Urotsukidoji - La légende du Chôjin Vol.1 - Actualité manga
Urotsukidoji - La légende du Chôjin Vol.1 - Manga

Urotsukidoji - La légende du Chôjin Vol.1 : Critiques

Urotsukidoji

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Juin 2018

Toshio Maeda est l'une des plus grandes figures des mangas érotiques et pornographiques, si ce n'est la plus grande. Son style se distingue par des scénarios plus poussés que dans la majeure partie de la production hentai, et certaines de ses œuvres sont cultes au point d'être des références du genre. On peut citer la saga de la Blue Girl, un incontournable, mais aussi le titre présent : Urotsukidôji. Publié à la fin des années 80 au Japon, le manga a notamment cristallisé une mécanique du manga érotique devenue un cliché aux yeux du lectorat français : les tentacules dans une œuvre pornographique. Si c'est davantage l'anime, reconnu pour une certaine qualité de production, qui a fait émerger cette idée, le manga deviendra célèbre par écho. Comptant six volumes au Japon, il fut tout d'abord publié sous un format en cinq tomes par BD Erogènes, avant que Black Box entame une réédition sous une plus belle forme, prévue en quatre opus.


Hajime Amano, un adolescent pourvu de certains pouvoirs, intègre une nouvelle université. Mais ses objectifs ne sont pas ceux d'un étudiant simple : Amano est en effet en quête du Chôjin, une entité se réincarnant tous les 3000 ans. Doté de certains pouvoirs, il est capable d'affronter des créatures qui sont aussi à la recherche de cette réincarnation, s'en prennent à l'espèce humaine par les voies du sexe, pour mieux la dominer et la contrôler...


Si Urotsukidôji est un hentai, il ne faut pas s'attendre à un titre tel qu'on les connait aujourd'hui quand on entame la lecture du récit de Toshio Maeda. Ce premier volume, après une scène de sexe qui donne le ton du titre, intrigue par les codes fantastiques plantés. La série se fera en grande partie par le regard d'Amano, personnage central en quête du chôjin, et doté de certains pouvoirs. En résultera une quête durant laquelle le protagoniste mènera son investigation dans son entourage et guettera les événements les plus étranges liés à des affaires de viol et de sexe en tout genre. Un cas l'intéressera très rapidement : celui d'Akemi, camarade qui s'attirera les faveurs torrides de sa prof d'anglais, au grand dam de Tatsuo Nagumo, épris de la jolie Akemi.


Un programme qui a de quoi intriguer, tant l'orientation du récit, jonglant entre pornographie et éléments de scénario fantastique, constitue un cocktail plutôt savoureux, qui rend la lecture atypique. Ceux qui s'attendent à des scènes de sexe sans tabous seront servis, Toshio Maeda se faisant plaisir avec des situations variées et un langage plutôt cru qui démontrent bien les envies de tous ces personnages, des jeunes adultes pour la plupart, qui découvrent leur anatomie et leur libido. Ce sexe, associé à une intrigue un peu plus fouillée autour du mystique Chôjin, en devient parfois désopilant d'absurdité, certains ébats étant amenés sans aucun sens, de manière volontaire, afin de créer à un certain décalage. Plus qu'exciter son lecteur, Toshio Maeda semble ici vouloir jouer avec les registres et créer un divertissement pour adulte teinté de différentes couleurs.


Pourtant, on peut trouver un charme aux différentes séquences de sexe, ce grâce au dessin très marqué du mangaka. La période de parution du titre, datant de la fin des années 80, transparaît grâce aux codes graphiques utilisés, et des personnages qui transpirent cette époque, ne serait-ce par leurs tenues ou coupes de cheveux. En résulte un certain attrait qui rend les scènes torrides pas inintéressantes, quand bien même elles seraient placées sous le signe de la démesure ou du non-sens.


Car si Maeda peut proposer quelques rapports charnels crédibles, comme deux entre Akemi et Tatsuo qui ne sont finalement que ceux de jeunes adultes qui vivent leur première relation fougueuse, difficile de trouver ces mêmes qualités dans les autres séquences où de jeunes femmes acceptent sans trop rechigner de s'adonner à des rapports torrides avec le premier individu venu. On le comprend vite, tout personnage présenté pense d'abord avec ses hormones, créant régulièrement un décalage qui renforce l'absurdité du scénario. Un élément du titre qui contribue pourtant à son ambiance et, compris comme tel par le lecteur, peut aboutir à un divertissement assez efficace.


Restera alors un bémol dans la construction de l’œuvre : sa narration. Toshio Maeda jongle parfois entre les séquences et a tendance à nous perdre, certains passages allant trop vite sans que l'auteur prenne le temps de les contextualiser. Il faudra parfois être concentré lors de la lecture de ce premier tome pour bien saisir l'enchaînement de quelques scènes, notamment par que l'édition n'est pas chapitrée, mais constitue un bloc de lecture continu de la première à la dernière page. On peut toutefois constater l'impact de cette forme : le tout est assez bien rythmé, et il est difficile de s'ennuyer, quand bien même la narration s'avère confuse par moment. Dans cette optique, on pourra aussi signaler que les scènes d'action ne sont pas le point fort du mangaka qui manque de clarté lorsqu'il s'agit de présenter visuellement les effets des pouvoirs du Chôjin.


S'il a rencontré un franc succès lors de sa parution originale, ce premier tome d'Urotsukidôji a certainement moyennement bien vieilli, preuve en est certains éléments de l'intrigue qui ne fonctionnent pas forcément aujourd'hui. Reste que le titre, par son ambiance décalée, reste plaisant à suivre pour le moment, et qu'il est intéressant de le lire pour se rendre compte de ce que Toshio Maeda a pu apporter au genre. Ainsi, on reste curieux de voir ce que la suite a à proposer.


On soulignera aussi la très bonne édition de Black Box : Une couverture épaisse (mais sans jaquette, comme à l'accoutumée chez l'éditeur), et un papier d'excellente facture, un tout qui garantit une bonne prise en main et un confort de lecture. Mention spéciale à la traduction de Mélissa Millithaler qui s'en est donnée à cœur joie pour retranscrire tout le jargon cru de ce premier tome.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs