Strange Fruit Vol.1 - Actualité manga
Strange Fruit Vol.1 - Manga

Strange Fruit Vol.1 : Critiques

Strange fruit

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 21 Août 2019

Quasiment un an (à un jour près) après la fin du très bon Drop Frame que l'on vous invite toujours à découvrir, le thriller revient aux éditions Doki-Doki avec une autre série bouclée en 4 volumes. Strange Fruit (a priori, pas de rapport avec le poème et la chanson éponymes) est un cas un peu insolite chez l'éditeur: seuls les 3 premiers tomes ont été publiés en version papier au Japon, tandis que la fin, qui apporte une vraie conclusion, n'est sortie qu'en numérique. Pour l'édition française, Doki-Doki a donc insisté pour publier ce tome 4 en version papier, et le dessinateur a alors conçu une illustration de couverture exclusivement pour cette édition !

Côté infos pratiques, cette série est signée Atsushi Asada (scénario) et Tatsuru Ishikawa (dessin). Il s'agit du tout premier scénario de manga pour Asada, tandis qu'Ishikawa, de son côté, avait juste dessiné auparavant une courte série en 2 tomes en 2012-2013. De ce fait, ces deux auteurs étaient, jusqu'à présent, inédits en France. Strange Fruit, de son côté, a été prépublié entre 2015 et 2017 dans le magazine numérique Niconico Ace des éditions Kadokawa.

Tout commence par une brève vision qui, d'emblée donne le ton : celle d'Anna, une fillette de 6 ans, morte au beau milieu de la rue le 4 avril 2005, sous les yeux de 3 autres gamines paniquées et visiblement coupables. Tout ceci n'est pourtant qu'un cauchemar que Tsubaki, en 2015, fait depuis un mois, alors que cette adolescente de 16 ans s'apprête à revenir s'installer dans sa ville natale de Jûmonji. Elle est ravie de revoir ses deux amies d'enfance qui l'accueillent à bras ouverts: Mika, un peu garçon manqué, et Moeko, plutôt douce et étourdie. Ensemble, elles reprennent un quotidien lycéen en restant a priori les meilleures amies du monde. Mais dès que Tsubaki évoque à ses deux amies le cauchemar qu'elle fait régulièrement, leur comportement semble bien étrange. Et ce n'est qu'un début. Entre un bienfaiteur de la ville qu'il faut visiblement aduler, sa fille elle aussi lycéenne qui se comporte comme une petite reine et que tout le monde traite comme une étrange princesse, un policier qui affirme qu'il ne vaut mieux pas fouiller dans le passé de la ville, ou un jeune homme obligé de se camoufler pour mener sa propre enquête, Tsubaki croise des gens au comportement on ne peut plus bizarre... Ses cauchemars auraient-ils un rapport avec une sombre affaire ayant eu lieu 10 ans auparavant ? Si oui, pourquoi tout le monde prend soin de ne pas en parler comme si rien n'était arrivé ? Quelle est l'implication de notre héroïne dans tout ça, et à qui peut-elle faire confiance ?

Toutes ces constatations et interrogations, c'est ce qui s'installe au fil de ce premier volume, d'une manière assez efficace puisque l'on est facilement intrigué et curieux de savoir quel secret se cache exactement dans la bien trop calme ville de Jûmonji. Les deux auteurs distillent assez bien les faits et personnages douteux, de manière à bien faire comprendre qu'il y a réellement quelque chose de louche voire de dangereux dans tout ceci... mais sans doute appuient-ils tout de même un peu trop certains comportements étranges, ce qui fait que le suspense et le parfum de mystère sont parfois un peu trop tués dans l'oeuf. Par exemple, il ne fait d'emblée aucun doute que Mika et Moeko sont louches tant leurs réactions sont un eu trop appuyées, tout comme celles, exubérantes, de Mayo Gondô, la fille du bienfaiteur de la ville. Le suspense en pâtit un peu par moments, me^me si la tension reste bien servie par les visions de plus en plus cauchemardesques et réalistes de notre héroïne.

Toutefois, la principale limite vient encore d'ailleurs: après une mise en place rapide, le scénario cherche bien souvent à aller à l'essentiel sans vraiment bien travailler les personnages. On les reconnaît sans souci, chacun d'eux parvient facilement à intriguer, mais ils manquent tous d'un peu de substance pour les rendre vraiment prenants et intéressants à suivre. Et visuellement, même si c'est assez propre et que la scène d'introduction fait son petit effet, par la suite c'est très standard. Pas du tout mauvais, loin de là, mais plutôt lisse, avec une mise en scène assez classique et sans grosses envolées, des décors assez simples, des designs plutôt expressifs mais manquants de profondeur... L'ensemble est visuellement correct mais manque un peu de personnalité, tout simplement.

L'oeuvre possède donc à la fois quelques maladresses ainsi qu'un rendu trop standard, mais les nombreuses pistes bizarres disséminées ça et là entretiennent bien une ambiance louche, et le tout n'a finalement aucun mal à intriguer comme il se doit. Et dans la mesure où les toutes dernières pages amènent un rebondissement un peu plus tendu, on ne demande pas mieux que de lire dans la foulée le tome 2, paru en même temps que ce premier volume !

Au niveau de l'édition, c'est correct. Le papier est un peu fin mais dépourvu de transparence, l'impression est honnête, les polices sont bien choisies, et Sébastien Bigini livre une traduction assez soignée.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction