Ai suru Hito - Actualité manga

Ai suru Hito : Critiques

Ai suru Hito

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 18 Novembre 2014


Yuki Yoshihara est bien connue dans le monde du josei : son style est globalement toujours le même, et seuls change le scénario de départ et le caractère de certains personnages secondaires. Sinon, on se retrouve toujours avec une héroïne nymphomane, sensible, amoureuse et accro à l’amour. Ici, Sakiko est une étudiante qui tombe folle amoureuse de son professeur. Elle va tout essayer pour le faire tomber dans ses filets, malgré sa résistance exemplaire. Il faut dire que ledit professeur est marié, et que son sens de l’honneur est très développé. Mais ce n’est pas ça qui arrêtera la jeune fille en furie, qui ira même jusqu’à demander des cours de séduction auprès du petit frère de son cher professeur … Voyez comme tout cela se présente sous un jour loufoque au possible ! Rares sont les moments sérieux, même si ceux-ci aiment à s’attarder sur les états d’âmes de Sakiko, dans des situations assez classiques d’une relation. A savoir des questions comme comment lui plaire, comment se faire pardonner lorsqu’elle a fait une erreur … Mais également des réflexions sur leur amour, leur avenir, ce qui est bon ou pas pour eux, bref les épreuves normales d’un couple. Pour se différencier des shojos, qui abordent également ce genre de thématiques, Ai suru hito joue la carte de l’humour déjanté et de l’ablation des tabous.

Tel est en effet le paradoxe, et l’habileté de l’auteur qu’il faut bien lui reconnaître. Car jongler entre les scènes érotiques très adultes et un sens de l’humour pesant, souvent porté sur la chose et même parfois graveleux, n’est pas chose évidente. On assistera, au début avec stupéfaction, à l’attitude de Sakiko, à son caractère tout ce qu’il y a de plus original. Elle ressemble néanmoins beaucoup aux autres héroïnes de l’auteur, mais ce n’est pas la diversité que l’on cherche dans ses mangas, mais les leçons de vie qui peuvent en découler. Car les blagues sont toujours les mêmes. Pour exemple : la nymphomanie chronique de Sakiko, son harcèlement sexuel sur toute personne de sexe masculin, sa sensibilité mal placée, ses paroles crues et dénuées de tabous sont présentes pareillement dans les autres titres de Yoshihara … Bref, le tout forme un mélange impressionnant de ridicule et de loufoque. On ne rit pas à chaque fois, mais il suffit de quelques situations qui éveillent quelque chose chez le lecteur pour qu’il puisse s’y identifier. Et puis, au-delà de cet humour un peu maladroit, il y a toute la dimension émotive de Sakiko. Sa vision du sexe, par exemple, qui n’est pas aussi vulgaire que ses paroles le laissent entendre. Tout cela est au contraire très esthétique, à la fois pudique et sincère, on assiste à l’éveil de la sexualité de l’héroïne qui passe du stade de petite fille à celui de femme.

Au final, le scénario n’a pas grande importance. Même le trio amoureux n’est pas ridicule, car ce n’est pas vraiment ce qui nous intéresse. On se focalise sur les réactions de Sakiko, son parcours de jeune femme et son éveil à la vie. Ce n’est pas comme une telle situation dans un shojo, où larmoiements et lamentations sont au programme. Ici, cette relation est décomplexée, claire dès le départ et ne tourne pas dans de grandes effusions. C’est la vie comme elle est, dans un quotidien un peu singulier mais plausible. Bref, un point de vue rafraichissant de l’amour, même si les doses incroyables d’humour ne permettent pas toujours de s’en rendre compte. Il n’y a que la fin pour décevoir tant elle est mal avisée, et bien peu plausible. Un tel dénouement n’est pas souhaitable, et Yuki Yoshihara a trop voulu tirer sur la corde du partage pour faire une fin correcte au manga. Dommage. Dans ses dessins, elle est tout aussi inégale : les visages sont élégants, le trait très fin, parfois un peu trop pour ce qui est de la gente masculine qui est très largement féminisée, et les courbes esthétiques. Il n’y a que le contraste avec la masse impressionnante de SD qui choque un peu les néophytes et même certains habitués : trop de déformations cassent l’humour. Encore une fois, dommage puisque cela rend la lecture inégale, assez lourde et parfois presque indigeste tant l’auteur nous bombarde des mêmes blagues et situations désopilantes. Mais dans l’ensemble, Ai suru Hito reste une très bonne lecture, qui satisfera les plus jeune grâce à son ton léger, mais aussi les autres par la vision de la vie du couple que la série amène de temps à autre. Surtout qu'ici, le couple est au départ adultérin puisque le prof est marié. Tout le scénario est alors basé sur la progression de Sakiko qui passe d'élève à maîtresse puis à femme. Une belle réflexion sur l'amour et l'importance du statut de l'autre.


NiDNiM


Note de la rédaction

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

18.00,18.00,17.00,15.00

Les critiques des volumes de la série