Horror Collector Vol.1 - Actualité manga

Horror Collector Vol.1 : Critiques

Horror Collector

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Janvier 2010

 « La vipère n’est qu’une métaphore des ravages de la haine ! Ce poison est bien plus puissant que le venin du serpent. »

Même avec un prologue, il n’est pas évident de se plonger dans l’univers un peu décalé d’Horror Collection. La principale difficulté est d’assimiler que les deux personnages principaux sont immortels et resteront donc tout le long du manga, se baladant entre les époques qui présentent les différents objets maléfiques apportant la mort. Evilis collectionne tout ce qui, de près ou de loin, a été maudit tandis que Sin, qui vit avec lui, recherche tout ce qui provoque la mort. La distinction entre les deux est faible, et toute cette mise en place de leurs buts est assez floue. Si les premières pages laissent paraître Evilis particulièrement mystérieux, Sin se révèle l’être encore d’avantage, de par l’emprise qu’il a toujours eu sur celui qu’il semble aimer. Mais qu’est ce que l’amour pour un homme qui traverse les âges, semant la mort et suivant la trace de celle-ci … Il faudra alors s’habituer à voir les deux hommes ayant l’air de vivre dans un siècle dernier regarder la télévision. Leurs grands airs ne s’insèrent absolument pas dans cet univers contemporain qu’on ne fait que deviner, à cause de la narration qui s’inscrit le plus souvent dans un autre temps. Un peu à la manière de Lestat qui ne sait pas vivre avec son temps dans le roman éponyme d’Anne Rice. Si Evilis et Sin ne sont pas des vampires, ils sont pourtant autant de spectateurs du destin des hommes. Et comme on pouvait s’y attendre, un peu de yaoi est au rendez vous dans cette fable nocturne et éternelle.

Le premier chapitre commence alors par nous présenter un peu l’étrange poupée de la couverture : Elizabeth, apparemment chère au cœur d’Evilis. Il la protège comme si elle avait été humaine, et à vrai dire on apprend rapidement que la poupée a un jour été femme. Aussi cruelle que belle, Elizabeth Bathory nous permet tout d’abord de s’interroger sur celui qui semble l’aimer, mais rapidement la malédiction qui pèse sur elle lève le voile sur la personnalité de Sin, bien plus torve et secret qu’il n’y parait. La deuxième histoire parait plus anodine. Elle permet de visualiser les personnages dans un ensemble plus large, d’avantage centré sur un objet apparemment détaché d’eux. La dispute des deux beaux jeunes gens pour s’approprier une boîte à musique qui fait le malheur d’autrui, dans un environnement toujours glauque et répréhensible, est amusante. Cela allège un peu le récit principal, et prend le temps de s’attarder sur ce titre un peu déstabilisant. On aurait pu penser que placer ce deuxième chapitre en tête de volume aurait été bénéfique, mais au final pas tant que cela. Car si l’on découvre d’abord Elizabeth, puis la boite de musique, la dernière partie de l’histoire garde ces deux éléments pour les rassembler. Il est alors plus intéressant d’avoir connu Elizabeth après toute cette histoire, et de revenir sur son passé et celui d’Evilis. Le deuxième tome nous promet une suite intéressante, qui illustrerait la déchéance d’une femme au premier abord si doux, ainsi que la cupidité d’un ancien esclave.

Si l’histoire est étonnamment prometteuse, malgré ses assez aveuglants clichés gothiques et sombres, le dessin l’est moins. Il s’en dégage une impression de trop, d’indigeste. Histoire "gothique", dessins "gothiques", tout ça commence à peser. Car évidemment les trames sont très sombres, les personnages plongés dans des nuances souvent extrêmes, mais par-dessus tout c’est bien sûr les proportions anarchiques qui dérangent le plus. Cous immenses, visages allongés, yeux trop ombrés de cils, bouches malformées … Sans parler des cheveux qui remontent bien trop haut sur le crâne, des membres interminables et des corps anguleux, cassants au possible (parfois, il faut avoir quelques bases en anatomie humaine pour savoir que ce pieux est supposé être une articulation). Enfin, le cadrage parfois un peu anarchique ne facilite pas une compréhension déjà bien malmenée par le style de l’auteur. Néanmoins, on appréciera les décors et les détails qui sont soignés. Et puis, au fur et à mesure de la lecture, l’habitude s’installe peu à peu. Difficilement, mais il est certain que la suite de la série permettra au lecteur de s’habituer, s’il est suffisamment curieux et intéressé par un scénario qui, si l’on oublie son aspect classique, est plutôt intéressant et bien mené. Enfin, Samji fait du bon travail. Si les dialogues ne sont pas fluides, il y a de grandes chances qu’en version originale ils ne le soient pas plus … La couverture est agréable, et les pages sont suffisamment blanches pour que l’insistance du noir ne transperce pas durant la lecture. Bref, un titre à essayer si l’on est prêt à dépasser quelques erreurs.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs