Trèfle - Double Vol.2 : Critiques

« Il y a beaucoup de lumières mais aucune ne brille pour moi. Jamais. »

Ce deuxième tome de la réédition de Trèfle par Pika comporte donc les deux derniers volumes de la série originale. Et, il faudra un petit temps pour le comprendre, si les deux premiers se déroulaient dans une chronologie normale, ici tout est bouleversé. La première moitié du manga se passe avant le premier tome, et toute la fin se passe encore avant ce début de tome. Un peu compliqué sur le papier, mais en réalité rien n’est plus simple que de comprendre que la fin du premier tome était bel et bien la fin définitive, triste et sans appel. Mais ici il n’est plus question de la mort de Suh, puisque tout le long de la lecture elle nous accompagnera, prenant moins d’importance, laissant la scène aux autres personnages inventés par les CLAMP, permettant ainsi de finir en beauté, sur une note de bonheur fugace et inespéré. Kazuhiko aussi s’efface, même si on le retrouve fréquemment aux côtés d’Oluha, ce n’est plus l’ancien officier si réfléchi et détaché que l’on a connu auparavant. Donc toute la première moitié du tome se concentre sur la rencontre de Suh et de la chanteuse, des espoirs et des sentiments que cette dernière fait naître dans le cœur du trèfle à quatre feuilles. Ici, tout se base encore une fois sur une chanson et leur complicité fait plaisir à voir autant qu’elle blesse lorsqu’elle se termine. On comprend alors toute la portée du premier volume, et voilà où se situe le génie des mangakas. Jusqu’à la dernière page de Trèfle, la lecture ne prend pas toute son ampleur. La vision doit être globale, et une deuxième approche semble indispensable pour comprendre toutes les subtilités. Néanmoins, ce serait briser la magie de la première lecture, qui reste un excellent souvenir sur ce titre.

Toute la deuxième partie, encore antérieure au début du second volume de cette nouvelle édition, nous fait un peu oublier Suh. Elle n’est plus là qu’en simple spectatrice totalement passive, alors qu’avant elle avait le mérite de pouvoir communiquer avec Oluha. En définitive, si le premier volume se centrait uniquement sur notre jeune trèfle aux yeux émeraude, le second prend pour base la chanteuse qui nous entoure de ses chansons hypnotiques. Pour cela, les couvertures sont bien étudiées. On y découvre les débuts de la relation entre la star et Kazuhiko, notre officier que l’on est forcé de redécouvrir, en oubliant ce que l’on sait de lui grâce à notre précédente lecture. Trèfle est ainsi un manga qui se lit au fur et à mesure, sans penser à avant ou après, en se focalisant uniquement sur les mots qui défilent sur les pages blanches. Par cette fin de titre, on se penche plus en profondeur sur le gouvernement et ses méthodes, mais surtout sur les autres trèfles et « Ran ». C’est un vrai bonheur d’approfondir un peu plus les personnages largement laissés de côté dans le premier tome. Ainsi, pas de temps mort, toujours de nouvelles émotions à découvrir, un système bien pensé même s’il manque un tantinet d’exploitation … Bref, le groupe de mangakas a su créer un monde rempli de poésie sans perdre son lecteur, mêlant une chronologie singulière, un dynamisme très particulier et des graphismes plus qu’esthétiques. Ce manga est une perle si l’on sait prendre son courage à deux mains et dépasser les débuts un peu durs en compréhension.