Wistoria - Wand and Sword Vol.1 - Manga

Wistoria - Wand and Sword Vol.1 : Critiques

Tsue to Tsurugi no Wistoria

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 03 Septembre 2024

Le nom de Fujino Ômori résonne tout particulièrement pour les fans de la saga DanMachi puisqu'il en est l'auteur original . Écrivain du light novel d'origine, il ne chôme certainement pas depuis 2013, année de lancement de sa saga. Il écrit aujourd'hui la série principale en parallèle à son long spin-off, Sword Oratoria, tandis que les adaptations mangas et animées de son univers se multiplient.

Alors, à l'époque où le média-mix n'a jamais été aussi fleurissant dans le monde du divertissement japonais, pourquoi ne pas permettre à Fujino Ômori de devenir aussi auteur de manga ? C'est ainsi que depuis 2020, il est auteur de la série Tsue to Tsurugi no Wistoria, œuvre qu'il réalise aux côtés du dessinateur novice Toshi Aoi pour la revue Bessatsu Shônen Magazine de l'éditeur nippon Kôdansha. Avec ses 10 volumes pour une publication toujours d'actualité, le manga a un joli petit avenir devant lui, d'autant qu'une adaptation animée est déjà disponible.

Et si l'anime nous est rendu disponible depuis le mois de juillet sur Crunchyroll, le manga Wistoria : Wand & Sword, titre original chez nous, nous parvient aux éditions Pika pour cette rentrée 2024. Un créneau assez idéal pour lancer une nouvelle œuvre ambitieuse, preuve que l'éditeur semble y croire.

Dans un monde où la magie domine, une tour sacrée protège la voute céleste des forces obscures. Créée par les Magia Vende d'autrefois pour repousser l'ennemi, elle est désormais la cible des plus ambitieuses vocations, car c'est en intégrant l'Institut supérieur qu'un mage peut prétendre à ce titre. Pour honorer une promesse faite autrefois, Will Selfort veut obtenir ce rang si convoité, et ainsi atteindre le sommet de la tour. Malheureusement, il est totalement dénué de capacités magiques, un handicap qui lui vaut le surnom de "Magirien" et qui pousse ses camarades et certains professeurs à le prendre de haut. Pour contrebalancer cette faiblesse, il étudie sans relâche et s'est hissé en première place de la théorie et du terrain. Car Will est aussi un guerrier à la puissance étonnante, et c'est par elle qu'il compte trouver sa place. Mais dans ce monde où la magie est sacrée et les armes dénigrées, le jeune homme fait face à un chemin semé d'embuches.

À première vue, le pitch de Wistoria peut sembler de l'ordre du déjà-vu. Nombre de mangas de fantasy, dont des isekai, mais aussi des titres d'action, ont joué sur la particularité de leur héros à briller dans un domaine à contre-courant des codes de l'univers dans lequel ils évoluent. Mais résumer ce premier volume à cette idée est particulièrement réducteur tant Fujino Ômori montre ce qu'il sait faire de mieux dans cette amorce : créer un univers riche et bourré de promesses.

S'inspirant volontiers de la fantasy au sens large, l'auteur distille minutieusement la richesse de son monde dans un premier opus dense, bien que ses péripéties restent de l'ordre du classique. En insistant sur un cadre scolaire, une école de magie, il joue sur des éléments qui s'apparentent aujourd'hui à de la fantasy classique, mais use de ces ingrédients pour placer quelques ingrédients qui, observés dans leur ensemble, prouvent qu'il a pensé en amont l'immensité de sa série. Avec DanMachi, le constat était similaire puisque les premières aventures de Bell Cranel ne laissaient pas directement entrevoir l'immensité du potentiel de l'œuvre phare de l'auteur. Avec ce début de Wistoria, la comparaison se tient, même si le présent manga se montre déjà bavard en données qui capteront notre intérêt, et qui démontrent tout le potentiel de l'histoire. On espère alors que Fujino Ômori parviendra, à terme, à honorer ces possibilités, ce qu'il commence à faire avec un cheminement classique, mais des plus agréables.
L'histoire est donc celle d'un héros qui aspire à obtenir le plus grand grade de magicien... tout en étant dénué de la moindre capacité magique. Idée simple, certes, mais que Ômori parvient à décortiquer avec un cadre riche, tandis que Toshi Aoi donne une allure élégante à cette amorce de scénario.

On pourrait dire de ces premières idées qu'elles sont trop évidentes, et que l'utilisation d'un énième donjon-souterrain envahi de monstres relève de l'auto-plagiat de la part de l'auteur. Pourtant, ce donjon n'est qu'un fragment dans un tout qui semble bien plus vaste, où la place de la magie nous impose une morale que le héros aura le loisir de défaire, ce en prouvant son potentiel à travers des accomplissements déjà présents. Ce premier tome jongle entre cette vaste exposition et des scènes d'action qui nous régalent déjà, ce grâce aux talents de dessinateur et de conteur du mangaka. Toshi Aoi, illustre inconnu chez nous, nous régale déjà de compositions inspirées, donnant des planches nerveuses quand il faut, tout en développant une esthétique soignée grâce à un character-design auquel il insuffle sa patte. Il y a un charme visuel évident dès cet opus d'introduction, un rendu visuel qui complète la phase d'exposition et d'amorce pour aboutir à une lecture vraiment prenante de bout en bout. Certains relèveront quelques clichés, d'autres regretteront peut-être quelques idées trop classiques. Mais sans son ensemble et par son excellent équilibre, le début de Wistoria n'a franchement pas à rougir et a de quoi contenter les amateurs de fantasy, ceux de shônen d'action où priment les combats à l'épée, ainsi que les lecteurs cherchant une intrigue et un univers aux potentiels forts. Il ne tiendra qu'à la suite de confirmer ces promesses et de prouver que le manga de Fujino Ômori et Toshi Aoi en a dans le ventre.

Une très belle entrée en matière donc, assez classique pour nous donner des repères, mais suffisamment dense pour promettre un tout beaucoup plus grandiloquent, couplé au trait affirmé de son artiste, pour un début de série qu'il convient de surveiller.

Côté édition, Pika offre un travail convaincant, avec un papier honnête et un texte français très efficace signé Ninon Masella. Le lettrage est assuré par le studio Charon et s'avère bien calibré tandis que Tom "spAde" Bertrand propose une jolie couverture avec une belle réalisation du côté du logo français, très fidèle à l'esprit de l'original.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs