Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 04 Mai 2022

A l'issue de la nouvelle bataille sanglante à laquelle elle a dû participer malgré ses réticences, Mana Oga a disparu du plan de coordonnées, en laissant derrière elle, au sein du monde réel, son corps inanimé. Elle finit par se retrouver parmi la "Section Lin", dans un endroit à première vue paradisiaque où les Navis sont plut nommés Anges, et où les femmes semblent vivre paisiblement en accompagnant les enfants jusqu'au jour où ils devront quitter le nid. Elles leur apprennent à se nourrir, à fuir leurs prédateurs naturels, à trouver des lieux sûrs où vivre pendant qu'ils sont encore dans leurs ventres, tout ceci donnant alors une vision plus douce du plan de coordonnées. Mais cet idéal ne cache-t-il pas autre chose ? N'est-il pas qu'une illusion ? Pendant ce temps, les vrais enfants ne continuent-ils pas de brûler dans l'immense brasier provoqué par les Second ? La jeune femme sent l'entourloupe, au grand dam de la Docteure Lin, et finit pas se réveiller avec, au fond d'elle, des sentiments plus rebelles que jamais. A l'heure où la Sergente Almare prépare elle aussi sa révolte face à ce système en totale dérive, Mana mais aussi ses autres compagnes comme Kei et Shad vont toutes devoir faire des choix cruciaux...

C'est sur un cinquième et dernier volume encore plus épais que les précédents (pas moins de 350 pages !) que WOMBS, l'incroyable fresque de science-fiction de Yumiko Shirai, se referme. Et le moins que l'on puisse dire est que la mangaka clôt cette saga guerrière avec beaucoup de force, tant le volume agit comme une permanente montée de tension, avec son lot de planches fascinantes et intenses, de rebondissements, et surtout de révélations autour de tous les aspects principaux du récit (le rôle qui devait être donné à Mana, ce que sont devenus les proches de notre héroïnes sur ses terres natales, la vérité sur le plan de coordonnées, sur les Nibas, etc...). Il est difficile, concrètement, d'en dire plus sans spoiler sur la teneur des événements, donc arrêtons-nous là.

Ce que l'on peut affirmer sans souci, en revanche, c'est que l'autrice pousse jusqu'au bout ses thématiques principales, en utilisant à très bon escient une galerie d'héroïne qui, de Mana à la charismatique Almare en passant par Saura ou Mimi, ont toutes des choses à véhiculer, d'autant plus qu'il y a dans ce tome le sentiment que la plupart d'entre elle s'unissent plus que jamais face aux épreuves, comme de véritables camarades et amies formant une redoutable meute. Les thématiques restent fortes autour des errances de cette guerre (et de la guerre de manière générale) avec ses éléments de propagande bafouant les humains, ses manipulations, ses vérités cachées, ses nombreuses victimes inutiles qui ont vite fait d'être oubliées... Mais plus encore, Shirai cristallise à merveille la notion de maternité, qu'elle dépeint avec force et symbolisme depuis es débuts de son récit: ce que signifie cette maternité, la façon dont l'opération W.O.M.B.S. la bafoue, le fait de porter puis d'élever un enfant, la dureté de perdre sa progéniture, les rapports mère/enfant... sont autant de choses que la mangaka sonde en profondeur à travers ce récit guerrier de hard SF. Mana et ses compagnes sont-elles des mères ou des soldates ? Après toutes ces épreuves, nul doute qu'elles ont trouvé leur propre réponse, surtout au vu de l'épilogue soigné.

A l'arrivée, WOMBS aura été, d'un bout à l'autre, un récit aussi exigeant que fascinant dans ses concepts et son identité visuelle, et intelligent dans l'abord de ses thématiques-phares. L'oeuvre n'a aucune volé sa solide réputation lui ayant valu quelques prestigieuses récompenses au Japon, le mieux étant que le lectorat français peut ensuite se pencher sur sa préquelle WOMBS Cradle, tout juste lancée en prépublication numérique par Akata en attendant une sortie physique de ses deux volumes en 2023.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs