The Bugle Call Vol.1 - Actualité manga

The Bugle Call Vol.1 : Critiques

Sensô Kyoushitsu

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 26 Mars 2024

Chronique 2 :


Toujours à la recherche de nouveautés prometteuses, et bien qu'ils soient très fidèles à certains auteurs phares, Ki-oon a appris à faire confiance à des auteurs inconnus!
Et ce sera le cas ici avec ce nouveau titre, "The Buggle Call" issus de l'imagination de Mozuku Sora au scénario et de Higoro Toumori aux dessins dont c'est ici le premier titre!
Avec à ce jour six tomes au Japon pour une publication toujours en cours, le titre vient se tester chez nous et s'annonce aussi intrigant que captivant, nous faisant découvrir un univers rappelant notre moyen âge mais teinté de fantastique! Un monde à la fois violent et sans concession mais également onirique et merveilleux, un cocktail particulièrement séduisant pour débuter l'aventure!

Luka est un jeune garçon de 14 ans qui appartient à une troupe de mercenaires! Il possède trois caractéristiques qui le distinguent des camarades de son unité: Tout d'abord il déteste la guerre et la violence, le monde dans lequel il vit le rend malade et il aspire à une vie tranquille. Ensuite, il joue du clairon et aiguille les troupes. Il prétend même voir les sons. Il se fascine pour tout ce qui se rapporte à la musique, même s'il est incapable de lire une partition. Enfin, troisième et dernière caractéristique, et non des moindres: il possède une petite corne en bois sur le crane depuis sa naissance!
Ayant été recueilli enfant par Gerhart, le leader de la troupe de mercenaires, il a été élevé au milieu de la guerre mais n'a jamais cédé à ses tambours! Il veut devenir ménestrel...ce qui semble bien improbable! Ainsi, sur les restes des champs de batailles, au lieu de piller les cadavres ou d'abuser des femmes, il cherche des instruments ou des paroles de chansons!
Mais lors d'une bataille étonnante en tous points, sa vie pourrait bien basculer! Sa troupe se retrouve en première ligne face à l'armée pontificale, et au sein de ses adversaires se trouvent d'autres êtres tels que lui, des branchus possédant de puissants pouvoirs! Au cours de cette sanglante bataille, ses propres pouvoirs vont se révéler, il fait apparaître non plus uniquement à ses yeux mais aussi aux yeux de tous, des lignes s'apparentant à des constellations lorsqu'il joue de la musique! Ses sons ont des images qui guident les troupes!
Malgré la défaite de ses alliés, il sera recueilli par le pape en personne et sa garde de branchus: le pape lui propose alors de rejoindre son armée et de l'aider à combattre ses ennemis et à protéger une étrange tour possédant de grands pouvoirs où se rassemblent ses semblables!
Une toute nouvelle vie commence alors où Luka va apprendre à maîtriser ses pouvoirs, à développer ses talents de musiciens mais aussi en apprendre plus sur lui même.

L'introduction, en nous plongeant dans un monde violent et sanglant, omet totalement l'aspect fantastique du titre. Et avec son personnage élevé par des mercenaires bien que délaissé par ses paires, on pense dans un premier temps à Berserk et à Guts! Mais Luka est bien loin de Guts! Il n'aime ni la guerre ni ceux qui la font! Seul l'intéresse la musique et les sons qu'il peut produire avec son instrument rudimentaire! Et pourtant les auteurs ne lésinent pas sur les moyens pour nous faire comprendre à quel point la musique ne semble pas avoir sa place en ce monde.

Au départ, si la corne de Luka est bien visible on n'y prête à peine attention, il faut attendre qu'un personnage lambda l'évoque pour être sur qu'elle est bien présente! A ce stade, on se demande si c'est juste un signe que les auteurs ont voulu attribuer à leur personnage dans un monde réaliste en tous points semblable à notre moyen age (enfin à l'image qu'on en a, je n'y étais pas).
Mais il ne faudra pas attendre bien longtemps pour qu'apparaisse d'autres personnages possédant eux aussi des cornes, mais également des pouvoirs étonnants.

A partir de là le récit change radicalement, et s'il va se montrer toujours aussi violent, le lecteur a presque l'impression de basculer dans un autre monde! On découvre donc d''autres personnages aux pouvoirs étranges, chacun d'entre eux possédant son propre pouvoir (un grand classique du genre), on découvre une hiérarchie et des enjeux bien différents de ceux de départ.
Les auteurs nous présentent alors un monde qui semble bien plus vaste avec des tours d'une grande importance, au nombre de neuf, qui seront à n'en pas douter au centre du récit, ils développent une église et sa religion avec un pape bien conciliant, mais n'hésitant pas à sacrifier ses soldats humains, car contrairement aux branchus, eux son facilement remplaçables, et ils développent leur concepts de pouvoirs, qui n'a ici rien de bien original dans l'idée (chaque personnage possède un pouvoir distinct, comme dans tous les shonens à pouvoirs)...l'originalité vient du pouvoir de Luka en lui même! Matérialiser les sons est une idée géniale! Déjà vue dans Jojo (on a déjà tout vu dans Jojo), mais utilisé de façon bien différente! Ici les sons forment des lignes qui vont guider les troupes sur le champ de bataille pour leur offrir la victoire! A cela s'ajoute le fait que les soldats de son camp, guidés par cette musique sont dotés d'une volonté inébranlable et semblent ne pas craindre la mort...comme une référence, un clin d’œil aux capacités des Bardes des jeux de rôles.

On apprend également l'existence d'une puissante armée ennemie, elle aussi dirigée par un branchu aux pouvoirs incroyables mais encore mystérieux, à la tête d'une tour identique à celle où vivent Le pape, Luka et les autres branchus de sa faction.

Si pour le moment, mis à part les capacités de Luka, le monde en lui même est séduisant mais n'est pas spécialement original (car je le répète, mais qu'il s’agisse de branchus, de guerriers mages ou de pirates ayant mangé des fruits, de Stands ou même de membres de la justice league, le résultat reste le même, à chacun son pouvoir). La véritable fraîcheur vient de la personnalité de Luka! Il ne veut pas devenir le meilleur dans son domaine, il ne veut pas devenir roi des pirates, empereur mage, hokage ou que sais je encore...il ne veut plus participer à des conflits, il veut éviter la guerre pour être musicien. Mais pour cela il va devoir faire la guerre! il passe un contrat avec le pape qui lui rendra sa liberté et lui payera ses études de musique si Luka l'aide à remporter la guerre contre le seigneur ennemie. Et malgré sa jeunesse il a la tête bien sur les épaules, se montrent conscient des enjeux mais ne prend aucun plaisir à tuer.

Au niveau du dessin c'est là encore vraiment plaisant, le trait est épais, se voulant réaliste, avec des décors et arrières plans travaillés et denses. La mise en scène est à l'image des batailles sanglantes, énergique et percutante. Toumori parvenant notamment particulièrement bien à rendre en image les pouvoirs de Luka, ce qui s'annonçait difficile.

Bien entendu le travail d'adaptation de Ki-oon est conforme à ce à quoi ils nous ont habitués, c'est propre et soigné.

Un titre étonnant mais qui fait mouche immédiatement, parvenant à nous cueillir sans peine dès son long premier chapitre! Un titre à suivre avec beaucoup d'attention, on tient peut être un futur grand classique!



Chronique 1 :


La dark fantasy (et plus généralement la fantasy) et Ki-oon, c'est une histoire d'amour qui dure depuis vingt ans, ce genre ayant même été la spécialité de l'éditeur pendant ses toutes premières années d'existence. Il n'y a donc rien d'étonnant à voir, régulièrement, l'éditeur continuer d'enrichir son offre dans le domaine, et en cette année 2024 c'est un représentant particulièrement prometteur qui débarque avec The Bugle Call. De son nom original Sensô Kyôshitsu (pouvant être traduit, en gros, par "La Classe du Combat"), ce manga suit son cours au Japon depuis 2022 dans le magazine mensuel Jump SQ des éditions Shûeisha, magazine dont proviennent aussi des séries comme Claymore, Blue Exorcist, Platinum End, Moriarty ou plus récemment Sounds of Life. Il s'agit de la toute première série du scénariste Mozuku Sora et du dessinateur Higoro Toumori, un duo au parcours un peu atypique: initialement collègues dans une entreprise en tant qu'ingénieurs système, ils ont fini, à force de partager leur passion pour les histoires et le dessin, par plaquer leur travail de salariés afin de tenter leur chance dans le manga, en passant alors ensemble un concours organisé par Shûeisha.

The Bugle Call, c'est l'histoire de Luka, jeune garçon de 14 ans dégoûté par le monde perpétuellement en guerre qui l'entoure. Recueilli par le dénommé Gerhart quand il était bébé, il a, depuis, grandi dans la compagnie de mercenaires de ce dernier, et doit constamment transmettre les ordre sur les champs de bataille en tant que clairon. Les gens préfèrent généralement l'éviter, non seulement car une étrange corne/branche poussant sur sa tête lui vaut de ne pas être comme les autres, mais aussi car il affirme toujours avoir l'étrange pouvoir de "voir les sons", qui se matérialisent sous ses yeux sous la forme de traits de lumière ressemblant à des constellations. L'adolescent n'a jamais demandé tout ça: horripilé par la soif guerrière des humains, par les combats incessants, par les cadavres qui tombent et par les pillages et autres viols exercés par ses congénères, il ne rêve que d'une chose: fuir toute cette violence pour apprendre à jouer de la musique et devenir ménestrel. Et alors que son rêve semble inaccessible, il pourrait pourtant bientôt commencer à le frôler, quand arrive une bataille décisive de la troupe de Gerhart contre l'état pontifical. Alors que son camp est en supériorité numérique, le jeune garçon voit les adversaires prendre très largement le dessus, menés par une femme aux capacités surpuissantes et qui, étrangement, a elle aussi une branche sur la tête. Alors que le massacre à sens unique se poursuit, Luka va-t-il, lui aussi, mourir là ? En réalité, la surprenante faction ennemie l'a repéré, au moment même où son véritable pouvoir de vision des sons s'éveille totalement en évitant à son camp une déroute totale. Embarqué jusqu'à l'état pontifical, il passe alors un marché avec le pape: ce dernier lui offrira l'opportunité d'apprendre à devenir musicien, s'il accepte de mettre à son service son pouvoir et son sens tactique, en vue de remporter une vaste guerre qui le dépasse.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'au fil d'un long premier chapitre de pas moins de 120 pages, les auteurs parviennent à immédiatement nous immerger dans leur univers fait de conflits et de pouvoirs étonnants. Dès les premières pages, Sora et Toumori installent une ambiance dure, à la fois violente sans être exagérément sanglante, qui se veut réaliste à l'exception des quelques personnages ayant un pouvoir, et qui doit beaucoup au gros travail visuel du dessinateur et à l'immersion au plus près de Luka, adolescent dont on ressent pleinement le dégoût pour la violence et le parfum de mort l'entourant en permanence, dans un monde ne faisant aucun cadeau et où n'importe qui est susceptible de mourir du jour au lendemain. Pourtant, c'est uniquement après cet excellent chapitre d'introduction, posant bien toutes les bases, que le récit commence réellement à se développer, dès lors que Luka se retrouve au sein de l'état pontifical, avec tout ce que cela peut impliquer de découvertes: la nature réelle de son pouvoir s'éveillant chez les "branchus" vers l'âge de 14 ans, la rencontre d'autres branchus qui promettent déjà d'en jeter pas mal, une vie au manoir qui commence en compagnie de ses semblables, le fait que l'existence des "branchus" est cachée aux civils pour ne pas leur faire peur, et surtout les prémisses d'une vaste guerre pour la conquête des énigmatiques tours étant la source du pouvoir des "branchus", avec en ligne de mire un important ennemi qui semble déjà identifié.

Les auteurs donnent ainsi, vite et bien, une direction claire à leur début de série, ainsi que toutes les clés nécessaires pour bien nous immerger dans ce monde. Et même si les enjeux globaux ne sont pas spécialement originaux pour l'instant, certaines choses donnent une vraie saveur à ce premier volume, à commencer par le concept des "branchus", par la diversité de leurs pouvoirs, et surtout par la nature intéressante du pouvoir de notre héros, dont la capacité à matérialiser les sons avec son clairon pourrait en faire un redoutable meneur d'hommes dès que celle-ci est couplée à sa vision stratégique des choses, puisqu'auprès de son père adoptif le jeune garçon a eu tout le temps d'assimiler des éléments de tactique militaire. Reste alors à voir s'il saura assumer le fait d'avoir des vies entre ses mains, et c'est là que le personnage est également intéressant: dégoûté par la guerre, Luka va pourtant devoir s'y frotter plus que jamais pour atteindre ses rêves de musique. Et pour cela, tout en affirmant toujours son aversion pour la violence, il s'est suffisamment endurci parmi les mercenaires, depuis sa plus tendre enfance, pour savoir qu'il n'a pas d'autre choix dans l'immédiat, et pour sceller son marché auprès du pape sans se dégonfler. Enfin, l'ultime point fort de ce début d'oeuvre se trouve dans son rendu visuel, saisissant: non content d'offrir des designs variés et soignés qui collent bien à l'ambiance sale et un peu moyenâgeuse, Toumori dessine constamment des décors très travaillés avec des architectures réalistes (la château fort, le manoir et l'église en sont de très bons exemples), et soigne tout autant ses scènes de conflits avec des cadrages amples et riches, des angles parfois audacieux (certaines vues d'ensemble au-dessus, par exemple), et la mise en image prenante et bien trouvée du pouvoir de Luka, surtout quand il faut en faire ressortir l'impact tactique en pleine bataille.

Tout est donc bien en place, au bout de ce premier volume, pour nous promettre du très bon divertissement. Les grands enjeux sont bien posés, les quelques concepts plus originaux (les "branchus", les tours, le pouvoir particulier de Luka) sont très clairs, les personnages principaux n'ont aucune difficulté à intriguer et à emballer, le gros travail visuel impressionne pas mal pour une première oeuvre, l'ambiance est bien là (même si en réalité, on est moins dans de la dark fantasy que dans un récit guerrier de fantasy un peu sombre)... Bref, l'appel du clairon a parfaitement résonné en nous !

Enfin, concernant l'édition française, elle est très satisfaisante sur ce premier pavé d'environ 250 pages. A l'extérieur, la jaquette reste très proche de l'originale japonaise jusque dans la typo du logo-titre (notons juste que là où le logo nippon affiche le clairon, celui de la version française préfère mettre l'accent sur les branches). Et à l'intérieur, on trouve un papier bien épais, assez souple et opaque, une très bonne qualité d'impression, un travail de lettrage et d'adaptation graphique soigné de Clair Obscur, et une traduction limpide, vivante et naturelle de la part de David Le Quéré.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs