Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 23 Février 2024
Le festival du printemps est une réussite: en mettant de côté leurs différends, Aoko et Tatsuki ont finalement pu produire chacun les soliflores qu'ils souhaitaient, et les deux versions ont très bien fonctionné. Néanmoins, même s'ils reconnaissent indéniablement les grandes qualités de leur travail respectif, leur relation reste souvent un peu tendue, principalement parce que le jeune homme reste distant, est parfois cassant et très buté, et ne sourit jamais. La surprise est alors totale pour Aoko quand, par accident, elle découvre une ancienne photo où Tatsuki est tout sourire auprès d'un jeune homme, visiblement à l'époque où il était en Finlande...
Au fil d'un ravissant premier volume qui nous plongeait avec grand soin dans l'art de la poterie de Hasami, Yuki Kodama s'appliquait également à susciter la curiosité autour de Tatsuki, de sa façon d'être et de ce qu'il a bien pu vivre avant de revenir au Japon. la découverte de la photo par Aoko est alors, dans la première partie de ce deuxième tome, l'élément déclencheur voué, au bout du compte, à d'ores et déjà éclaircir un peu plus le bakground du jeune homme. Sans perdre de sa verve narrative, avec des petits passages plus légers comme les tentatives de notre héroïne de faire rire son collègue ou la soirée trop arrosée qui nous montre le céramiste sous un jour totalement différent de son habituelle allure distante et imperturbable, la mangaka amène soigneusement ses révélations, en soulignant bien pourquoi Tatsuki est comme ça et quel poids pèse sur ses seules épaules. A l'arrivée, on attendra tout naturellement de voir s'il saura s'ouvrir petit à petit auprès de sa collègue... Et qui sait, peut-être que cela arrivera plus vite qu'on ne le pense ?
En effet, après la réussite du festival du printemps, de nouveaux enjeux arrivent déjà pour l'atelier avec compétition interne pour le lancement d'un nouveau produit, puis la perspective d'une production de massage qui ne réjouit pas Tatsuki. D'un côté, le besoin qu'ont nos deux héros de coopérer à nouveau à deux pour la compétition donne encore lieu à un résultat sympathique où, derrière leurs divergences, il y a vraiment la mise en valeur de la qualité de leur travail ensemble. De l'autre côté, l'occasion nous est donnée de découvrir plus en détails les différentes étapes, les spécificités et les enjeux de la production de masse. Et sous la narration enlevée et appliquée de l'autrice, c'est sans cesse emballant.
Si l'oeuvre est si immersive et entraînante, c'est bien parce que Kodama, en s'appuyant sur son ravissant dessin limpide et clair, sait vraiment bien mettre en lumière ses personnages et leur cadre de travail. Quand la mangaka ne souligne pas le charme de certains recoins et événements de la petite ville, elle fait ressortir à merveille l'application et la passion de ses artisans. Il y a un vrai plaisir à les observer méticuleusement à l'oeuvre, à cerner à quoi pense Aoko quand elle dessine ses motifs, à capter les moments où elle trouve l'inspiration, à regarder les mains de Tatsuki donner forme à ses créations... sans oublier tous les petits instants où l'on voit bien que les deux personnages principaux sont de plus en plus souvent troublés voire chamboulés en la présence de l'autre, ce qui dit tout des sentiments naissants entre eux sans que ce soit nécessaire d'insister dessus.
Ce deuxième volume est, alors, aussi séduisant que le premier tome, et on n'en attendait pas moins de la part de cette excellente mangaka. Sous son beau travail visuel et narratif, Kodama marie à merveille l'immersion à Hasami, la découverte du minutieux artisanat local et l'abord de ses personnages. D'ailleurs, après Tatsuki, il semblerait que ce sera bientôt autour d'Aoko de nous laisser entrevoir certains tourments de son passé, ce qui nous donne déjà très hâte de découvrir le troisième opus !