Evil eater - Actualité manga

Evil eater : Critiques

Evil eater

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 18 Novembre 2014

Ki-oon n'est pas l'éditeur le plus avare en surprises, et il ne cesse de nous proposer des titres toujours plus intéressants et prenants, et c'est le cas de Evil Eater, qui surfe sur la vague seinen fantastique horrifique qui pour le moment réussit plutôt bien à l'éditeur.


Titre court de trois volumes seulement où on retrouve aux commandes un scénariste de talent qu’on n’aurait pas forcément imaginé sur ce genre de titre : Issei Eifuku, auteur du très surprenant « Samourai Bambou » qui va radicalement changer de cadre avec ce titre mélangeant magie et psychologie.


Dans un futur peut-être pas si éloigné, la magie sous toutes ses formes est devenue une science à part entière, encadrée par l’état : le sorcerisme. Les fonctionnaires d’un nouveau genre chargés d’encadrer ces pratiques sont les sorceristes, ils veillent à éviter tout débordement lié à la magie.


Cette nouvelle science, reposant sur des règles élémentaires, offre de nouvelles possibilités à l’humanité. Par exemple, les morts peuvent être rappelés, mais à une condition très stricte, la vie ne naît pas à partir de rien, en respectant le principe de « une vie contre une vie », communément appelée « la loi de compensation ». Ainsi les assassins sont exécutés pour ressusciter leurs victimes, et dans le cas où il y aurait plusieurs victimes, c’est la première qui est rappelée. Les revenants, nommés « Returners », reviennent dans notre monde avec un bug qui pourrait faire d’eux des individus dangereux, c’est là qu’interviennent les sorceristes.


Travaillant en binôme, ces magiciens utilisent leurs pouvoirs pour identifier le bug en pénétrant au plus profond de la conscience des returners et l’éliminer.


Et c’est ce que nos deux héros seront appelés à faire : Kento Nagumo « Deep Searcher » aussi surnommé « le tueur d’équipiers » à cause d’un passé trouble ; et une nouvelle recrue, la naïve Yoko Amagi, « Evil Eater » qui malgré son inexpérience possède un pouvoir incroyable…


Une fois passés les clichés qui nous sont livrés dès le début avec des personnages en apparence pas originaux du tout (le sorceriste expérimenté, pas spécialement avenant, cachant un lourd fardeau, en opposition avec la novice enjouée qui malgré un fort potentiel a encore tout à apprendre), on plonge rapidement dans un univers réellement passionnant, riche et élaboré.


Et même le cliché du personnage de Amagi, la jeune novice, bien que clichée, aura son utilité en tant que telle puisque c'est par elle que l'auteur va expliquer les mécanismes de son univers, ses codes et ses lois, bref le concept de la série, qui apparaît alors tout aussi inconnu aux lecteurs qu'au personnage.


Un des principaux intérêts de cette série est le regard porté par les auteurs sur les bugs et l'approche qui en est faite, la métaphore apparaît presque évidente, mais elle est surtout intelligente : les bugs seraient des matérialisations des pathologies que développent les personnages, des traumatismes psychologiques survenus avant la mort du sujet.


Les returners ayant oubliés les événements liés à leur mort vont alors se focaliser sur un traumatisme antérieur qui va alors prendre une place particulièrement importante dans leur psyché, et très souvent cela tournera à la psychopathie du fait de ces affects refoulés prêts à ressurgir à tout moment, faisant d’eux de véritables bombes à retardement. Ainsi, bien que représentés de manière très imagé dans le titre, les sorceristes sont un peu des psychologues d’un nouveau genre : ils plongent au plus profond de l’inconscient des patients pour identifier le problème, le traumatisme, le bug, afin de le faire ressurgir pour mieux s’y confronter. Ici la thérapie est particulièrement violente, et, comme précisée auparavant, très imagée. En effet on assiste réellement à la plongée dans le subconscient représenté de différentes manières en fonction du sujet, ce sera Nagumo qui s’y risquera, il va s’y ancrer et exploiter ce qu’il va y trouver afin de faire ressurgir le véritable problème, un peu à la manière d’une véritable thérapie.


Dans un premier temps, les missions se déroulant sur un ou deux chapitres vont s’enchaîner puis la série va ensuite développer des intrigues plus importantes, centrées sur les personnages principaux, mais pas uniquement. Mais toujours on gardera ce lien avec les bugs et les dangers qu'ils peuvent entraîner.


Dans le dernier tome, la série perdra un peu son caractère métaphorique pour devenir un peu plus fantastique, notamment avec une intrigue où l'action prédominera. Bien que différente par rapport au reste, cela n'enlèvera rien au charme de cette série qui demeure vraiment prenante et passionnante.


On restera malgré tout sur notre faim avec une conclusion qui arrive un peu rapidement et s'avère un peu abrupte...et c'est clairement dommage, car cette série et ses auteurs avaient, nous n'en doutons pas, encore de nombreuses choses à nous raconter !


Mais cela reste trois tomes très agréables à lire, je ne peux que vous les conseiller !


Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
16.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,16.00,13.00

Les critiques des volumes de la série