Critique de la série manga
Publiée le Lundi, 16 Avril 2012
Diabolo, c’est l’histoire tragique de deux petits garçons témoins d’un crime innommable. Ren et Rai sont complices depuis toujours, depuis l’enfance. Ils ont pris une vie pour tenter d’en sauver une autre, et pour ça ils passèrent dès leur plus jeune âge un pacte avec le démon Diabolo. Celui-ci leur accorde, en échange, des pouvoirs assez conséquents. Ren hérite de l’arme ultime tandis que son compagnon Rai devient le bouclier inviolable. Ensemble, ils forment l’équipe parfaite pour se venger du démon et tenter de retrouver Mio, celle pour qui ils donneraient leurs vies. Sur leur route, les deux jeunes gens pourront admirer les dégâts du démon et plus largement de la tentation chez les esprits faibles que sont les adolescents. Ceux ci se laissent facilement convaincre et, quand ils atteignent leur 17 ans, se laissent entraîner dans les ténèbres pendant un an, au bout duquel ils se transforment en quelque chose d’inhumain, d’indescriptible. Quand le mal ronge, il ronge fort. Et ce n’est pourtant pas faute de ne pas avoir dit aux jeunes de ne pas tomber enceinte, de ne pas envier ses camarades et ainsi de suite … Car c’est ainsi que se présente le premier tome dans son intégralité : prévisible, moralisateur et plongé en plein mélodrame d’une société totalement corrompue. Et rien ne va en s’arrangeant, puisque la fine équipe créée par le démon va causer pas mal de dégâts …
Le tout s’améliore quelque peu lorsque l’auteur se penche d’avantage sur les raisons qui ont amenés les deux protagonistes principaux à cet état de fait, ainsi que lorsqu’elle embraye sur l’intrigue principale. Même s’il reste de nombreux défauts dans le scénario, la narration, elle, est logique. En trois tomes, tout s’enchaîne plutôt bien et ce n’est que les idées de la mangaka qui sont bancales. Le premier tome présente ainsi différentes situations mettant secondairement en avant les personnages principaux, avant de faire un chapitre retour en arrière puis d’embrayer sur une intrigue en parallèle des histoires du premier tome, puis de s’en détacher plus clairement. Bref, on observe une bonne maîtrise du rythme et cela rend la lecture assez fluide. Mais les idées de démons, surtout développées en aussi peu de tomes, s’embrouillent un peu surtout quand Rai s’en mêle … Les personnages n’ont alors pas le temps de nous séduire qu’ils disparaissent déjà, dans un souci de l’auteur de rester réaliste et d’instaurer la mort dans le combat. Oui, mais certains personnages ne servent tout bonnement à rien tant on en sait peu sur eux. Il fallait réduire le nombre d’ennemis de Ren, ou alors étaler la série sur un voire deux tomes supplémentaires. Afin de justifier la présence de tout le monde, dans ce combat apparemment plus important qu’il ne ressort aux yeux des lecteurs. Enfin, la dimension un peu dure quoique très maladroite du récit pourra plaire comme déranger, mais dans l’ensemble l’ambiance est en raccord avec la logique de l’histoire. Surtout que le thème sous jacent de l’amitié fait tout de même passer un petit quelque chose … Mais malheureusement, le dernier tome n’a pas l’impact qu’il aurait pu avoir.
Pour terminer sur une note plus positive, il est possible de souligner que les dessins sont plus satisfaisants que l’histoire ! Le tout est parfaitement adapté au style narratif, les traits sont nets et bien définis, ce qui élimine un peu l’aspect général brouillon de la série. On regrette par contre un dessin qui va trop droit au but, sans s’embarrasser de trop de détails ou de décors, aussi futiles soient-ils … Enfin, on constate des proportions ou certaines positions peu naturelles, et les expressions sont toujours bien trop exagérées sur des visages qui, parfois, sont du coup étranges ou contraires à nos habitudes. Un mot sur l’édition, qui déçoit quelque peu sur les contrastes mais qui traduit la plupart des onomatopées en enlevant les originales (et les perdues en route … on passe dessus). Bref, un manga qui est loin de laisser un souvenir impérissable, et qui chez certains ne laissent pas de souvenir tout court. Très largement contournable, le titre de l’auteur ne ravit pas et sa nouvelle série aura, du moins l'espère-t-on, plus de chance ...
