Show-ha Shoten Vol.1 - Actualité manga
Show-ha Shoten Vol.1 - Manga

Show-ha Shoten Vol.1 : Critiques

Show-ha Shoten

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 13 Juillet 2023

Deux ans après la conclusion du très mauvais Platinum End chez Kazé Manga, l'illustre Takeshi Obata revient, en ce début d'été 2023, aux éditions Kana, éditeur qui en a fait depuis des années l'un de ses mangakas emblématiques en publiant Death Note, Blue Dragon: Ral Grad, Bakuman et School Judgment. Fort logiquement,c 'est avec sa dernière série en date Show-ha Shoten! que le dessinateur nous revient, et pour l'occasion il met de côté son comparse régulier Tsugumi Ohba pour plutôt s'associer à un autre scénariste: Akinari Asakura, un nom qui ne dit peut-être pas encore grand chose au public français mais dont la carrière a bien décollé ces dernières années, ce jeune romancier ayant notamment écrit un roman de L'Attaque des Titans intitulé "End of the World", ayant connu une forte notoriété avec ses écrits les plus récents, et dont on pourra découvrir prochainement aux éditions Akata le roman "Jusqu'au dernier" ("Kyôshitsu ga, hitori ni naru made").

Lancée au Japon en 2021 dans le magazine Jump SQ de Shueisha (magazine où avait déjà été prépublié Platinum End), cette série voit à nouveau Obata changer de registre, lui qui semble aimer alterner entre récits assez sombres (Death Note, Platinum End) et oeuvres à l'ambiance plus légère et globalement positive (comme Bakuman). Ici, tout commence pourtant par une scène un peu triste où Azemichi Shijima, un collégien, se montre incapable de dire quelque chose de drôle à sa précieuse amie Mizuha, à l'heure où celle-ci doit déménager loin de là à contrecoeur. Depuis, deux années sont passées, Azemichi est désormais au lycée, n'a jamais oublié Mizuha, et entretient l'espoir de la revoir un jour pour pouvoir lui montrer à quel point, aujourd'hui, il parvient à être drôle. En effet, voici un long moment que, sous le pseudonyme d'Everyday Shijimi, il envoie très régulièrement des réparties humoristiques à une émission de radio populaire en rencontrant toujours le succès, si bien que beaucoup le considèrent comme le plus grand lycéen humoriste du pays... sans savoir qui il est ! Car Azemichi, atteint d'une certaine anxiété sociale, reste effectivement un grand timide n'ayant dit à absolument personne qu'il est Everyday Shijimi, et étant totalement incapable d'être autant à l'aise à l'oral qu'à l'écrit. C'est pourtant dans ce contexte qu'il va faire la rencontre d'un lcyéen d'une autre classe de son établissement, Taiyô Higashikata, qui va changer sa vie: ce dernier, autrefois acteur de génie quand il était enfant, sait improviser comme personne, rêve de devenir comique et veut concourir pour remporter les deux plus grands prix dont peuvent rêver les meilleurs humoristes japonais. Seul hic: Taiyô ne sait pas écrire de scripts ! Alors en découvrant l'identité d'Azemichi, il lui propose d'associer leurs talents respectifs pour devenir le plus grand duo comique du Japon !

Le moins que l'on puisse dire est que ce premier volume suit un schéma tout à fait classique, et que cela devrait durer par la suite avec une histoire où, en toute logique, les deux héros devraient enchaîner les concours et autres épreuves d'humour en franchissant de nouveaux paliers à chaque fois. Ainsi assiste-t-on déjà à de premières compétitions très locales et qui, chacune leur tour, vont confronter le duo principal à de premières prises de conscience et évolutions: le concours de sketchs du festival de la culture du lycée offre ses premiers pas au binôme, la bataille du rire des lycéens du quartier place devant eux des premières petites complications et de premiers rivaux... et pourtant, derrière ce schéma très linéaire, il y a bel et bien des choses très accrocheuses qui s'installent à la lecture, à commencer par l'attachement que l'on peut ressentir assez facilement envers les personnages. Avec son statut de jeune garçon timide, anxieux mal à l'aise en public et qui va donc devoir apprendre à se surpasser et à ne plus se défiler pour ne pas répéter ses regrets du passé, Azemichi a quelque chose de touchant et d'assez crédible en permettant facilement de s'identifier à lui. A ses côtés, Taiyô, avec son engouement, sa passion bien affichée et sa part d'excentricité (dès sa première rencontre avec Azemichi), nous emporte facilement. Mais n'oublions pas des premiers personnages assez truculents comme la sympathique Hanamori, membre du comité des élèves et adepte d'humour que l'on pourrait considérer comme la toute première fan du duo principal, où tout simplement la famille d'Azemichi: entre sa très amusante soeur et ses deux parents, l'adolescent va en premier lieu devoir convaincre ces trois-là de le laisser tracer sa route dans la périlleuse voie de l'humour, ce qui sera l'occasion d'entrevoir vite et bien les propres rêves passés du père Kiyoshi et le contexte dans lequel il a rencontré son épouse adorée.

Un autre point essentiel de l'oeuvre est évidemment, dans ce contexte où nos héros vont devoir faire preuve de courage et de détermination pour percer, un certain abord de l'humour, et de ce côté-là il faut bien se mettre quelque chose en tête: n'espérez pas rire aux éclats en lisant ce tome, car ce n'est pas son but. Cela se ressent assez vite dans les différents premiers sketchs mis en scène: c'est rarement drôle, c'est sans doute très japonais à la base (et l'humour nippon ayant ses propres codes en matière de duos comiques ou "manzai"...), et ça se ressent dans une traduction où Rodolphe Gicquel, probablement pour ne pas trop dénaturer l'oeuvre (et on l'en remerciera), ne cherche pas trop à adapter les éléments comiques au public français (la seule tentative étant la blague de "Paf le chien", outch), ce qui fait que l'on passera), ce qui fait que l'on passera souvent à côté des ressorts comiques. Mais l'important ici n'est clairement pas là et se trouve bel et bien dans les coulisses de l'humour des duos comiques japonais influencés par le stand-up, dont on découvre déjà, petit à petit, différentes facettes faisant bien comprendre qu'il s'agit de tout un art à maîtriser: tandis qu'Azemichi conçoit les grandes lignes à partir desquelles Taiyô pourra improviser, on voit qu'il faut savoir lancer ses répliques au bon moment, installer un rythme et une ambiance, parvenir à rebondir quand il faut, s'adapter à la cible que l'on veut toucher, trouver les bonnes expressions faciales et mimiques... bref, tout ceci se travaille, et on se doute bien que malgré leur talents de bases nos deux héros auront des choses à améliorer, à apprendre et à nous apprendre par la même occasion.

Enfin, il y a tout simplement le style Obata qui fait mouche. Loin des planches denses et assez matures qu'il propose sur ses séries plus sombres comme Death Note et Platinum End, le dessinateur revient ici à un style plus léger déjà vu sur Bakuman. Son rendu se veut plus clair, pas trop surchargé, en privilégiant surtout les designs des personnages, leurs expressions très communicatives et leur vivacité. Couplé au sens du rythme d'Akinari Asakura et aux différents enjeux installés, l'ensemble fonctionne bien.

A l'arrivée, mieux vaut répéter que, pour mieux en profite,r il ne faut pas prendre Show-ha Shoten! comme un manga d'humour, mais comme un manga sur l'humour. A partir de là, la petite recette classique mais efficace que proposent les deux auteurs se révèle facilement emballante, en donnant bien envie de découvrir la suite de leur périple dans le milieu si particulier des duos comiques japonais !

Côté édition, on retrouve le petit format shônen typique de Kana, avec un papier souple et peu transparent et une impression correcte. Le lettrage, lui, est soigné, tandis que la traduction est toujours claire. Soulignons enfin quelques sympathiques bonus, à savoir un mini-dépliant en couleurs au début du volume, et une jaquette alternative réversible limitée au premier tirage.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs