Horror Collector - Actualité manga

Horror Collector : Critiques

Horror Collector

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 27 Août 2013

Même avec un prologue, il n’est pas évident de se plonger dans l’univers un peu décalé d’Horror Collection. La principale difficulté est d’assimiler que les deux personnages principaux sont immortels et resteront donc tout le long du manga, se baladant entre les époques qui présentent les différents objets maléfiques apportant la mort. Evilis collectionne tout ce qui, de près ou de loi, a été maudit tandis que Sin, qui vit avec lui, recherche tout ce qui provoque la mort. La distinction entre les deux est faible, et toute cette mise en place de leurs buts est assez flous. Si les premières pages laissent paraître Evilis particulièrement mystérieux, Sin se révèle l’être encore d’avantage, de par l’emprise qu’il a toujours eu sur celui qu’il semble aimer. Mais qu’est ce que l’amour pour un homme qui traverse les âges, semant la mort et suivant la trace de celle-ci … Il faudra alors s’habituer à voir les deux hommes ayant l’air de vivre dans un siècle dernier regarder la télévision. Leurs grands airs ne s’insèrent absolument pas dans cet univers contemporain qu’on ne fait que deviner, à cause de la narration qui s’inscrit le plus souvent dans un autre temps. Un peu à la manière de Lestat qui ne sait pas vivre avec son temps dans le roman éponyme d’Anne Rice. Si Evilis et Sin ne sont pas des vampires, ils sont pourtant autant de spectateurs du destin des hommes. Et comme on pouvait s’y attendre, un peu de yaoi est au rendez vous dans cette fable nocturne et éternelle.

Ce titre est totalement décalé, sombre et poétique à la fois continue de plaire, par ses personnages tous plus mystérieux et complexes les uns que les autres, et grâce à cette envie d’en apprendre toujours plus sur Sin et sa relation à Evilis, tandis que celui-ci retrouve les bras de celle qu’il a voulu un jour posséder. Un jeu, un trio pas vraiment amoureux, mais un trio passionnel, jaloux et prêt à tout pour satisfaire leurs désirs. Au milieu de tout cela, quelques nouveaux personnages nous apportent beaucoup de finesse. Les idées de l’auteur sont incontestablement habiles et efficaces, et l’on se demande toujours de quoi le prochain tome sera fait. Et finalement, on se laisse surprendre au fur et à mesure de la lecture. En effet, Evilis Elisabeth et Sin sont unis au-delà de ce qu’on pensait, et chaque parcelle d’eux même ne peut se défaire totalement des autres. On ne s’attendait d’ailleurs pas à de telles révélations, qui élèvent la relation entre Evilis et sa « lumière » autant qu’elles la rabaissent. Il devient alors bien plus aisé de comprendre les sombres paroles des précédents opus, qu’on relira avec plaisir. Et même si l’on a fortement tendance à se perdre dans les nouveaux personnages, leurs ressemblances ou même les discours un peu mystifiés et romantiques de Sin ou Evilis, la lecture reste bien plus claire que ce que l’on a pu connaître dans les premiers volumes. Garder cette simplicité alors même que la narration se complexifie et s’articule dans un schéma directeur qui impose une logique évidente est sans aucun doute la plus grande qualité de ce tome. La fin de cette série sera une apothéose, et chaque protagoniste se verra surpris d’une conclusion inattendue. Evilis va devoir faire un choix entre quelqu’un qu’il a profondément aimé, et quelqu’un qu’il croit chérir plus que tout au monde en sachant que ce sentiment là est un leurre artificiel. Les apparences tombent, et un Sin « sans cœur » se révèle par exemple extrêmement expressif et touchant, notamment dans sa déclaration à Evilis, et devant le châtiment qui lui a été imposé. Chacun est donc très réaliste, bien que particulièrement éloigné de nous : quoi de plus humain que l’égoïsme face à l’amour, et quel attachement on peut ressentir face à ces réactions évidentes et tout aussi poétique que la série nous l’avait promis.
Si l’hitoire est étonnamment prometteuse, malgré ses assez aveuglants clichés gothiques et sombres, le dessin l’est moins. Il s’en dégage une impression de trop, d’indigeste. Histoire gothique, dessins gothiques, tout ça commence à peser. Car évidemment les trames sont très sombres, les personnages plongés dans des nuances souvent extrêmes, mais par-dessus tout c’est bien sûr les proportions anarchiques qui dérangent le plus. Cous immenses, visages allongés, yeux trop ombrés de cils, bouches malformées … Sans parler des cheveux qui remontent bien trop haut sur le crâne, des membres interminables et des corps anguleux, cassants au possible (parfois, il faut avoir quelques bases en anatomie humaine pour savoir que ce pieux est supposé être une articulation). Enfin, le cadrage parfois un peu anarchique ne facilite pas une compréhension déjà bien malmenée par le style de l’auteur. Néanmoins, on appréciera les décors et les détails qui sont soignés. Et puis, au fur et à mesure de la lecture, l’habitude s’installe peu à peu. Difficilement, mais il est certains que la suite de la série permettra au lecteur de s’habituer, s’il curieux et intéressé par un scénario qui, si l’on oublie son aspect classique, est plutôt intéressant et bien mené. Enfin, Samji fait du bon travail. Si les dialogues ne sont pas fluides, il y a de grandes chances qu’en version originale ils ne le soient pas plus … La couverture est agréable, et les pages sont suffisamment blanches pour que l’insistance du noir ne transperce pas durant la lecture. Bref, un titre à essayer si l’on est prêt à dépasser quelques erreurs.


NiDNiM


Note de la rédaction

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

14.00,16.00,15.00,16.00,17.00

Les critiques des volumes de la série