Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 26 Juillet 2024
Surtout connues pour leurs séries B à tendance horrifique ces dernières années, les éditions Omaké Manga apprécient également toujours de s'écarter de leur registre de prédilection de temps à autre. Début juin, le lancement du manga de sabre La Lame du Samurai nous l'a encore prouvé, et à la fin de ce même mois c'est la courte comédie en deux volumes Super Bad Father (ou Super Bad Father Inubushi au Japon) qui l'a démontré de plus belle. Première série de la carrière du dénommé Tatsuya Aoi, cette oeuvre a initialement été prépubliée dans son pays d'origine en 2021-2022 et provient du magazine Manga Action des éditions Futabasha, magazine estampillé seinen culte, existant depuis 1967 en ayant grandement contribué à l'explosion du genre, et ayant ainsi vu passer dans ses pages un paquet de titres renommés comme Lupin III, Lone Wolf & Cub, Dômu de Katsuhiro Otomo, ou encore plusieurs récits de Kazuo Kamimura, Jiro Taniguchi et Fumiyo Kouno.
Super Bad Father n'a toutefois pas du tout la prétention de se hisser aux mêmes sommets que les oeuvres ou auteurs précédemment cités, puisque son personnage principal n'est rien d'autre qu'un bon gros loser sans trop de scrupule. Ayant autrefois fui sa campagne natale qu'il abhorrait pour essayer de vivre ses rêves de yakuza à Tokyo, Kyôtarô Inubushi, 31 ans et doté d'un physique pas franchement impressionnant pour un mafieux (petit, chauve, avec une barbe hirsute et peu musclé, on a vu mieux dans le genre), a dû quitter précipitamment la capitale après de gros couacs idiots dans son clan (pauvre anguille...). Ainsi est-il revenu se cacher sur ses terres d'origine 15 ans après les avoir quittées, et a-t-il vite retrouvé sur place son amie d'enfance Nana Yamato, à qui il n'avait plus donné de nouvelles depuis tout ce temps et chez qui il décide de s'incruster comme un parasite. Mais si Nana décide malgré tout d'accepter cet état de fait, c'est pour une bonne raison: voici un certain temps que vit chez elle An, une taciturne et mutique collégienne... qui n'est autre que la fille de Kyôtarô, dont il ignorait totalement l'existence ?! Dans ce cas, qui peut donc être la mère de cette adolescente ? Si vous imaginez déjà qu'il s'agit de Nana, détrompez-vous, car la vérité sur la conception d'An est tout aussi peu glorieuse que le parcours de notre personnage principal... Quoi qu'il en soit, après avoir encaissé le choc en apprenant qu'il est papa, Kyôtarô, dans toute sa gloire, décide de s'en foutre. Mais quand Nana, riche héritière, lui promet de lui donner 200 millions de yen s'il parvient à faire en sorte qu'An le considère vraiment comme son père, la donne change du tout au tout: l'ancien yakuza y voit l'opportunité de refaire sa vie ailleurs, et va alors commencer à se plier en quatre pour obtenir un simple "papa " de la bouche de sa fille. Seulement, on ne s'improvise pas papa si facilement encore moins pour des raisons pécuniaires et quand sa propre fille, ballottée par une vie difficile depuis l'enfance, est devenue mutique et accorde très difficilement sa confiance...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la série porte très bien son nom, tant Tatsuya Aoi tâche de jouer correctement sur la personnalité de "loser magnifique" et de très mauvais père de Kyôtarô, au fil d'un premier tome au schéma globalement assez simple puisque chaque chapitre équivaut plus ou moins à une nouvelle tentative du bonhomme d'amadouer sa fille: jouer à la balle avec elle, lui faire visiter les environs, faire le ménage avec elle, participer à un vide-greniers... l'auteur finissant aussi par esquisser juste ce qu'il faut de personnages secondaires pour éviter la redondance, à l'image de Taeko, amie d'enfance de Kyôtarô et de Nana qui n'est en fait pas si amicale que ça.
