Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 10 Juin 2013
Comme chacun sait, il existe deux sortes de mangas de Tôru Fujisawa : ceux qui mettent en scène Eikichi Onizuka, et les autres. Les premiers sont des mangas cool, humoristiques, et souvent très bons, malgré quelques défauts récurrents. Les seconds sont des mangas moins cool, qui se prennent trop au sérieux, et qui sont soit bâclés, soit inachevés, soit tout simplement mauvais. Ce constat ne s'applique en fait qu'au scénario, les dessins de l’auteur étant toujours beaux et originaux, pour peu qu'on aime son style.
Mais alors, pourquoi l'auteur s'est-il lancé dans un manga de la seconde catégorie (comprendre : sans Eikichi Onizuka), en décidant de ne se charger que du scénario, et de confier le dessin à un certain Sho Kitagawa ? Le lecteur se méfie d’emblée, d'autant plus lorsqu'il sait que la série fait deux volumes, que le dernier manga de Fujisawa parut en France faisait également deux volumes, et que ce dernier n'est autre que celui dont il me coûte de prononcer le nom... Reverend D...
Vous l'aurez compris, c'est avec une certaine appréhension (celle d'avoir perdu sept euros cinquante), que le lecteur entame sa lecture de Soul Messenger.
Kei Misaki est une jeune journaliste exploitée par son employeur, qui ne lui fait faire que des tâches ingrates et sans intérêt (aller acheter des cigarettes, préparer le café...). Pourtant, celle-ci aurait des choses intéressantes à dire, puisqu'elle est capable de voir et d'entendre les fantômes des défunts ayant des regrets quant à leur mort, et il arrive régulièrement qu'elle soit la seule à savoir que ce qui semblait être un suicide soit en fait un meurtre. Notre héroïne à beau crier sur tous les toits qu'elle parle aux fantômes, personne ne la croit, étonnement. Elle entrevoit une chance d'enfin mettre ses talents à profit le jour où elle rencontre un certain Nishijima.
Nishijima est un policier, ancien membre du groupe d'intervention d'élite, dont il a été viré pour insubordination. Il est particulièrement sensible aux suicides de jeunes femmes, rapport à son passé, et enquête justement sur le présumé suicide d'une jeune femme (enceinte de surcroît) lorsqu’il rencontre Misaki. C'est alors le début d'une collaboration entre deux fortes personnalités à la recherche d'un tueur en série.
L’introduction du manga est particulièrement clichée, et lorsque l'on connaît les rapports entre Fujisawa et ces derniers, on peut dire que cela commence mal. Les personnages nous apparaissent des plus stéréotypés, et par conséquent antipathiques, et l'histoire semble déjà vue. Pourtant, le tout va évoluer assez positivement.
Nos deux protagonistes sont des clichés, et vont le rester, mais ils seront néanmoins suffisamment bien mis en scène pour que l'on finisse par s'y attacher. Même constat pour le déroulement de l'enquête qui, malgré de nombreux passages très convenus, s’avérera plutôt intéressante à suivre. Rien n'étonne, rien ne transcende, les rebondissements se succèdent sans créer l'effervescence chez le lecteur, mais le tout occupe le temps de la lecture, et s'avère relativement efficace.
Graphiquement, si on sent l'influence de Fujisawa, la patte de Kitagawa n’arbore pas l'originalité de son mentor, et les dessins, sans être laids, s'avèrent toutefois un brin classiques, trop quelconques.
Côté édition, Pika offre un bon travail, tant au niveau de la traduction que de l'ancrage ou du papier, malgré une ou deux fautes de frappe.
Au final, Soul Messenger est une demie réussite, pas originale pour deux sous, mais suffisamment efficace et distrayante pour plaire. Lu, apprécié, mais vite oublié.