The Night Beyond the Tricornered Window Vol.1 - Actualité manga
The Night Beyond the Tricornered Window Vol.1 - Manga

The Night Beyond the Tricornered Window Vol.1 : Critiques

Sankaku Mado no Sotogawa wa Yoru

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Août 2022

Mangaka très prolifique depuis ses débuts professionnels en 2005, et capable d'officier autant dans le yaoi que dans le shôjo/josei ou le seinen, Tomoko Yamashita a avant tout été découverte en France il n'y a pas si longtemps avec le lancement aux éditions Kana, l'année, dans la collection Life, de l'excellente série Entre les lignes. Mais si le nom de cette autrice était déjà familier à certain(e)s d'entre vous, c'est peut-être parce que l'un de ses autres mangas Sankaku Mado no Sotogawa wa Yoru (littéralement "Il fait nuit devant la fenêtre triangulaire") a été adapté en anime pendant l'automne 2021 sous le nom international The Night Beyond the Tricornered Window, celui-ci étant disponible en France sur la plateforme Crunchyroll. C'est ce manga que les éditions Taifu Comics, depuis le mois dernier, ont eu l'excellente idée de lancer dans notre langue.

Riche de dix volumes, cette série fut pendant longtemps la plus longue oeuvre de la carrière de Yamashita, mais va bientôt être rattrapée par Entre les lignes/Ikkoku Nikki dont les chapitres du 10e tome sont en cours de prépublication. L'oeuvre a vu le jour entre 2013 et début 2021 dans le célèbre magazine boy's love Be x Boy des éditions Libre, et a également eu droit en décembre 2021 à un volume bonus faisant office de suite sous le nom Sankaku Mado no Sotogawa wa Yoru - Sono Ato.

On découvre ici Kôsuke Mikado, jeune homme qui travaille dans une librairie et qui tâche autant que possible, depuis bien longtemps, de vivre avec un donc loin d'être enviable: il voit des esprits de personnes visiblement mortes et n'ayant jamais trouvé le repos. Atteint d'une mauvaise vue, il voit flou quand il retire ses lunettes, sauf pour ces morts qu'il distingue toujours parfaitement. Et c'est bien ce qui attire auprès de lui Rihito Hayakawa, un exorciseur qui a repéré son don et qui veut l'exploiter, en considérant que la vue de ce libraire est en réalité exceptionnelle. En soudoyant le patron de Kôsuke et en promettant de fortes sommes au jeune homme, Hayakawa lui force presque la main pour qu'il devienne son assistant, à lui qui a précisément pour principal limite dans son job de ne pas distinguer nettement les esprits. Entre les deux hommes commence alors une collaboration qui, d'affaire en affaire, risque de les emmener encore plus loin que prévu...

Avec son dessin tout en finesse où brillent certains découpages ainsi que certaines petites idées visuelles (par exemple, le rendu épuré et trouble de la vue de Mikado quand il enlève ses lunettes est bien trouvé), sa narration posée collant bien aux histoires, et son mélange intrigant de mystère, de surnaturel, de thriller, d'horreur et même d'humour par moments, Tomoko Yamashita n'a aucune difficulté à nous immerger d'emblée dans son univers, au gré de 6 premiers chapitres nous contant autant de premières affaires jouant sur des créneaux assez différents: expulser le fantôme d'une suicidée dans un appartement réputé maudit, retrouver un corps composé des membres de plusieurs femmes assassinées, comprendre ce qui se cache derrière les faits étranges se passant dans la maison d'une femme où les objets semblent possédés, exorciser un esprit qui n'apparaît que quand on dort, lever le voile sur les actes d'un voyant possiblement charlatan, comprendre ce qui se passe dans un établissement scolaire pour fille où une élève en particulier semble maudite...

Malgré la brièveté de chacune de ces premières histoires, l'autrice nous mène d'un point A à un point B toujours avec réussite, grâce à des récits variés qui parviennent à jouer sur différentes choses, ne serait-ce que l'installation de personnages secondaires assez prometteurs comme le truculent inspecteur Hiroki Hanzawa (qui quémande de temps à autre l'aide de Hayakawa alors qu'il ne croit pas du tout aux esprits, et qui nous offre ici quelques petites perles d'humour noir), ou la mise en place d'un premier fil conducteur autour de la dénommée Erika Hiura, une fille mystérieuse dont le nom se retrouve régulièrement dans des cas de malédictions puissantes. Mais c'est surtout la nature du lien entre les deux personnages principaux qui capte le plus l'attention dans l'immédiat, en premier lieu parce que Mikado et Hayakawa ont des personnalités très opposées, le premier ayant toujours mal vécu son pouvoir dont il a peur et étant d'abord peu enclin à aider l'exorciseur, tandis que le deuxième possède une personnalité un peu plus légère, sociable voire taquine, du haut de son expérience avec les esprits. Et pourtant, au fil des premières affaires, Mikado risque d'avoir déjà des premières prises de conscience, en particulier le fait que les esprits étaient des êtres vivants avant de mourir, ce qui pourrait le faire évoluer sur la longueur. Enfin, c'est également dans la manière surnaturelle dont les deux héros sont "connectés" que la mangaka séduit, leurs manières de coopérer pour résoudre les affaires pouvant faire appel à différentes choses: partage de leurs sens quand ils sont en contact, séparation entre âme et corps, possession du corps de l'autre... le tout n'étant pas sans effets "érotiques" tout en sous-entendus puisque ces étranges contacts provoquent du plaisir chez les deux hommes, cette idée très soft et plutôt bien fichue étant pour l'instant l'unique chose nous rappelant que ce prometteur thriller fantastique a été prépublié dans un magazine yaoi.

A l'arrivée, ce premier tome tient toutes les promesses que l'on pouvait en attendre. Sous la plume et le style séduisants de Tomoko Yamashita, s'installe dans The Night Beyond the Tricornered Window un récit facilement prenant voire fascinant dans certaines idées, et dont on attendra la suite avec beaucoup d'intérêt, ce qui tombe plutôt bien puisque le tome 2 est sorti en même temps que le premier volume !

Enfin, malgré un papier parfois un peu transparent, l'édition proposée par Taifu Comics s'avère suffisamment qualitative, entre la traduction très claire de Nicolas Pujol, le lettrage convaincant, l'impression honnête, la souplesse du livre, la première page en couleurs, et surtout la beauté de la jaquette dont les minutieux effets vernis apportent un certain cachet.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs