Yasha Vol.3 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 29 Juin 2023

A l'heure où la direction de Neo Genesis va rendre visite à Kyôichiro Amamiya (non sans réserver une surprise sur le sort de son directeur ouvertement raciste Donald Goldberg), ce dernier tient captif Sei, à qui il finit par dévoiler toute la folie de son véritable objectif: utiliser le virus caskill fever, en accointance avec le gouvernement japonais, pour procéder à une épuration des êtres humains en vue d'éradiquer tous les gens qu'il juge inutiles (personnes âgées, SDF, etc). Refusant fermement de coopérer avec cet homme horrible, Sei doit également composer avec l'ambiguïté de Rin, ce frère jumeau avec qui il est connecté par la pensée, qu'il aimerait pouvoir aimer, mais en qui il ne peut absolument pas se reconnaître puisque, conditionné par l'éducation que lui a donnée Amamiya et par sa haine envers l'humanité qui l'a créé, Rin semble suivre de près les directives de son père adoptif...

C'est dans ce contexte assez tendu et riche en révélations que se poursuit un récit qui, ici, pour schématiser, se partage en deux grandes étapes: tout d'abord la tentative de Sei d'échapper à Amamiya qui compte bien le garder sous son joug pour l'utiliser de gré ou de force, et ensuite de nouveaux événements sur lesquels on va éviter d'en dire plus car ils occupent la dernière partie du tome et se révèlent véritablement terribles dans ce qu'ils impliquent.

Ce que l'on peut assurément affirmer, en revanche, c'est que derrière le schéma faussement simple du tome, Akimi Yoshida nous offre de nouvelles leçons de narration, de rythme et de scénario. En particulier pendant toute la phase ardue où Sei doit essayer d'échapper à Amamiya à ses hommes et à Rin, l'autrice livre non seulement un rythme soutenu et tendu porté par nombre de petits rebondissements (exploitant notamment des figures comme Kei, prêt à sa sacrifier pour permettre à notre héros de fuir), d'informations supplémentaires (sur le fameux Jonathan Smith, entre autres), de mises en avant de la toute-puissante et inattaquable famille Amamiya (qui, au fil du temps, a visiblement accumulé un paquet d'informations compromettantes secrètes sur le Japon...), ou encore de rapides mais bien présentes réflexions plus générales, par exemple sur l'orgueil typiquement humain. A la fois mouvementé, limpide et très méticuleux dans son scénario aux multiples embouchures, le récit reste ici un modèle de rigueur de la part de la mangaka.

Mais si l'histoire de Yasha reste si prenante, c'est aussi parce que Yoshida accorde sans cesse une réelle importance à nombre de ses personnages. De notre héros Sei jusqu'au naïf et volontaire Toishi en passant par l'ambigu Rin, l'odieux Amamiya, le vulgaire Raymond Goldberg, l'orgueilleux Itô, Ken et bien d'autres, chacun a bel et bien un rôle, une place dans cette vaste intrigue, et cela se ressent encore mieux à travers les relations très diverses et souvent fortes et intenses qui peuvent les lier, que ce soit en bien ou en mal. On pense à cette relation Sei/Rin qui oscille vers la détestation ici, à la relation teintée de manipulation entre Rin et son père adoptif, au lien Rin/Takeru qui semble largement dépasser l'amitié, à la loyauté pleine d'abnégation de Ken envers Sei, à l'attachement de mayo pour son acolyte qui l'a autrefois sauvé, à l'amitié plus candide unissant Sei et Toishi, au lien fraternel Toishi/Moishi, ou même à ce que l'on découvre sur la relation entre Imai et Kumiko, deux personnages jusque-là très secondaire et qui,à leur tour, viennent participer à la tension du récit. On en oublie en route, mais l'idée est là: ces relations qui s'entremêlent sont gérée à merveille par l'autrice et participent beaucoup à l'immersion et à la réussite du scénario, en accentuant et apportant nombre d'enjeux.

Yasha ne fait que confirme son excellence avec ce troisième pavé intense, mouvementé et très riche, grâce au talent d'une mangaka qui maîtrise parfaitement son récit jusqu'à présent.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction