Jeeg Vol.1 - Actualité manga

Jeeg Vol.1 : Critiques

Kotetsu Jeeg

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 22 Décembre 2017

Il y a de cela bien longtemps l'Empire Jama régnait en maître sur le Japon antique, sous le joug de sa reine Himika qui asservissait les êtres vivants. Après avoir dormi pendant plusieurs millénaires dans son royaume au fond des océans, celle-ci se réveille, prête à envoyer ses troupes monstrueuses à la reconquête du pays, avec pour objectif d'éradiquer les humains.... à commencer par ceux qui connaissent déjà son existence, les archéologues !


Hiroshi Shiba, une jeune pilote de course prodige, est justement le fils de l'un de ces archéologues/scientifiques, le célèbre Senjirô Shiba. Tué par l'ennemi, il est sauvé in extremis par son père qui parvient à le ressusciter, sous la forme d'un cyborg capable de se transformer en la tête du robot géant Jeeg. Pendant que son père décédé est maintenu en vie en fusionnant avec un super-ordinateur, Hiroshi suit la mission que celui-ci lui a confiée : protéger la paix et l'humanité face à Himika et ses sbires !


Né en 1975 à la fois en un manga de 2 tomes et en une série d'animation de 46 épisodes, Jeeg (vous pouvez aussi l'appeler Kôtetsu Jeeg, Steel Jeeg, Jeeg Robot...) est très loin d'être le projet de Gô Nagai le plus connu par chez nous. Elle n'en reste pas moins à placer parmi les titres considérés comme des classiques des oeuvres de robots géants de l'auteur, et il paraitrait même que ce dernier aurait dit que Jeeg est à placer au sein de la saga Mazinger/Grendizer. Comme ce fut plusieurs fois le cas à cette époque, c'est surtout la version animée qui a été populaire, le manga ne faisant en quelque sorte que l'accompagner, et peut-être est-ce pour ça que Gô Nagai en a confié la partie visuelle à Tatsuya Yasuda, un mangaka que l'on ne connaît que pour ce titre et qui a un style visuel très, très proche de celui de Nagai. Si cette saga est très méconnue chez nous, ce n'est pas le cas dans certains autres pays, comme l'Italie où le réalisateur Gabriele Mainetti lui a même rendu une sorte d'hommage via son très sympathique film On l'appelle Jeeg Robot, réalisé en 2015 et sorti dans les salles de cinéma françaises cette année. Parvenant à perdurer un peu dans le temps, la licence Jeeg a eu droit en 2007 à une nouvelle série animée (Koutetsushin Jeeg, une sorte de suite en 13 épisodes) et en 2016 à un court manga de 7 chapitres (Koutetsu Jeeg Hiryuuden, une histoire alternative dessinée par Shinobu Kaze, un artiste reconnu que l'on pourra découvrir aux éditions le Lézard Noir en 2018 via une anthologie).


Concrètement, on ne peut pas dire que Gô Nagai se soit spécialement foulé pour l'élaboration de l'histoire : il s'agit d'une lutte pour protéger la paix et l'humanité face à des ennemis monstrueux, comme il en existe tant, et avec la pointe de robots propre à Gô Nagai. L'oeuvre s'inscrit donc totalement dans la droite lignée de la plupart des autres séries de mecha de l'auteur, et son principal point d'originalité (pour l'époque) vient sans doute de la nature de Hiroshi, le héros : là où les héros de Mazinger ou Grendizer sont des humains pilotant de grosses machines, lui est un cyborg, plus totalement humain, et qui se transforme directement en la tête du robot Jeeg dont il est donc plus qu'aucun autre une partie. En somme, il a le corps d'une machine, mais est nourri de sentiments humains tels que son amour pour les siens.


En dehors de ça, le déroulement est on ne peut plus classique, avec des ennemis qui arrivent les uns après les autres en étant toujours plus sournois, et que Hiroshi, parfois aidé par certains proches, doit vaincre. C'est assez linéaire et redondant, mais la lassitude est évitée grâce aux différents plans très fourbes des ennemis : manipuler certains humains pour les pousser à s'entretuer, manipuler des animaux... Après une introduction rapide, les différents personnages secondaires peinent malheureusement un peu à se détacher et étant rarement mis véritablement en avant. Ainsi, une fille comme Miwa, qui accompagne Hiroshi, aura sans doute beaucoup plus de mal à séduire le lecteur qu'une Sayaka de Mazinger.


Reste que pour les fans purs et durs de Gô Nagai, la lecture reste très prenante, car le sens du divertissement est toujours là ! On doit notamment cela aux dessins de Yasuda, qui, comme déjà dit, possède un trait très similaire à celui de Nagai, et démontre le même sens du spectacle que lui. Le découpage et la mise en scène restent toujours bien dynamiques, et l'utilisation très appuyée de grandes cases renforce facilement l'immersion dans les scènes d'action. L'oeuvre a ainsi plutôt bien vieilli en offrant un divertissement old school très honnête.


Enfin, on retrouve dans Jeeg le goût de Gô Nagai pour mêler à son univers des références issues du Japon ancien, chose qu'il a faite régulièrement au fil de sa carrière. Ce n'est pas aussi poussé que dans certaines de ses autres oeuvres, mais les références sont là. L'Empire Jama (parfois appelé aussi Jamatai ou Yamatai selon les versions) et sa reine Himika sont des clins d'oeil au Yamatai/Yamato, le célèbre royaume ancien légendaire du Japon, et à sa reine Himiko. Dans les sbires de Himika, on retrouve des noms bien connus comme Yamata no Oroshi. Sans oublier les spectres Haniwa, sbires ennemis, les haniwa étant des terres-cuites funéraires japonaises anciennes.


L'édition proposée par Black Box est très convaincante, notamment pour son grand format qui s'avère bien utile ici afin de mettre mieux en avant les grandes cases de la série. On appréciera beaucoup les 4 pages couleurs (deux au début et deux à la fin), même si l'illustration de fin est un peu tronquée au milieu par la reliure. On a également droit à un papier très agréable, assez souple et sans transparence, ainsi qu'à une impression très honnête. Mélissa Millithaler livre une traduction sans couac et bien rythmée malgré quelques mots peut-être inutilement grossiers. Et sur le dos du volume, on a droit, quand les deux tomes sont rangés côte à côte, à une mini-frise, chose que l'éditeur aime souvent faire et qui est toujours très sympathique.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs