Tant que nous serons ensemble Vol.3 - Actualité manga
Tant que nous serons ensemble Vol.3 - Manga

Tant que nous serons ensemble Vol.3 : Critiques

Saraba yogi hi

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 12 Mai 2020

Chronique 2

Des années se sont écoulées depuis le départ d'Akira de la maison, et Kei n'a pas revu sa petite sœur depuis. Le quotidien du jeune homme ne fait d'ailleurs qu'empirer : Les choses se passent très mal à son boulot, Kei est au bord du burn-out, et voilà que sa mère est de retour au domicile familiale après avoir été mutée. Le seul réconfort du garçon, c'est sans doute la présence de Gô, son ami de longue date. Mais ce dernier pourrait bien ne pas supporter de voir le garçon, auquel il est plus qu'attaché, à l'état de loque indéfiniment...

Si Aki trône en couverture de ce volume, le troisième tome de « Tant que nous seront ensemble » est bel et bien celui de Kei, tant celui-ci s'intéresse aux jours nouveaux que connait le personnage, et la manière dont il parviendra (ou non?) à s'émanciper de cette actuelle lourde existence. Sa petite sœur est même totalement absente du récit pour l'instant, ou presque, l'idée de Yuki Akaneda étant de permettre au grand-frère de prendre son envol, à son tour.

Jusqu'à présent, Kei était un personnage difficile à appréhender, par ses airs de gros bébé incapable de s'assumer. Pour le lecteur, une certaine distance pouvait subsister avec le personnage, mais la mangaka vient rectifier ce tir avec un focus particulièrement pesant et pertinent. Car quoi de plus vif, pour un déclic, que d'imposer au personnage un quotidien extrêmement lourd psychologiquement ? Un travail qui le rend presque malade puis le retour d'une mère toxique en pensée et en comportement... Tout ceci mêlé à l'absence d'Aki instaure un climat particulier dans ce volume. Une ambiance malsaine dont on aimerait voir le principal intéressé s'extirper, mais qui créer un fil conducteur permettant une évolution très attendue du personnage. Cela passe par des moments dramatiquement intenses, poignants même...

Car le cas de Gô est, une nouvelle fois, très présent dans la première partie du volume. Ami de Kei dont personne ne reconnaissait la sexualité, ce dernier tient ici un rôle clé, mais affiche en même temps une personnalité le rendant plus que touchant. Après toi, quoi de pire que voir l'être aimé au fond du gouffre, à accepter un quotidien nauséabond ? Une nouvelle fois, on aurait donc tort de penser que « Tant que nous serons ensemble » n'est que l'histoire de Kei et Aki. Des personnages plus secondaires comme Gô sont superbement traités, sans aucun artifice et dans des optiques purement humaines. Et c'est surtout pour celle belle alchimie que la série de Yuki Akaneda continue de nous charmer.

C'est donc au terme d'un volume charnière que la série sera, peut-être, amenée à bien évoluer. Car le dernier chapitre de cet opus est aussi crucial qu'intense, celui-ci se conclue même sur un cliffhanger qui pourrait changer bien des choses pour Kei et Aki. L'idée du lien impossible et maudit entre les deux têtes d'affiches pourrait reprendre sa place dans l’œuvre, ce qui serait en parfaite concordance avec le développement du héros qui n'a tristement pas pu tirer un trait sur la fille qui occupe la place la plus importante dans sa vie et dans son cœur... La tranche de vie est ici très amère, mais on reste impatient de voir comment la mangaka développera la suite de son œuvre.


Chronique 1

Depuis qu'Akira a quitté la maison familiale, un certain temps est déjà passé. Pendant que la jeune femme doit sans doute approcher de la fin de son diplôme, cela fait déjà trois ans que son grand frère Keiichi travaille dans une boîte où il ne se sent aucunement à sa place. Traité comme un larbin, payant pour les erreurs des autres, il ne réagit pourtant pas, est passif, inerte, toujours perdu dans ses pensées, donnerait presque le bâton pour se faire battre... car depuis que sa petite soeur n'est plus auprès de lui, il semble complètement perdu. Mais endure jour après jour la situation, persuadé qu'Aki reviendra un jour, et en pouvant tout de même compter sur son meilleur ami Gô et sur certains membres du club de théâtre qu'il continue de revoir parfois. Seulement, jusqu'où cette situation pourra-t-elle durer ? Certains éléments pourraient bien déclencher autre chose chez le jeune homme...

Et le premier de ces éléments est très loin d'être anodin, puisqu'il s'agit du retour au Japon de la mère des Hirose. Profitant d'un répit dans son travail, elle est de passage dans la demeure familiale et risque fort de chambouler le quotidien mélancolique de son fils, tant son comportement se révélera parfois déroutant, comme quand elle jette tout ce qui ne l'intéresse pas, y compris des souvenirs chers pour Kei, sans lui demander son avis. On voit là une femme bien plus intéressée par son travail et par sa maison que par ses enfants en eux-mêmes, enfants dont elle ne s'est jamais réellement occupée sauf financièrement, c'est en partie pour ça qu'Aki est partie en ne supportant plus cette situation étouffante. Kei finira-t-il, à son tour, par craquer, lui qui endure tout ça uniquement dans l'espoir de voir Aki revenir ? C'est un fait, le jeune homme est de plus en plus perdu, erre sans but, est retrouvé ivre dans la rue par Gô, en arrive même à avoir devant son ami les paroles les plus insoutenables, si bien que même Gô en arrive à avoir une réaction très marquante... et tout ceci traduit bien une chose: à quel point Kei est complètement désemparé et ne trouve aucune raison d'être quand Aki, celle qui a toujours été avec lui, n'est plus près de lui. Et Akira, de son côté, que devient-elle ? S'affichant tout en douceur sur la superbe jaquette, elle n'est pourtant pas si présent que ça pendant le volume, mais les passages où elle apparaît suffisent pour tout dire de son parcours actuel, de ses petits tourments intérieurs contenus, des possibles raisons pour lesquelles elle ne reprend pas contact avec Kei...

Mais une nouvelle fois, Kei et Aki ne sont pas les seuls centres d'intérêt de Yuki Akaneda, la mangaka continuant d'offrir plus d'une fois un côté un peu choral à son récit, car nombre de personnages avancent aussi, même s'ils sont mis en avant de manière plus ou moins prégnante. Il y a bien sûr, en premier lieu, Gô, qui continue de soutenir ce Kei qui lui est si cher tout en contenant ses propres sentiments, du moins jusqu'à un fameux moment du tome mais aussi la prise d'importance de Nishida, un collègue jovial qu'on attend avec intérêt de revoir. Mais on pense aussi à Kyôko qui a démarré une autre vie, aux autres membres du club de théâtre à commencer par sa vice-présidente qui s'acharne malgré les échecs à vouloir vivre son rêve professionnel, à la révélation d'un discret prétendant amoureux... Plusieurs personnages y gagnent donc un peu, et tout ceci permet également à l'autrice de distiller, même discrètement, un portrait de certains éléments de société qui sonnent d'autant plus juste qu'ils sont bien ancré dans le quotidien des personnages: les pressions familiales et au travail, la difficulté d'atteindre ses rêves pro, les considérations pas toujours idéales concernant le mariage...

La patte d'Akaneda, elle, fait toujours des merveilles. Que ce soit par ses visuels doux, sobres, tout en pudeur, et où les quelques brefs instants plus "brutaux" dénotent alors avec d'autant plus d'impact: la réaction de Gô face aux paroles de Kei, celle de sa mère au café, celle d'Atsuko quand on lui dit que son rêve est inatteignable (j'avoue, Atsuko est mon petit coup de coeur personnel de ce volume)... Ou par sa narration souvent posée et subtile, jusque dans certaines paroles pouvant avoir un sens encore plus fort que prévu.

"Elle ne pourra jamais être heureuse dans une relation dont elle ne peut parler à personne."

Yuki Akaneda nous offre alors un troisième opus vraiment beau, dans sa patte graphique et narrative bien sûr, mais surtout dans tout ce qu'elle parvient à dire sur ses personnages et sur leurs tourments sans pourtant avoir l'air d'y toucher. Un récit fin et intelligent, qui confirme toutes ses qualités.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs