Soloist in a Cage Vol.1 - Actualité manga
Soloist in a Cage Vol.1 - Manga

Soloist in a Cage Vol.1 : Critiques

Ori no Naka no Soloist

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Janvier 2023

En ce début 2023, les éditions Ki-oon ont placé la nouvelle année sous le signe de la découverte, en nous présentant le premier volume de Soloist in a Cage, un ouvrage qui ne manque pas d'impact, ni de nous intriguer, par ses tons dorés, son grand format, et son illustration de couverture représentant l'héroïne de l'histoire, en pleine danse, sous la neige.

À l'origine de ce manga, Shiro Moriya, une autrice débutante puisqu'il s'agit de la toute première œuvre professionnellement publiée. Soloist in a Cage fut proposé entre 2018 et 2021 sur la plateforme Shônen Jump+ des éditions Shûeisha, sous le titre d'origine Ori no Naka no Soloist (littéralement « La soliste dans une cage », ce qui renvoie à l'intitulé anglophone), et totalise trois tomes.

Dans l'univers de Soloist in a Cage, les criminels sont expédiés dans la Cité-prison, afin de purger leur peine. À l'apparence d'une grande ville, le ghetto n'a rien d'un havre de paix, puisqu'il y règne la loi du plus fort, les bandits s'en donnant à cœur joie pour s'attaquer au plus faible, les torturer, les assassiner... Si certains quartiers, plus paisibles, permettent de travailler et de gagner son pain, ce n'est pas le cas du secteur où vit la jeune Chloé, âgée de sept ans. Depuis la disparition de ses parents, la fillette veille en permanence sur Locke, son nourrisson de petit frère. Grâce à l'aide de ses voisins de palier, la fratrie est approvisionnée en vivre, sans avoir à se risquer au terrible ghetto.

Mais quand Ross Sandberg, fameux voisin de pallier, mais aussi mercenaire, tente une évasion avec ses camarades, Chloé les suit, Locke sur son dos. Au cours de l'évasion, qui tourne mal, la jeune fille perd son cadet, mais promet de murir suffisamment pour revenir le chercher, dès qu'elle en aura la force et le talent...

D'emblée, Soloist in a Cage nous interpelle par sa froideur ambiante. Dans le trait de Shiro Moriya, tout est sombre et semble figé, à l'image de la fameuse Cité-prison qui n'a rien d'un havre de paix. Dans ce cadre sinistre, la relation entre la jeune Chloé et son petit frère, Locke, contraste parfaitement. À ce monde sans mouvement, si ce n'est celui du crime et de la terreur d'être neutralisé par les gardes robotiques des lieux, s'opposent les danses de la jeune fille, afin d'amuser son cadet.

L'ambiance, forte, laisse pourtant place à un scénario qui reste assez convenu en soi, dans le sens où la mangaka n'a jamais pour ambition de véritablement surprendre son lecteur par son intrigue. Après avoir lu le synopsis de la quatrième de couverture, on sait d'emblée à quoi s'attendre, l'écriture de Shiro Moriya ne s'attardant pas tellement sur le développement de « l'entraînement » de Chloé, afin de mieux croquer son retour dans la Cité-prison. De la même sorte, tout l'épisode avec le vendeur de voitures n'est pas là pour surprendre, mais davantage pour faire doucement évoluer l'intrigue et confirmer le contraste entre l'héroïne est l'environnement d'une froideur extrême.

Car là où l'autrice réussit totalement l'exécution de ce premier tome, c'est dans la représentation de Chloé, une jeune fille assez chétive qui ne devient pas une reine du meurtre en un claquement de doigts. Pourtant, à certains moments, elle parvient à montrer des fulgurances dans l'art de l'assassinat, ce que l'artiste illustre par des planches presque contemplatives, dans un paradoxe immense puisqu'il est aussi question de moments particulièrement macabres. C'est alors que l’on comprend le choix fait par les éditions Ki-oon de proposer un grand format : Soloist in a Cage est une œuvre qui s'apprécie par sa narration, et par les planches de son autrice. Pour peu qu'on adhère au parti-pris visuel du récit, alors les quelques facilités d'écriture deviennent secondaires. En parallèle, toute l'ambivalence du personnage de Chloé nous pousse aussi dans notre volonté à poursuivre la lecture, tant on apprécie la fragile et attachante adolescente, comme la glaçante grande sœur, capable de faire couler le sang dès qu'il est question de son petit frère.

Pour un premier manga professionnellement publié, Shiro Moriya pousse déjà son art très loin. Derrière une intrigue assez simple et parfois cousue de quelques fils blancs, Soloist in a Cage est une expérience forte par son ambiance et par le style de son artiste, le tout s'appréciant par la très jolie édition de Ki-oon, que ce soit le grand format, la qualité du papier, ou la superbe jaquette aux effets dorés.

Saluons aussi la traduction efficace de Djamel Rabahi, ainsi que l'adaptation graphique solide du studio Clair Obscur.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction