisfaisante, bien qu'elle ne soit pas extraordinaire. Mais comprenons les, l'éditeur ne pouvait se permettre d'investir dans une édition "luxueuse" sachant que le succès de la saga Gundam en France est beaucoup plus faible qu'au Japon et que les ventes de DVD ne sont pas foisonnantes bien que correct à en juger par la réédition des 3 premiers films il n'y a pas si longtemps... Ainsi, nous retrouvons le film dans un DVD simple contenant le disque et un catalogue de l'éditeur présentant les diverses séries disponibles à la vente. Les menus peuvent en rebuter certains mais collent tout à fait à l'univers du film. La traduction de ce dernier est impeccable, les sous titres agréables à lire. Coté bonus, on se contentera des bandes annonces Japonaises du film et des bandes annonces de diverses séries proposées par Beez.

Char Contre-Attaque est donc une très bonne conclusion à la première série. Etant mon film Gundam favoris à l'heure actuel, je ne peux que le recommander à ceux qui auraient entamé l'U.C. Les autres risquent d'être perdus." (17/20)




Critique 2


Il est des oeuvres qui marquent une vie entière de fan, qui ont un tel impact sur ses spectateurs qu'elles en acquièrent un statut quasi-légendaire. En 1979, le réalisateur Yoshiyuki Tomino invente Mobile Suit Gundam, une série de méchas d'un genre nouveau qui présente les robots et l'environnement de guerre spatiale sous un angle réaliste, créant le sous-genre du "real-robot". Oeuvre révolutionnaire pour l'époque, son influence a considérablement marqué le monde de la science-fiction japonaise, ouvrant la voie à des oeuvres telles que Neon Genesis Evangelion ou Code Geass. Aidé par la popularité grandissante de sa série phare, Tomino poursuivit son oeuvre à travers deux nouvelles séries, Mobile Suit Zeta Gundam et Mobile Suit Gundam Double-Zeta, qui continuèrent à développer cet univers et ses thématiques universelles. Le succès de la franchise est alors à son comble et Tomino est devenu l'un des créateurs d'animés les plus célèbres et influents de l'industrie. Considérant être arrivé au terme de son histoire, la décision est prise de lancer la production d'un film qui servira de conclusion à l'ensemble de son oeuvre. Un film qui verra le retour au premier plan des personnages de la série originale et qui apportera enfin la conclusion tant attendue à l'histoire d'Amuro Ray et de Char Aznable, deux des personnages les plus populaires du monde de la japanimation, aboutissement d'une rivalité vieille de quatorze ans.



Nous sommes en l'année 0093 de l'Universal Century. Char Aznable, que tout le monde croyait mort, refait son apparition à la tête de Neo Zeon, succédant ainsi à Haman Karn. Il n'a qu'une seule idée en tête: poursuivre le combat de son père Zeon Daikun en luttant pour l'indépendance des colonies de l'espace face à l'influence vacillante de la Fédération Terrestre et en prônant un départ massif de l'humanité vers l'espace où elle pourra s'épanouir et évoluer en tant que newtypes tout en laissant un peu de répit à la Terre, fatiguée de toute la pollution, des guerres et des conflits semés par ceux qui se laissent entraîner par sa gravité. Seulement les choses vont un peu trop lentement à son goût et, pendant ce temps, l'état de la planète se dégrade. Aussi décide t-il de précipiter un peu les choses en provoquant un hiver nucléaire massif qui rendra la planète inhabitable pour plusieurs siècles et qui forcera les terriens à la quitter pour s'exiler dans l'espace.

