Valhallian the Black Iron Vol.1 - Actualité manga
Valhallian the Black Iron Vol.1 - Manga

Valhallian the Black Iron Vol.1 : Critiques

Kurogane no Valhallan

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 13 Avril 2023

Chronique 2 :


Début 2017, nous faisions la connaissance de Toshimitsu Matsubara et de son trépidant Rikudô, manga de boxe sur fond de problèmes de société, dans lequel des laissés pour compte se hissent au panthéon des boxeurs du Japon. Si le manga s'est parfois montré inégal, avec notamment des relents graveleux qui n'avaient pour effet que de mener à une fausse maturité, Rikudô s'est imposé comme un excellent titre dans sa dimension sportive, grâce à la narration et aux compositions d'un auteur prometteur, dont il s'agissait de la toute première série professionnellement publiée. Il faut dire que Toshimitsu Matsubara a un certain bagou, ce dernier ayant été l'assistant de Yasuhisa Hara, monstre de mangaka derrière Kingdom.

Rikudo prend fin en 2019, après un 23e tome qui apportait une conclusion censée, jolie et pertinente. Et après une telle série, un attendait forcément son auteur au tournant. Après avoir dessiné l'histoire courte Duelant, en 2019, c'est en 2021 que l'artiste revient dans les pages du Young Jump pour y proposer sa nouvelle œuvre : Kurogane no Valhallian. Un manga fantastique sur fond d'historique, dans lequel un puissant samouraï qui a repoussé l'invasion mongole se trouve invoqué au Valhalla, pour participer à un conflit en valkyries. Fort de la petite notoriété de l'auteur, on attendait le récit chez nous, et c'est finalement Ki-oon qui en a acquis les droits, publiant le manga sous le titre Valhallian : The Black Iron, intitulé anglophone officiel. Entre-temps, la parution japonaise de la série n'a pas connu le destin que les fans de l'artiste pouvaient anticiper. La prépublication s'est achevée fin 2022, tandis que le 6e tome est venu conclure le récit. C'est donc une série plutôt courte que nous offre Toshimitsu Matsubasa, le lecteur français pouvant légitimement s'interroger sur le caractère de cette conclusion, si celle-ci résulte d'une annulation de la parution pour faute de succès, ou d'une volonté de son auteur.

Abordons maintenant le titre, en étoffant davantage son synopsis. À l'ère Kamakura, l'invasion mongole a été repoussée. L'une des causes, c'est la présence de Tetsujiro sur le front, un samouraï héritier du style Soma, dont la lame serait possédée par un démon. Malgré ces hauts faits, Tetsujiro n'a pas eu droit à la reconnaissance de son pays. Tandis que la famine guette de nombreuses contrées, le samouraï n'est plus qu'un père de famille, presque incapable de nourrir son fils, Takemaru. Bien que ce dernier soit chétif, il est, comme son père, nourri par la fierté du samouraï. Un jour, Tetsujiro se réveille loin de ses contrées, dans un pays fleurissant où le gibier est imposant. Il n'est plus sur Terre, mais au Valhalla, après avoir été invoqué par une valkyrie en quête d'un champion pour combattre pour elle. Mais loin de se montrer convaincu par cette Hrist, le guerrier va avant tout chercher un moyen pour revenir chez lui. Mais abandonner les habitants du Valhalla qui comptent sur lui serait contraire à l'honneur du samouraï, et à la volonté qui habite Takemaru. Alors, quel sera le choix de Tetsujiro ?

C'est donc un isekai que nous propose Toshimitsu Matsubara pour sa dernière œuvre en date. Un récit de réincarnation dans un monde imaginaire, loin des univers de fantasy omniprésents dans le genre, mais une terre divine inspirée par la mythologie nordique, via un concept qui pourrait bien permettre à l'auteur de puiser dans les folklores. C'est en tout cas sa proposition avec ce premier tome, plantant l'action dans le très connu Valhalla, avec la simple idée de pouvoir faire intervenir les guerriers de toutes les cultures. Car dans ce monde revisité, les valkyries peuvent invoquer les âmes de n'importe quel combattant. On se trouve certes sur un point historique précis, empêchant l'entrée en scène de figures poste XIVe siècle a priori, ce quin'empêche pas la myriade de possibilités.

Un vrai champ des possibles que l'auteur commence à explorer tout en posant les premiers éléments de son histoire, que ce soit le contexte de vie du protagoniste qu'est Tetsujiro, la situation du Valhalla, les règles qui régissent ce monde des dieux, en passant par de premières confrontations entre guerriers terriens invoqués. Un programme riche pour un simple premier tome, que l'artiste développe en se rappelant de son sens de l'action dépeint dans Rikudô. Valhallian est donc un manga nerveux et violent, où les coups de lames tranchantes remplacent les poings du ring, menant à un récit de fantasy particulier, entre la noirceur des batailles violentes et l'onirisme d'un monde aussi merveilleux que dangereux. Dans ce climat, l'enjeu vient essentiellement des choix du héros, tiraillé entre son envie de rejoindre le monde des vivants pour y retrouver son fils, ou l'honneur du samouraï qui le pousse à combattre pour les plus démunis. En somme, Matsubara utilise les codes de la figure guerrière héroïque avec sobriété, de manière très simple, mais suffisante pour justifier les péripéties de Tetsujiro aux côtés de Hrist, la valkyrie qui l'a invoqué.

Et parce que ces bases sont très denses, on demande à en découvrir davantage sur Valhallian, que ce soit sa trame scénaristique, son univers, et la manière dont l'auteur explorera cet ensemble aux règles suffisamment libertaires pour donner un récit d'une grande inventivité. Mais en seulement 6 tomes, le challenge sera corsé, ce qui n'empêche pas de savourer la lecture pour ce qu'elle est, et notamment pour la patte si énergique et maîtrisée de son artiste. On est donc bien tentés de laisser sa chance au titre, malgré son petit nombre de volumes, tant les retrouvailles avec l'art de Toshimitsu Matsubara sont plaisantes, et sa proposition pleine de promesses.

Du côté de l'édition, Ki-oon propose une travail fidèle à ses habitudes, avec un ouvrage aux finitions solides, une adaptation graphique de qualité par le studio Clair Obscur, et une traduction vivante de Jean-Benoît Silvestre qui sait maîtriser cet univers qui allie les folklores et les pans de l'Histoire.

À noter que ce premier volume s'est décliné en une édition collector, marquée par une couverture réversible, et surtout la présence du one-shot Duelant de l'auteur, dans son propre mini-volume. Un supplément qui n'a rien d'anodin, et qui a de quoi ravir les amateurs de Toshimitsu Matsubara.



Chronique 1 :


La famille Seinen de Ki-oon s'agrandit avec un titre surprenant tout en étant totalement dans l'air du temps!
Composé uniquement de 6 tomes, ce qui est bien suffisant pour créer un univers riche et passionnant, le titre est issue d'un auteur bien connu en France pour l'excellent titre Riku-do (manga de boxe, terminé en France, publié chez Kaze)! Avec son titre précédent il a su démontrer un sens de la mise en scène rare et terriblement efficace; et en même temps quand on sait qu'il a été apprenti de Yasuhisa Hara, l'auteur du grandiose Kingdom piblié chez Meian...lisez ce titre!), on comprend mieux d'où lui vient son sens de la mise en scène!
Passionné depuis toujours par les samouraïs et les guerriers épiques, il avait déjà mis en scène l'histoire d'affrontements entre samouraïs et légionnaire romains...il s'est donc servi de cette expérience pour aller encore plus loin et nous proposer Valhalian, un titre à la croisée des mondes qui s'annonce riche en surprises!

Au XIIIe siècle, Tetsujiro Soma est un samouraï dont la réputation n'est plus à faire! Il a grandement contribué à repousser l'invasion Mongole sur le Japon...et il s'est montré tellement efficace dans cette guerre que même ses alliés le craignent! Perçu comme un démon, il est mis au ban de la société et ne peut plus subvenir aux besoins de son peuple, ni même à celui de son fils!
Il est d'ailleurs témoin de la bienveillance et de la détermination de ce dernier lorsque celui ci va déposer aux plus démunis le peu que Soma est parvenu à chasser. Fier de son fils, il s'endort...pour se réveiller au Valhalla! Sa vie a pris fin et il a été invoqué par, Hrist, une Valkyrie pour être son guerrier! Il découvre un monde ravagé où des légionnaires Romains sèment le chaos et répandent la peur sous les ordres d'une autre Valkyrie. Rapidement il découvrira qu'il ne peut mourir à nouveau et qu'à chaque nouveau jour il régénère ses blessures! Il entreprend de partir en guerre contre les légionnaires mais aurait bien besoin d'alliés, d'autres guerriers légendaires ayant foulé la terre à travers le monde! Et à travers le temps!

Ce premier tome est rempli de référence et on devine le coté geek / fanboy de l'auteur rien qu'en découvrant cette entrée en matière!
Si le point de départ s'annonce prometteur, le concept de réunir des guerriers à travers le temps dans une guerre se voulant dantesque n'est pas nouveau! On a pu voir ça notamment dans le très déceptif Drifters de Kohta Irano (dont j'ai renoncé à voir la fin un jour) ou plus récemment dans Valkyrie Apocalypse (également chez Ki-oon, qui partage l'importance des Valkyries et le concept de Ragnarok...et est une inspiration évidente) ou encore Witche's War.
La vraie grosse différence avec les deux derniers titres cités, c'est qu'ici Valhalian ne consiste pas à mettre simplement en scène un "bête" tournoi mais semble vouloir proposer une véritable aventure dans un monde qu'on espère développé.
Mais clairement la principale référence se trouve ailleurs, il faut aller la chercher du coté des jeux vidéos, non pas avec le l'excellent mais daté World Heroes, mais avec Valkyrie Profile (un de mes jeux préférés...un titre grandiose) où une Valkyrie va chercher l'âme de guerriers morts à travers le monde pour préparer l'armée d'Odin au Ragnarok! Et c'est exactement ce que semble raconter le récit de Toshimitsu Matsubara!
A ceci près qu'ici une rébellion a eu lieu au sein du Valhalla et que Hrist veut rétablir l'ordre avec ses guerriers! Puisqu'on le découvrira plus tard dans la deuxième partie du tome, Soma n'est pas le seul à avoir été invoqué par Hrist!
L'univers se place donc au sein du Valhalla où la mythologie Nordique tiendra une place importante, avec ses créatures, ses divinités, ses races...

Une fois les nombreuses références identifiées, qu'on s'en est amusé, on peut s'intéresser davantage à ce que nous propose l'auteur avec ce titre!
On découvre donc un personnage principal à la force sans commune mesure, à tel point qu'il effraie jusqu'à ses propres alliés! Donc ici, on le sait, on n'aura pas droit à une quête initiatique classique avec un héros ayant tout à apprendre! S'il se doit de découvrir les codes du monde dans lequel il évolue, en terme de capacités de combat, il se place au sommet de la pyramide. On gagne donc du temps à ce niveau, même si l'auteur va se servir de son personnage pour présenter au lecteur ce qu'il faut savoir de ce monde.
On va également apprendre qu'il est droit et place ses principes au premier plan; possédant des valeurs nobles il est prêt à se sacrifier pour les autres! Cela jouera bien entendu un rôle dans son implication dans cette guerre qui n'est pas la sienne. Pourtant l'auteur ajoute un élément pouvant venir perturber cela: il réfute sa propre mort et souhaite rejoindre son fils, désormais seul, livré à lui même dans la misère.

A ses cotés, Hrist est bien loin de la Valkyrie hautaine et sur d'elle du jeu...elle est présenté comme une Valkyrie de second rang, inférieur à celle contre qui elle lutte. Une invocatrice qui a besoin de ses guerriers pour mener une guerre qu'elle est incapable de remporter seule. A première vue elle n’apparaît pas comme particulièrement intéressante, mais plutôt comme un simple prétexte pour rassembler des guerriers venus de tous les horizons.

On ne tardera pas à entrer dans le vif du sujet, avec rapidement des affrontements qui seront mis en scène...et pour ça on peut faire entièrement confiance à l'auteur qui maîtrise largement son sujet! C'est fluide et totalement lisible. Le tout porté par un trait fin et maîtrisé. L'auteur parvenant à la perfection à retranscrire les émotions de ses personnages.
Le trait rappelle par bien des aspects celui de Masasumi Kakizaki (par moments on pourrait se croire dans Bestiarius). L'univers qui nous est présenté se veut dense et détaillé, avec des arrières plans fournis et évocateurs. Un régal pour les yeux.

Sans surprise l'édition de Ki-oon est un sans faute; l'éditeur semblant vouloir accorder une grande importance à ce titre malgré son nombre de tomes restreints, et c'est d'autant plus à leur honneur!

Une série plus que prometteuse qui dès ses premiers chapitres parvient à nous intriguer puis à nous séduire, à tel point qu'on pourrait déjà regretter de ne pas pouvoir en profiter au delà de 6 tomes. Mais que cela ne vous empêche pas de vous lancer dans cette remarquable aventure!


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
16.5 20
Note de la rédaction