Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 06 Janvier 2009
« Bien des peines entravent le cours de la vie des femmes... Mais nous les dépasserons une par une, en gardant le sourire. »
Ce recueil se compose de quatre petites histoires, toutes sur le thème des relations homme/femme: « Les vacances de l'été 1996 », « Conte allégorique de la salle de bains », « Conte de fées estival », « Pierrot ou le tonnerre d'applaudissements ». Même si elle n'est pas le meilleur travail de l'auteur, à mes yeux, cette suite de bribes de vies est néanmoins intéressante. Nous voilà plongé dans le monde de Mari Okazaki, un univers dans lequel la femme se montre telle quelle est, ne craignant pas les reproches des lecteurs, se mettant totalement à nue pour nous montrer la véracité de ses sentiments, ceux qui composent son cœur et qui font d'elle une femme, une vraie.
« Les vacances de l'été 1996 » est pour moi la plus belle des quatre histoires. Celle-ci met en scène quatre femmes qui osent faire part de leur relation plus ou moins intime, avec le même homme. Hiroyuki Yamamoto, ce nom leur évoque tant de beaux souvenirs, mais aussi beaucoup de souffrance. Voilà donc comment quatre personnages féminins s'apprêtent à faire leurs adieux, ensemble, à celui qu'elles ont aimé à un moment donné de leur vie.
Le texte est beau, les personnages attachants. Lorsque les petites anecdotes, ces morceaux de relations sont relatées, ces femmes sont présentes, et voient le déroulement de l'action tout comme nous, complètement intégrées dans le moment, dans cet espace-temps qui n'existe plus maintenant, mais qui réapparaît brièvement, le temps de le voir ou le revoir un instant, pour le partager. Dans cette histoire, nous même, mais aussi les personnages, sont projetés hors du monde. Leur vie d'aujourd'hui est oubliée pour un moment, leurs obligations sont laissées de côté, ceux qu'elles aiment également... Car il est bon parfois de se remémorer le passé, sans retenue ni pudeur, afin de mieux pouvoir lui dire au revoir.
Mari Okazaki réussit à nous plonger dans leurs souvenirs, et c'est avec surprise qu'un coup de téléphone surgit. Cet appel est le présent, la vraie vie qui reprend ses droits. Parfois, on aimerait que ce cri ne vienne jamais, pour retourner aussi longtemps que possible dans nos souvenirs. Mais le présent est indispensable à la construction de nouveaux souvenirs, aussi durs qu'ils puissent être parfois, mais en les regardant avec du recul, ils deviennent de belles histoires à raconter à ses amies, lors de soirées consacrées aux mémoires du cœur.
« Conte de fées estival » est la deuxième histoire qui m'a marquée. Voir une jeune fille, venue de nulle part, apparaître comme ça dans notre vie, n'est pas commun. Surtout que celle-ci arrive à un moment assez crucial, car le couple dont il est question est sur le point de se séparer. Mais parfois, deux personnes veulent s'éloigner prématurément, et ne se rendent pas compte que des sentiments sont toujours présents. Cette jeune fille est comme un ange qui permet au couple, petit-à-petit, de renouer et de se retrouver. Le dessin de l'auteur est très beau, et la scène dans laquelle la jeune fille quitte ce monde, emportée par le vent, est vraiment très belle.
« L'été donne le coup de grâce à certaines choses... Et puis s'en va. »
Mari Okazaki réussit toujours aussi bien à allier la nature à ses histoires de femmes, toutes si réelles, mais évoluant parfois dans des mondes assez décalés de la réalité.
« Quoiqu'il leur arrive, les femmes continuent à vivre. »