Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 20 Juin 2025
Quel est le point commun entre l'obligation pour le prêtre-démon, le Roi-démon et Hadès de remplacer les membres d'un groupe d'acteurs, l'étonnante sortie dans Démonville (devenu un haut lieu touristique) entre Sably et Midnight qui cherche toujours le coupable de sa transformation, une vidéo compromettante qui a fuité, la mise en danger de Poséidon quand il doit se couper les cheveux, la volonté de l'exquise Agave d'attirer l'attention de Twilight pour qu'il sache enfin qu'elle est au château, une nouvelle soirée pyjama où Twilight en personne est sommé de parler de ses histoires d'amour, un gros malentendu du prêtre-démon sur les sentiments du roi, et une glaciale mésaventure de la toujours aussi choupi et naïve Harpie ? Notre chère Syalis bien sûr ! Car quelle que soit la situation, la princesse-otage, parfois bien aidée par son démoniaque entourage voire par sa propre famille (big up à la vidéo de sa mère), ne manque aucune occasion de se mêler de tout et de rien (même quand ça ne la regarde pas trop) et d'imposer des choses à ses trop conciliants hôtes (mais en même temps, est-il seulement possible de l'arrêter ?), quitte à semer la pagaille dans une certaine insouciance, par simple désir de passer le temps, de s'amuser et surtout de trouver de quoi faire de bons dodos.
La recette a beau rester globalement simple avec son nouveau lot de chapitres indépendants, l'auteur ne manque toujours pas d'idées, et sait même en profiter pour livrer quelques petites informations sur ses personnages, notamment autour de Twilight, de son très surprenant premier amour, et de la raison pour laquelle il a une certaine affection pour les humains malgré son statut de roi-démon.
Mais ce n'est pas tout puisqu'un récit un peu plus long, s'étalant sur environ un tiers du volume, est aussi de la partie en mettant les personnages face à un gros souci: quand Poséidon se pique sur un rouet magique et s'endort pour cent ans, il y a de quoi être inquiet, surtout dans le cas de Syalis qui (forcément) n'est pas tout à fait étrangère au problème. En compagnie d'Hadès qui panique forcément pour son frère adoré, la princesse se met alors en route pour rencontrer la créatrice du rouet: la fée Silmoth, une ancienne membre des dix gardiens, dont on dit qu'elle déteste profondément les humains. Alors, sera-t-elle suffisamment conciliante pour apporter son aide et trouver un moyen de réveiller l'aquanudiste ? La réponse qui se dessine est assez délectable, non seulement car l'auteur joue efficacement sur un humour loufoque et décalé (entre la vérité sur le sommeil de cent ans, et Syalis qui malgré son sentiment de culpabilité ne perd jamais de vue son désir de bien dormir), mais aussi vire surtout parce qu'il offre en Silmoth un très chouette nouveau personnage, dont l'allure et le comportement adorables sont en opposition avec ce qu'on dit d'elle, et dont on découvre avec intérêt, voire avec une pointe d'émotion, l'origine de sa méfiance envers les humains. Une méfiance puisant en réalité sa source dans une ancienne amitié forte avec quelque que Syalis connaît très bien, ce qui permet d'enrichir encore un peu plus le background.
Voila qui permet, alors, à la série d'atteindre la barre symbolique des vingt tomes avec les honneurs. Même si elles sont souvent abordées rapidement, Kagiji Kumanomata ne manque toujours pas d'idées, et sait même amener de petits enrichissements bienvenus via l'excellente nouvelle venue qu'est Silmoth (espérons donc qu'on la reverra) et à travers quelques autres petits approfondissements.