Ne comprenant pas les réelles intentions de Char Aznable, la Fédération Terrestre croit pouvoir négocier un traité de paix avec le nouveau dirigeant de Neo Zeon, prêts à lui céder l'astéroïde Axis contre la démilitarisation de son armée. Londo Bell, l'organisation militaire chargée de combattre Neo Zeon, ne croit toutefois pas que Char ait jamais eu l'intention de négocier la paix et se prépare déjà à une nouvelle bataille d'envergure. A leur tête, le colonel Bright Noa et le capitaine Amuro Ray, deux vétérans de la Guerre d'Un An qui connaissent bien Char Aznable pour l'avoir combattu autrefois, puis pour avoir combattu à ses côtés. Pour Amuro comme pour Char, cette nouvelle bataille qui s'annonce sera l'occasion de régler définitivement leurs comptes quatorze ans après leur première rencontre.



Autant prévenir tout de suite que Char contre-attaque est un film qui se destine avant tout (et même exclusivement) à un public d'initiés à l'Universal Century (l'univers originel de la saga Gundam où se déroulent les premières séries). Le film est pensé comme une conclusion à l'histoire débutée dans les séries Mobile Suit Gundam, Mobile Suit Zeta Gundam et Mobile Suit Gundam Double-Zeta, trois animés qui ont construit au fil du temps un univers d'une richesse incroyable peuplé de nombreux personnages mémorables, et le film part du principe que les spectateurs ont déjà connaissance de l'histoire de ces séries et des éléments de cet univers afin de ne pas perdre son temps à tout réintroduire et lancer ainsi directement son intrigue. De ce fait, ce n'est pas un film susceptible d'être compris par les néophytes de cet univers qui se sentiront probablement largués dès les premières minutes tant le film n'hésite pas à s'appuyer sur une foule d'éléments d'un univers déjà mis en place. Pour bien suivre l'histoire et pour bien comprendre ses enjeux, il est indispensable d'aborder ce film en ayant déjà connaissance des séries qui l'ont précédé, notamment Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam, ce qui peut poser quelques problèmes car si les films résumant la première série ont bien été distribués en France par Beez, la seconde est encore restée inédite chez nous à ce jour.

Le film en lui-même est marqué par l'ambition notable d'arriver à créer en un film de deux heures une oeuvre à part entière de la mythologie Gundam, aussi complète et aboutie que puisse l'être une série d'une cinquantaine d'épisodes. Un défi complètement fou et qui est pourtant parfaitement rempli, aussi surprenant que cela puisse paraître, même si pour cela le film doit s'appuyer grandement sur les séries passées pour lancer son action dans un décor déjà planté. L'histoire se focalise en grande partie autour de Char Aznable, le personnage le plus fascinant et le plus charismatique que la saga Gundam ait connu et un véritable mythe à part entière de la culture otaku. Mais aussi un personnage d'une profondeur incroyable, marqué par sa complexité et son ambiguité. Fils du leader anticolonial Zeon Daikun, assassiné par la famille Zabi qui s'était emparée du pouvoir sur le Duché de Zeon (un ensemble de colonies), on l'avait découvert en vengeur masqué dans la série Mobile Suit Gundam, sorte de mix improbable mais efficace entre Edmond Dantès et Darth Vader qui avait rejoint l'armée de Zeon avec l'intention secrète d'intégrer le cercle proche des membres de la famille Zabi afin de mieux les éliminer un à un. Sa quête de vengeance arrivée à son terme, on l'avait redécouvert sous une autre identité dans la série Mobile Suit Zeta Gundam en tant qu'as de la résistance contre les Titans et que mentor du protagoniste Kamille Bidan, cherchant à se réinventer en tant que personne tout en contribuant à sauver la Terre de l'emprise de ceux qui la polluent et qui répandent la guerre pour assouvir leurs ambitions égoïstes. Une période de sa vie qui l'a profondément marqué, laissant un être désillusionné à l'égard des habitants de la Terre envers lesquels il éprouve désormais du dégoût et de la haine, convaincu que l'humanité a besoin d'être guidée. Mais plus important, il avait été amené à revendiquer enfin son statut d'héritier légitime des idéaux de son père Zeon Daikun tout en assumant son passé de Char Aznable, devenant ainsi la figure de leader dont l'humanité avait désespérément besoin. Un leader que l'on pensait avoir péri à l'issue de la bataille finale contre les Titans mais qui continuait à surveiller l'humanité dans l'ombre, regardant la direction qu'elle allait suivre après la fin du conflit.



Le film apporte une sorte de finalité à cette évolution complète en renvoyant Char à sa place légitime, celle qui aurait toujours dû être la sienne: le leader de Neo Zeon qui poursuivra la lutte anticoloniale entamée par son père contre la Fédération Terrestre. Tous les événements qu'il a connu au cours de sa vie ont contribué à forger sa personnalité actuelle de leader emblématique qui incarne à présent les espoirs de tous les colons de l'espace, devenu leur dépositaire. Toutes les années de frustration des spacenoïdes face à la domination de la Fédération convergent vers ce personnage qui devient une figure de sauveur quasiment messianique. Mais Char est aussi un personnage marqué par les épreuves de la vie et notamment par une rivalité de longue date avec Amuro Ray, le héros de la fédération au cours de la Guerre d'Un An. Ils s'étaient rencontrés en tant qu'adversaires, les événements tragiques de cette guerre en avaient fait des ennemis jurés, puis des années après ils s'étaient retrouvés dans un monde qui avait changé et ce nouveau contexte les avait amené à devenir des alliés de circonstance, laissant taire leurs vieilles rancoeurs pour arriver à collaborer ensemble et devenir des compagnons d'armes face à la menace des Titans. Mais les choses n'ont jamais vraiment été réglées entre eux et ils portent toujours au fond d'eux la marque d'une haine qui porte un nom: Lalah Sune. Aujourd'hui, Amuro est devenu l'as de Londo Bell, une organisation militaire rattachée à la Fédération Terrestre, et Char est devenu le leader emblématique de Neo Zeon. Alors que tout deux continuent d'être hantés par les événements de la Guerre d'Un An et la mort tragique de Lalah Sune, enjeu de leur haine réciproque et qui en a payé le prix fort, l'heure est venue pour eux de mettre un terme à cette histoire alors que se joue en toile de fond l'issue finale du conflit entre Neo Zeon et les habitants de la Terre avec le sort de la planète en jeu.

La force de ce film est d'arriver à associer des caractérisations de personnages très riches et remarquablement bien écrites à de véritables enjeux dramatiques et à des thématiques fortes. Char Aznable est un personnage d'une ambiguité incroyable, pleinement conscient de la portée effroyable de ses actes mais prêt à endosser cette haine et à entacher son nom (et celui de son père) si cela permet à son combat de triompher: l'humanité doit être guidée sans quoi la Terre ne survivra pas aux ravages des âmes entraînées par sa gravité. Pour cela, il est prêt à déclencher un hiver nucléaire afin de forcer les terriens à une exode massive dans l'espace au prix d'innombrables victimes et d'une planète qui mettra du temps à se remettre d'un tel cataclysme mais qui pourra ultimement revivre au bout de plusieurs siècles et vers laquelle l'humanité pourra un jour retourner après avoir elle-même évoluée. C'est un personnage qui est réellement attaché à l'intérêt de l'humanité et de la planète, pur au point d'en perdre presque la conception du bien et du mal, et prêt à sacrifier sa personne afin d'assurer l'avenir de tous, quitte à endosser tous les maux de l'humanité. A l'inverse, Amuro Ray est un newtype qui s'est épanoui dans sa compassion pour autrui et qui a foi en l'humanité, convaincu qu'elle saura évoluer par elle-même un jour sans qu'on ait à lui imposer toutes ces souffrances avant qu'elle ne se remette en cause. Deux personnages qui se ressemblent donc énormément, tout en étant diamétralement opposés. Ils ont les mêmes espoirs pour l'humanité et son avenir, mais leurs mentalités sont totalement inconciliables et ils semblent donc voués à se combattre aussi longtemps qu'ils vivront. Tout le film repose sur cette alchimie entre les deux opposés, le yin et le yang, les deux facettes d'une même pièce, et les deux personnages sont tellement bien façonnés sur l'ensemble de l'oeuvre de Tomino que cette relation a toujours magnifiquement fonctionné. Ici, elle continue de porter l'histoire du film et ses enjeux universels avec une efficacité remarquable.



Afin de peaufiner le dernier acte de son histoire, Tomino conçoit toute une galerie de personnages secondaires avec lesquels ses deux personnages puissent interagir et qui contribuent à les caractériser dans le contexte du film. Chacun d'eux se voit ainsi octroyer notamment un nouvel intérêt amoureux avec lequel ils trouvent une sorte d'épanouissement affectif qui leur permet de se dévoiler dans leur intimité et de faire ainsi une sorte de bilan sur leurs évolutions respectives. Char ne s'est jamais vraiment remis du fait que Lalah Sune, le grand amour de sa vie, lui ait préféré Amuro, jaloux de cette harmonie qui peut exister entre les newtypes de leur niveau. Son alliée Nanai Miguel lui donne la force et le confort nécessaire pour assumer son nouveau rôle de leader de Neo Zeon tout en trouvant la détermination nécessaire pour prendre enfin sa revanche sur son grand rival de toujours. De son côté, Amuro est devenu un militaire aguerri qui laisse peu transparaître ses émotions et qui refoule en lui sa part d'ombre. Seule Chan Agi semble capable de discerner cette part d'ombre derrière la chaleur qu'il témoigne aux autres et de comprendre cette haine qui le pousse à vouloir régler définitivement ses comptes avec Char au point d'être prêt à en risquer sa vie. Elle tente de l'en préserver mais elle est consciente qu'elle ne pourra jamais vraiment guérir un homme aussi profondément meurtri.

Le fantôme de Lalah Sune et de son triangle amoureux dramatique avec Char et Amuro se reflète également à travers les autres personnages du film. Dès les premières minutes nous est ainsi introduit le personnage de Quess Paraya, une jeune adolescente rebelle qui est la fille d'un représentant politique de la Fédération Terrestre. Jeune newtype cherchant à comprendre sa place en ce monde, elle est particulièrement désillusionnée sur la politique menée par la fédération, pensant qu'un gouvernement vivant sur Terre et ne connaissant quasiment rien de la vie dans l'espace n'est pas vraiment apte à gouverner les colonies spatiales. Ce mode de pensée l'amène naturellement à rejoindre le camp de Char Aznable qui voit en elle une seconde Lalah Sune. Ne pouvant supporter l'image que lui renvoie la jeune fille, il n'a aucun scrupule à manipuler ses sentiments pour la transformer en véritable machine de guerre entièrement dévouée à sa personne. Alors que Quess devient une véritable psychopathe, Hathaway Noa, le fils du colonel Bright Noa, tente de sauver son amie de l'emprise mentale de Char, une attitude en laquelle Amuro reconnait le jeune homme qu'il était autrefois et dont il tente de le préserver, réalisant que Quess ne peut plus être sauvée et qu'Hathaway ne pourra connaitre que le désespoir et la haine s'il s'engage à son tour dans cette voie. Pour compliquer encore davantage les choses, Quess s'attire l'amour inapproprié de Gyunei Guss, un cyber-newtype et le garde du corps personnel de Char Aznable, qui va développer de la jalousie à l'égard de son leader et comploter pour le renverser afin de s'attirer les faveurs de la jeune fille. Alors que les deux acteurs principaux de la Guerre d'Un An s'apprêtent à régler leur vieille histoire, il semble ainsi que cette tragédie revienne à nouveau les hanter à travers leur entourage dont la jeune génération s'apprête à commettre les mêmes erreurs. L'histoire est-elle condamnée à se répéter ?



Pour le reste, à part quelques exceptions comme Bright Noa et sa femme Mirai, la plupart des personnages sont inédits ce qui contribue à faire de ce film une oeuvre à part entière de la mythologie Gundam avec son propre casting. Si la plupart de ces personnages restent assez secondaires, Tomino arrive toujours à les développer suffisamment par l'intermédiaire de petites scènes qui suffisent à nous raconter un personnage via quelques actions ou quelques répliques, et il arrive ainsi à créer un casting cohérent qui se complète de manière assez admirable. Par ailleurs, le film se démarque aussi par son absence assez caractérisée de fan-service. A part quelques personnages très secondaires comme Mirai ou Cameron dont les rôles sont pleinement justifiés par les besoins du scénario, aucun des personnages vus dans les précédentes séries ne vient faire d'apparition clin d'oeil. Il aurait pourtant été facile d'inclure par exemple le personnage de Seila Mass, la soeur de Char Aznable et l'intérêt amoureux potentiel d'Amuro Ray pendant la série originale. Mais ces deux personnages ont bien évolué depuis, ils ne sont plus les hommes qu'ils étaient autrefois et Seila ne fait plus partie de leurs vies depuis longtemps. Sa présence aurait probablement été de trop dans le contexte du film et Tomino a su résister aux sirènes du fan-service facile pour rester concentrer sur le drame qui se joue actuellement entre Amuro et Char et qui n'a rien à voir avec leur relation avec Seila. Même si leur affrontement final rappelle grandement celui qui les avait opposé à la fin de la Guerre d'Un An, bouclant ainsi la boucle.

Comme toujours, Tomino prend le temps de bien développer son univers et notamment tout le contexte politique qui gravite autour. Un univers qui a connu de nombreux conflits au fil des dernières décennies de par la frustration grandissante des colons de l'espace à l'égard de la Fédération Terrestre qui les gouverne depuis la Terre sans vraiment s'intéresser à eux ou à leurs problèmes. Après s'être recherchés pendant longtemps à travers les différentes figures de leader qui se servaient du prétexte de la lutte pour l'indépendance des colonies au profit de leurs ambitions personnelles, l'ensemble des colons se reconnait au travers de Char Aznable, l'héritier légitime de Zeon Daikun et le seul qui ait été vraiment honnête avec eux, prêt à se sacrifier pour ce combat. Un sacrifice personnel qu'il passe en jouant son rôle de leader charismatique, adulé par son peuple qui chante ses louanges à chacune de ses apparitions publiques et galvanisant ses troupes par ses discours idéologiques en lesquels chacun puisse reconnaître son histoire et ses espoirs pour l'avenir. Ses négociations avec les représentants de la fédération montrent par ailleurs le portrait d'un homme qui manie habilement l'art de la flatterie pour mieux parvenir à ses fins et arriver à berner un adversaire un peu trop confiant tout en véhiculant naturellement un charme et un charisme qui caractérisent les grands hommes. Par ailleurs, conformément aux thématiques de l'oeuvre, la Fédération est représentée comme une organisation totalement dépassée, incapable de comprendre les récents événements et les véritables motivations de Char, peu au fait de ce qui se passe réellement dans l'espace. Une ignorance qui se retourne contre eux et qui les rend complètement aveugles à la véritable menace qui s'apprête à s'abattre sur la Terre.



Ainsi, bien que l'ensemble de l'histoire tienne sur un film de deux heures, on a droit à une oeuvre très complète qui aborde l'ensemble des aspects et des thématiques phares de l'oeuvre de Tomino. L'histoire autant que les personnages principaux sont très bien développés, l'univers reste d'une richesse considérable et le film retrouve toute la force, la complexité et la pertinence des séries qui l'ont précédé. Bien entendu, le réalisateur n'en oublie pas pour autant la dimension spectaculaire de la franchise et, visiblement marqué par l'impact considérable de la série Zeta Gundam sur les spectateurs avec ses airs de grande épopée épique, il décide de nous offrir ce qu'il sait faire de mieux en la matière: des batailles grandioses bénéficiant d'une animation remarquable et d'une mise en scène spectaculaire, une ambiance particulièrement sombre teintée d'une mélancolie qui ne cesse de s'amplifier à mesure qu'on approche de la fin pour culminer lors des dernières scènes, et bien évidemment une bonne dose de tragédie avec un nombre hallucinant de morts. Célèbre pour tuer un grand nombre des personnages principaux dans plusieurs de ses séries, le réalisateur s'est ici complètement lâché et c'est à peine si quelques personnages parviennent tout juste à survivre à ces batailles particulièrement meurtrières. Pour autant, ces morts ne sont en aucun cas expédiées à la va-vite: le réalisateur ne tombe pas dans le piège de la surenchère gratuite et il leur donne tout leur impact dramatique, travaillant les relations qui lient tout ces personnages entre eux et le contexte dans lequel ils meurent, souvent horrible et parfois aussi brutal qu'inattendu (certaines de ces morts sont particulièrement traumatisantes).

Enfin la dernière scène du film est un véritable joyau à elle seule, aussi audacieuse que pertinente: le réalisateur nous dépeint le portrait d'une planète qui a évité le pire mais qui n'en reste pas moins ravagée par la pollution et qui est visuellement à bout de souffle, les terriens vivant dans un environnement anarchique et quasiment post-apocalyptique. Ainsi, bien qu'ils aient été sauvés d'un cataclysme qui aurait tout ravagé, les habitants de la Terre ne sont pas entièrement tirés d'affaire mais ils se sont vus confier le destin de la planète par ceux qui avaient foi en l'humanité et qui se sont sacrifiés pour leur permettre de survivre et de prendre le temps qu'il faudra pour évoluer par eux-mêmes. Les gens continuent d'y naître, d'y vivre et d'y mourir, mais sauront-ils un jour changer suffisamment pour permettre à leur monde de renaître ? Ou la Terre est-elle irrémédiablement condamnée si l'humanité continue de la polluer aussi longtemps qu'elle y subsistera ? Seul l'avenir dira si Char avait réellement tort et si Amuro et les autres avaient raison d'avoir foi en l'humanité et en sa capacité à évoluer pour reconstruire son monde un jour. Pour l'heure, cette fin magnifique apporte une image finale très pertinente aux grandes thématiques de l'Universal Century, tout en interpellant le spectateur de manière intelligente.

Tout a été entrepris pour que ce film de conclusion marque l'apogée de l'oeuvre de Tomino. Ainsi les gros moyens ont été sortis et, sur le plan technique, le film excelle à tous les niveaux. La réalisation est somptueuse et elle n'a assurément pas besoin de recourir aux effets spéciaux des séries Gundam modernes pour arriver à nous en mettre plein la vue avec plusieurs des batailles les plus spectaculaires et les plus intenses de la franchise. L'animation est par ailleurs un sans-faute absolu, clairement l'une des plus belles de la franchise, donnant toute leur vie à l'univers et à ses personnages dont les characters-designs se révèlent par ailleurs particulièrement réussis. Les designs des méchas le sont tout autant, le Nu Gundam et le Sazabi étant même parmi les plus réussis de la franchise, donnant une véritable identité à ces deux machines qui reflètent bien la personnalité de leurs pilotes attitrés, plus mûrs que les méchas des séries précédentes en accord avec l'âge plus avancé des protagonistes qui sont également arrivés à maturité dans leurs évolutions respectives en tant que soldats. Les musiques sont par ailleurs excellentes, notamment en ce qui concerne le thème principal du film ou le thème "Swan", donnant tous ses airs de grande épopée épique et lyrique à cette magnifique conclusion. Une mention particulière au générique de fin, Beyond The Time, qui est vraiment très réussi et particulièrement emblématique.



Du côté du DVD, on trouve à nouveau une édition assez simple à l'image des autres films de la saga Gundam édités par Beez en France, l'intérêt se situant une nouvelle fois à l'intérieur du DVD et non dans le contenant qui reste des plus classiques. Pour autant, le travail a été soigné et on a droit à une qualité d'image et de son qui permet de profiter pleinement du travail incroyable accompli par Tomino et son équipe sur ce film. Du côté du doublage, on ne nous propose que la version japonaise accompagnée de sous-titres, mais le résultat est amplement à la hauteur car le doublage japonais s'avère particulièrement réussi avec une belle brochette de seiyus qui, après toutes ces années, maîtrisent leurs rôles à la perfection. Shuichi Ikeda se révèle tout simplement majestueux dans le rôle emblématique de Char Aznable, apportant toute sa crédibilité et sa prestance extraordinaire à ce personnage légendaire de la science-fiction japonaise qui a su magnifiquement évoluer au fil des séries tout en travaillant une grande complexité psychologique. Toru Furuya interprète quant à lui un Amuro Ray qui a atteint sa maturité en tant que soldat tant d'années après les événements de la série originale et qui incarne le contrepied idéal au personnage de Char avec une force et une détermination qui se ressentent à chacune de ses répliques. On note aussi le jeu de Maria Kawamura qui campe une magnifique Quess Paraya, jeune fille joviale qui bascule dans une folie frénétique, ou de Yoshiko Sakakibara dont la voix glamour apporte la touche d'érotisme nécessaire pour rendre crédible son personnage de Nanai Miguel, l'amante de Char. Le sous-titrage est par ailleurs de qualité, parfaitement fluide et lisible et sans fausse note. Finalement, le seul véritable regret de cette édition est que le film n'ait pas pu bénéficier d'une sortie en Blu-Ray (qu'il aurait amplement mérité) tant la saga Gundam est connue par son manque injuste de popularité chez nous. On peut déjà s'estimer heureux qu'un éditeur français ait daigné se pencher sur ce pur joyau de la japanimation.

Mobile Suit Gundam: Char contre-attaque a l'envergure d'un véritable chef d'oeuvre et figure assurément parmi les meilleures incarnations de la franchise Gundam. Yoshiyuki Tomino voulait apporter avec ce film une conclusion grandiose et épique à son univers tout en amenant les intrigues principales à leur finalité. Le résultat est à la hauteur des espérances les plus folles, une grande épopée épique de deux heures portée par une galerie de personnages mémorables et par un univers toujours aussi riche et étonnant. Ce film regroupe à lui seul tout ce qui fait la saveur de l'Universal Century et tout ce qu'un fan de Gundam puisse espérer d'un nouvel animé se déroulant dans cet univers. Malheureusement, le seul véritable défaut dans tout ça est le manque d'accessibilité évident du film aux néophytes de l'Universal Century, se réservant à une niche de fans qui a déjà connaissance des séries précédentes (notamment Mobile Suit Gundam et Mobile Suit Zeta Gundam) pour arriver à comprendre réellement l'histoire et ses enjeux humains. De ce fait, et compte-tenu de la diffusion difficile de la saga en France (des oeuvres suscitées, seuls les trois films résumant la série Mobile Suit Gundam sont parvenus jusque chez nous), la sortie de ce film était pour le moins étonnante car ce n'est clairement pas une oeuvre faite pour découvrir la franchise et il n'y avait pour ainsi dire quasiment aucune chance qu'elle arrive à trouver son public même parmi les fans français de Gundam (qui connaissent principalement la franchise via les séries plus récentes diffusées en France telles que Gundam Wing, Gundam Seed, Gundam Seed Destiny ou Gundam 00). Mais pour peu qu'on connaisse cet univers et ces personnages, qu'on aime leur richesse et qu'on ait envie de découvrir la grande conclusion de cette magnifique histoire, Char contre-attaque remplit assurément son contrat avec une efficacité redoutable et le réalisateur Yoshiyuki Tomino signe là un véritable chef d'oeuvre et une perle de noirceur qui conclut de la plus belle (et de la plus tragique) des manières l'une des plus grandes oeuvres de la science-fiction japonaise ! L'histoire d'Amuro Ray et de Char Aznable arrive à son terme et ce film est assurément le plus bel hommage que le réalisateur pouvait rendre à la plus célèbre de ses créations et à ses deux personnages phares entrés à jamais dans la légende de l'animation japonaise ! (19/20)

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato

18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs