Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 08 Avril 2025
Chez les Takeda, l'impensable vient d'avoir lieu: Tanaka, le mystérieux homme rôdant au village, vient de décapiter le faux Hikaru, sous les yeux abasourdis de Yoshiki qui, même s'il sait que ce qui réside dans le cadavre de son ami devrait "réparer" celui-ci, s'évanouit. Tanaka n'achève cependant pas ce qu'il a commencé et s'éclipse, non sans laisser alors subsister de nombreux doutes sur lui. Est-il un ennemi ou autre chose ? Pourquoi est-il là ? pour qui travaille-t-il ? Quel est son but ? A leur réveil, nos deux héros n'ont cependant qu'une idée en tête: trouver au plus vite comment stopper les inquiétants changements qui ont lieu de manière de plus en plus prégnante... Et pour ça, il va leur falloir accélérer leurs recherches sur différents plans.
Quelles sont les faces les plus sombres du passé de Kubitachi ? Quel crime ont bien pu commettre autrefois les Indô, ancêtres de Hikaru ? Qui est ce seigneur No'unuki dont les garçons ont trouvé la trace ? Telles sont les interrogations qui, au fil de ce cinquième volume, sont vouées à se dévoiler de plus en plus. Et quand bien même certaines avancées arrivent de façon un tout petit peu facile (on pense au fait que, comme par hasard, Maki en connaisse un rayon sur certaines "légendes" grâce à son frère fan d'occultisme), le récit reste d'une redoutable efficacité, ne serait-ce que grâce à la maîtrise de son scénario qu'a Mokumokuren, en distillant soigneusement les bribes de révélations... mais aussi les hypothèses et nouvelles énigmes qui en découlent.
En tête de ces énigmes subsiste toujours la question de ce qui se trouve en Hikaru, en provoquant toujours en lui les mêmes tiraillements sur son identité et sur sa peur de faire mal à son entourage sans le vouloir. Il a beau être potentiellement dangereux pour son entourage on sent qu'il ne pense pas à mal, et même s'il dit ne toujours pas comprendre les sentiments humains on ressent bien à la fois sa peur de la solitude et son attachement pour Yoshiki, attachement qui pourrait même le pousser à prendre une décision cruelle envers lui-même.
C'est précisément cet attachement mutuel des deux personnages principaux qui continue aussi de nous marquer, tant celui-ci apparaît sincère derrières les tourments et se distingue des codes de l'amitié ou de l'amour. Et peut-être que cela se cristallise encore plus à partir du moment où le faux Hikaru demande à Yoshiki comment était le vrai Hikaru, son précieux ami d'enfance, le défunt garçon restant alors un puissant liant entre les deux protagonistes.
Les thématiques habituelles (le deuil, entre autres) restent également bien traité, certains visages comme Asako continuent de discrètement de gagner encore en valeur dans ce récit, et le travail visuel reste toujours aussi saisissant en terme d'ambiance, ne serait-ce qu'à travers les onomatopées subtilement utilisées pour créer et accentuer les atmosphères, à l'image de celles, discrètement pesantes, qui apparaissent quand Yoshiki décide de parler à son père, ou de celles, plus lancinantes, accompagnant la séquences des dernières dizaines de pages sur la plage.
Au sommet de son art sur le plan artistique, Mokumokuren propose surtout un volume aux révélations, aux ambiances, aux développements relationnels et aux thèmes toujours aussi forts, d'autant plus qu'il semble marquer un tournant en vue de la suite du récit. Ajoutons à cela l'intéressante petite série de questions-réponses avec l'artiste en guise de bonus, et on a encore la confirmation de toutes les qualités de cette captivante série.