Même si la recette est basique dans son déroulement (en tout cas sur ce premier tome, car la dernière page peut laisser espérer un deuxième volume plus pimenté), et à condition d'adhérer aussi aux côté un peu cruel de la situation de base (on parle quand même d'un père indigne face à sa fille qui, en partie à cause de son absence, n'a pas eu une enfance facile), il y a de quoi se laisser prendre au jeu de cette petite lecture, notamment parce que, mine de rien, l'auteur se fait un plaisir d'exagérer les traits de son récit pour jouer sur différents types d'humour: si les tout débuts font clairement dans le potache de mauvais goût (ce qui est un type d'humour comme un autre) via la raison pour laquelle Kyôtarô a fui le gang puis la découverte de la conception d'An, on trouve ensuite un peu de tout, de l'humour vache autour des trois personnages principaux jusqu'à l'exploitation des facettes les moins glorieuses de l'ancien yakuza (parasite, égoïste, paresseux, pervers... ça ne manque pas), en passant par des situations purement idiotes (essayer de vendre le dentier d'un mort, faut le faire) et des quiproquos allant toujours plus dans l'excès (coucou Taeko et les jeunes du dernier chapitre). Qui plus est, pour porter tout ça, le mangaka propose un style graphique plutôt adéquat, qui reste simple mais qui joue bien sur la dégaine de loser de Kyôtarô, sur les expressions faciales d'An (le meilleur moyen pour elle de montrer ce qu'elle pense, vu qu'elle reste mutique) et sur différents petits moments d'excès rendant tout de même ce manga réservé à un public averti.
En somme, derrière une recette assez simple, ce premier volume de Super Bad Father montre suffisamment de choses efficaces pour facilement accrocher et faire sourire, la seule condition étant d'être réceptif à ce style d'humour. Et étant donné qu'il n'y a rien de plus subjectif que l'humour, on ne peut que vous conseiller de vous faire votre propre avis, d'autant plus que la série ne compte que deux tomes et que ceux-ci sont sortis simultanément.
Concernant l'édition française, la copie est correcte: la jaquette reste sobre et fidèle à l'originale japonaise, le papier est assez souple et a le mérité d'être très peu transparent, l'impression est plutôt convaincante, le lettrage de Munii Prod. ne montre pas de couac particulier, et la traduction effectuée par Guillaume Mistrot set soigneusement l'humour de l'oeuvre.
Super Bad Father n'a toutefois pas du tout la prétention de se hisser aux mêmes sommets que les oeuvres ou auteurs précédemment cités, puisque son personnage principal n'est rien d'autre qu'un bon gros loser sans trop de scrupule. Ayant autrefois fui sa campagne natale qu'il abhorrait pour essayer de vivre ses rêves de yakuza à Tokyo, Kyôtarô Inubushi, 31 ans et doté d'un physique pas franchement impressionnant pour un mafieux (petit, chauve, avec une barbe hirsute et peu musclé, on a vu mieux dans le genre), a dû quitter précipitamment la capitale après de gros couacs idiots dans son clan (pauvre anguille...). Ainsi est-il revenu se cacher sur ses terres d'origine 15 ans après les avoir quittées, et a-t-il vite retrouvé sur place son amie d'enfance Nana Yamato, à qui il n'avait plus donné de nouvelles depuis tout ce temps et chez qui il décide de s'incruster comme un parasite. Mais si Nana décide malgré tout d'accepter cet état de fait, c'est pour une bonne raison: voici un certain temps que vit chez elle An, une taciturne et mutique collégienne... qui n'est autre que la fille de Kyôtarô, dont il ignorait totalement l'existence ?! Dans ce cas, qui peut donc être la mère de cette adolescente ? Si vous imaginez déjà qu'il s'agit de Nana, détrompez-vous, car la vérité sur la conception d'An est tout aussi peu glorieuse que le parcours de notre personnage principal... Quoi qu'il en soit, après avoir encaissé le choc en apprenant qu'il est papa, Kyôtarô, dans toute sa gloire, décide de s'en foutre. Mais quand Nana, riche héritière, lui promet de lui donner 200 millions de yen s'il parvient à faire en sorte qu'An le considère vraiment comme son père, la donne change du tout au tout: l'ancien yakuza y voit l'opportunité de refaire sa vie ailleurs, et va alors commencer à se plier en quatre pour obtenir un simple "papa " de la bouche de sa fille. Seulement, on ne s'improvise pas papa si facilement encore moins pour des raisons pécuniaires et quand sa propre fille, ballottée par une vie difficile depuis l'enfance, est devenue mutique et accorde très difficilement sa confiance...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la série porte très bien son nom, tant Tatsuya Aoi tâche de jouer correctement sur la personnalité de "loser magnifique" et de très mauvais père de Kyôtarô, au fil d'un premier tome au schéma globalement assez simple puisque chaque chapitre équivaut plus ou moins à une nouvelle tentative du bonhomme d'amadouer sa fille: jouer à la balle avec elle, lui faire visiter les environs, faire le ménage avec elle, participer à un vide-greniers... l'auteur finissant aussi par esquisser juste ce qu'il faut de personnages secondaires pour éviter la redondance, à l'image de Taeko, amie d'enfance de Kyôtarô et de Nana qui n'est en fait pas si amicale que ça.
Même si la recette est basique dans son déroulement (en tout cas sur ce premier tome, car la dernière page peut laisser espérer un deuxième volume plus pimenté), et à condition d'adhérer aussi aux côté un peu cruel de la situation de base (on parle quand même d'un père indigne face à sa fille qui, en partie à cause de son absence, n'a pas eu une enfance facile), il y a de quoi se laisser prendre au jeu de cette petite lecture, notamment parce que, mine de rien, l'auteur se fait un plaisir d'exagérer les traits de son récit pour jouer sur différents types d'humour: si les tout débuts font clairement dans le potache de mauvais goût (ce qui est un type d'humour comme un autre) via la raison pour laquelle Kyôtarô a fui le gang puis la découverte de la conception d'An, on trouve ensuite un peu de tout, de l'humour vache autour des trois personnages principaux jusqu'à l'exploitation des facettes les moins glorieuses de l'ancien yakuza (parasite, égoïste, paresseux, pervers... ça ne manque pas), en passant par des situations purement idiotes (essayer de vendre le dentier d'un mort, faut le faire) et des quiproquos allant toujours plus dans l'excès (coucou Taeko et les jeunes du dernier chapitre). Qui plus est, pour porter tout ça, le mangaka propose un style graphique plutôt adéquat, qui reste simple mais qui joue bien sur la dégaine de loser de Kyôtarô, sur les expressions faciales d'An (le meilleur moyen pour elle de montrer ce qu'elle pense, vu qu'elle reste mutique) et sur différents petits moments d'excès rendant tout de même ce manga réservé à un public averti.
En somme, derrière une recette assez simple, ce premier volume de Super Bad Father montre suffisamment de choses efficaces pour facilement accrocher et faire sourire, la seule condition étant d'être réceptif à ce style d'humour. Et étant donné qu'il n'y a rien de plus subjectif que l'humour, on ne peut que vous conseiller de vous faire votre propre avis, d'autant plus que la série ne compte que deux tomes et que ceux-ci sont sortis simultanément.
Concernant l'édition française, la copie est correcte: la jaquette reste sobre et fidèle à l'originale japonaise, le papier est assez souple et a le mérité d'être très peu transparent, l'impression est plutôt convaincante, le lettrage de Munii Prod. ne montre pas de couac particulier, et la traduction effectuée par Guillaume Mistrot set soigneusement l'humour de l'oeuvre.