Smells Like Green Spirit Vol.2 - Actualité manga

Smells Like Green Spirit Vol.2 : Critiques

Smells Like Green Spirit

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 02 Mai 2019

Mishima, collégien qui était constamment brimé et humilié par certains autres garçons à cause de son look androgyne qui lui valait d'être qualifié de "pédé", ne se sentait bien que dans les instants secrets où il se maquillait avec le rouge à lèvres de sa mère. Kirino, le leader du groupe martyrisant Mishima, a été surpris par ce dernier en train lui-même d'essayer de se maquiller. A partir de là, étonnement, les deux garçons se sont rapprochés et ont lié une amitié de plus en plus forte, si bien que Kirino a même fini par avouer son attirance pour les hommes. Et dans cette complicité naissante est venu se glisser Yumeno, qui faisait partie de la bande de Kirino, et qui était le plus virulent quand il s'agissait de se moquer de Mishima... pour mieux cacher l'attirance qu'il ressentait envers ce dernier. Petit à petit, ces garçons semblent s'assumer un peu plus... mais est-ce le cas de tout le monde dans leur entourage ? Le professeur Yanagida, professeur dont l'homosexualité a été refoulée dans l'oeuf au point de lui faire prendre les mauvaises décisions et qui en a toujours souffert, n'est pas loin d'exploser en observant Mishima, qui l'attire. Qui l'attire tant qu'il décide de lui tendre un piège... Kirino et Yumeno arriveront-ils à temps pour sauver le jeune garçon ?

En réalité, l'affaire Yanagida se résout assez rapidement au début de ce tome, mais elle captive pour deux choses. Tout d'abord, la façon dont a pu déraper cet enseignant qui a toujours été contraint par la société, par ses proches, de balayer son homosexualité afin d'entrer dans le moule et de n'offusquer personne, une triste conséquence que l'on cerne encore mieux après avoir lu le chapitre bonus en fin de volume. Ensuite les conséquences que ce affaire va avoir, autant sur nos héros eux-mêmes que sur leur entourage. Car il va sans dire que dans une village de ce genre, les ragots vont bon train, et très vite... La mangaka Saburo Nagai se fait un plaisir de dépeindre toute la négativité que peuvent avoir ces commérages, et à ce titre certaines réactions feront plaisir à voir, en tête celle de la mère de Mishima.

Mais avec tous ces événements, une aitre question en arrive à se montrer: le besoin de Mishima, Kirino et Yumeno à totalement accepter, à affirmer et à avouer ce qu'ils ressentent. Et cela, ça passe également par leur entourage, leurs proches, leur famille. A ce titre, l'autrice régale en montrant des façons de réagir très différentes, des choses qu'elle montre avec un réalisme qui ne renie toutefois fois d'étonnantes notes d'humour (notamment autour du père de Yumeno, américain d'origine, ayant vécu dans l'Amérique profonde et ayant des préjugés pouvant être virulents concernant les gays). Coincés entre leurs sentiments, leur "moi" profond à découvrir et à assumer, et le regard que l'on peut avoir sur eux, ces jeunes garçons continuent donc d'évoluer dans un climat campagnard que l'autrice rend très bien, entre des moments durs, d'autres plus légers voire drôles, et une réelle application dans le ressenti que peuvent avoir ces jeunes garçons et leur famille.

Ce qui est toutefois le plus séduisant dans ce récit, c'est la voie prise par la dernière ligne droite. Une voie réaliste, pas forcément idéale sur tous les plans. Une voie que la mangaka prend bien le temps de dépendre, de décortiquer, nous laissant le temps de voir ce que chacun de ses trois héros sont devenus sur la longueur, les choix de vie qu'ils ont fait, leur manière ou non de vivre leurs sentiments... Une conclusion qui frappe très fort, et qui offre un excellent point final à cette histoire qui a su monter en intérêt au fil des pages.

Et bien sûr, la patte graphique de Nagai reste un régal jusqu'au bout, en particulier pour ses expressions faciales pouvant être très travaillés et bien diversifiées selon les ambiances, et pour ses changement sou entremêlements de tonalités assez saisissant (par exemple, on peut passer de la dureté à l'humour en quelques cases sans que ça choque).

Au final, Smells Like Green Spirit est un récit entièrement soft (et donc accessible à tous) qui est à mettre dans le haut du panier, autant pour ses thématiques bien traitées, que pour son histoire portée par des personnages très réussis, et pour les impressionnants talents de dessinatrice que Saburô Nagai est capable de montrer.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction