Bobobo-bo Bo-bobo - Actualité manga

Bobobo-bo Bo-bobo : Critiques

Bobobo-bo Bo-bobo

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 26 Février 2013


Après avoir essayé d’écrire, de prononcer et de compter le nombre de Bo, il est temps de savoir ce qui se cache derrière ce titre à rallonge. Tout simplement le nom le plus original et le plus long pour un héros. Coupe afro hideuse, lunettes de soleil même la nuit, des muscles saillants, des chemises trop petites mais surtout la cool attitude… Bobobo-Bo Bo-Bobo n’est autre que le défenseur de la paix des poils ! En effet, en l’an 300X ou peut-être 3001,5, la terre est dominée par l’Empire Chauvekipeut et son Empereur Crâne d’oeuf 4e du nom, qui a instauré “la chasse au poils” afin que tout le monde soit chauve. Cela consiste simplement à arracher les cheveux en tirant d’un coup sec. Autant dire que la population est terrorisée par ces brigades capillo-tracteuses, mais un être semble se lever contre cet Empire du Mal et de la peau lisse. Héritier et expert du Hanagé Shinken, l’art ancestral des poils de nez, il a la capacité d’entendre et de parler aux cheveux et se sert de ses poils (de nez donc mais aussi des aisselles) pour combattre les généraux de Chauvekipeut et son père était une boule de cheveux (allez savoir pourquoi mais c’est véridique). Il n’en faut pas plus pour se rendre compte que dès son postulat de départ, son univers et son héros, la série est une grosse parodie de Ken le survivant / Hokuto no Ken. Et en effet, le jeune mangaka Yoshio Sawai montre dès ses débuts dans Weekly Shonen Jump une attirance toute particulière pour l’humour débile, le non-sens et les gags visuels. Ses premières histoires courtes tournent ainsi autour de héros qui se battent à coups de pet ou plus directement qui ont une tête de cul ! Mais c’est lorsqu’il met en scène un sosie de Ken déjanté et poilu qu’il rencontre le succès. Après quelques one-shots où sont introduits les personnages de Beauty, Peter O’Doran et Don Patchi, Bobobo devient en 2001 une série à part entière, avec au final 21 volumes, une suite en 7 volumes et bien sûr une adaptation animée avec 76 épisodes.

Dessine-moi un déchaînement !


A part quelques différences de traduction (Don Patchi perd son « i », Peter O’Doran devient Gazeur, l’Empereur Crâne d’œuf le Tsar Boula Zéro) ou de délicatesse (un slip avec une tête de canard ne se met plus à l’entrejambes mais sur la tête), cette version télévisée est plutôt fidèle à l’original. Ainsi, à la manière d’un Ken ou d’un Fly/Daï, Bobobo parcourt les villages pour venir en aide aux innocents et à leur pilosité, et affronte ainsi les commandants des brigades du bloc A à Z, dont un drôle de Gelée Latremblote, puis les quatre généraux de l’Empire Chauvekipeut. Enfin, en théorie, car si le récit épouse la linéarité et le ludique de tout bon shônen, chaque rencontre ou combat n’est ici qu’un prétexte à partir en vrille. Ainsi, le premier face-à-face fait appel à Bobobo le vendeur de perruques afro, une petite dame qui étend son linge sur des poils de nez, un jeu de simulation amoureuse, un escadron de crottes de nez et une séparation entre deux hamsters. Voilà, voilà, il y a de quoi rester circonspect, mais pourtant l’accumulation, l’impossibilité de prévoir ce qu’il peut se passer et l’imagination débordante et débridée de Yoshio Sawai balaient toute rationalité ou espèce de cohérence. Entre Bobobo qui se déguise en chien ou hamburger, sa tête qui cache un concert de rock ou un fast-food et autres petits films qui racontent le passé des personnages ou une histoire sans rapport et sans intérêt, le manga comme la série suivent une narration et un rythme bien à eux, souvent proche de la précipitation et du déchaînement. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les combats, et plus précisément celui contre Don Patchi, sont appelés des déchaînements dans l’animé ou des trips dans le manga. De fait, on pourrait croire que la mise en couleurs et en mouvements serviraient les délires de Bobobo et donc que l’animé surpasserait le manga à l’instar par exemple de l’addictif et désopilant Keroro.

Parodie-moi un shônen !

En effet, il faut avouer que du comique de situation au rire de Kero-Kero en passant par les humiliations que subit le Sergent, le passage à l’animation apportait une sacrée valeur ajoutée à l’univers plutôt statique mais non moins rigolo du mangaka Yoshizaki Mine. Avec Bobobo, la donne est différente car les excès narratifs et humoristiques de Yoshio Sawai se répercutent sans cesse sur son dessin. Brouillonne, crayonnée, tramée, éclatée, chaque planche est un cirque pas possible et il faut voir les blagues pourries et non assumées d’une case à l’autre ou encore les tronches que tirent les personnages. D’ailleurs, les exemples précités ne sont qu’un aperçu du premier vol… que dis-je des premiers chapitres, tellement les gags se suivent à une vitesse et ne se ressemblent pas. Ou alors leur point commun pourrait être leurs instigateurs, à savoir Bobobo et l’étoile Don Patchi en première ligne mais aussi Peter O’Doran et toutes leurs victimes des brigades capillo-tracteuses, le tout sous le regard médusé ou effrayé de Beauty. L’autre caractère spécifique à la série est que parmi le bordel ambiant se glissent logiquement de nombreuses parodies des succès de la Shueisha tels que Saint Seiya, Dragon Ball, Yu-Gi-Oh, Sailor Moon, Naruto mais aussi les classiques Wolf’s Rain, Serial Experiments Lain voire plus généralement les coutumes traditionnelles japonaises. A noter que Death Note aura le droit à un traitement spécial avec deux chapitres spéciaux, de même que le cultissime Kochi Kame d’Osamu Akimoto pour son trentième anniversaire.

Enfin, il faut avouer que Bobobo-Bo Bo-Bobo doit se consommer avec modération pour être apprécier à son juste délire, car à enchaîner les volumes, et surtout les épisodes, le seuil de saturation est vite dépassé. A force de les s’agiter dans tous les sens, le spectateur ou lecteur peut perdre en concentration puis en intérêt, ce qui serait dommage car mine de rien notre chevelu de la tête et poilu des trous de nez et des dessous de bras est un pan de la culture manga et japonaise en général à lui tout seul. Bon ok, dis comme ça, c’est pas crédible, mais c’est pourtant vrai ! Poil au nez !


Hoagie


Note de la rédaction
Note des lecteurs
8/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

18.00,16.00,17.00,15.00

Les critiques des volumes de la série