Shin Mao Dante Vol.1 - Actualité manga

Shin Mao Dante Vol.1 : Critiques

Maô Dante - Kamima Taisenhen

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 22 Mai 2017

La collection Go Nagai des éditions Black Box se poursuit en accueillant Shin Maô Dante (en Japonais, Maou Dante: Kamima Taisenhen), une série dessinée en 2002 pour le Magazine Z de Kôdansha, mais dont les origines remontent à bien plus loin.
Ne faisant pas partie des sagas les plus connues de Go Nagai en France, Mao Dante a pourtant pu se tailler sa petite réputation. A l'origine, il s'agit d'un manga que Go Nagai a créé en 1971, donc un an avant l'arrivée du culte Devilman. Avec ses créatures démoniaques, son ambiance apocalyptique et sa violence, Mao Dante est sûrement l'oeuvre qui a posé les premières bases du Go Nagai plus sombre, celui qui éclatera l'année suivante avec la pièce maîtresse Devilman. Hélas, Mao Dante n'a pas eu la même chance que Devilman dans son parcours, et à son époque la série fut annulée avant d'arriver à son terme.
Il faut alors attendre jusque 2002 pour que la saga Mao Dante connaisse enfin une conclusion avec non pas une suite directe, mais un reboot complet : Shin Mao Dante. Là où le Mao Dante original a sans doute influencé Devilman par certains aspects, cette fois c'est Devilman qui influence Shin Maô Dante, Go Nagai y reprenant clairement certains éléments concernant la stature des démons dans notre monde. L'autre influence avouée de Shin Mao Dante est une série animée qui a elle aussi vu le jour en 2002 : Dante - Seigneur des Démons, série qui est d'ailleurs sortie en DVD en France, chez Kazé en 2004. Go Nagai a choisi de reprendre certaines inspirations de cet anime basé sur son oeuvre.
La saga Mao Dante a également connu deux spin-off en manga : à partir de 1994 Shin Maou Dante, une version shôjo complète en 8 tomes et dessinée par Akira Furuga, et en 2011 Maou Dante Tai Getter Robo G, un one-shot crossover entre Maô Dante et getter Robo dessiné par Go Nagai lui-même.

Première partie d'une série qui en comptera 4 (sans doute une partie par tome), le tome 1 de Shin Maô Dante nous plonge aux côtés de Dante Luther, un véritable génie qui, à seulement 19 ans, est déjà une pointure en physique, en mécanique et en conception d'armes. L'histoire commence sur un cauchemar qu'il fait, voyant sa petite soeur Olga comme prisonnière d'une sphère de feu et se liquéfiant dans un adieu... Un cauchemar prémonitoire ?
En effet, alors qu'il se met en route pour le travail en compagnie de sa ravissante partenaire Medusa, l'impensable se produit : une étrange météorite, qui se dirigeait peu à peu vers la Terre, arrive à destination. Et cette étrange sphère est en réalité composée d'êtres composés d'énergie pure, venus s'emparer de la planète en voulant soumettre les humains, en fusionnant avec eux pour s'emparer de leur raison. Alors que la menace s'abat déjà, Dante, Medusa et leurs autres compagnons n'ont pas d'autre choix : utiliser leur nouvelle arme, "Demon", qui est capable de matérialiser les pensées de son hôte. Le conflit peut commencer... mais quelles en seront les terribles conséquences ?

Une nouvelle fois dans une oeuvre de Go Nagai, à l'instar de Grendizer Giga, la lecture est rapide : après une phase de présentation assez rapide des personnages, l'auteur se base surtout sur le visuel pour faire passer le conflit, les textes se font plus rares. Mais boucler la lecture rapidement serait dommage, car il faut évidemment profiter de la peinture d'un auteur souvent très doué pour faire ressentir le chaos et l'apocalypse qui s'installent. Dans un découpage des cases dynamique, jouant souvent sur les diagonales et sur les grandes vues où ressort le gigantisme de la situation, ses planches livrent des visions d'horreur saisissantes : humains réduits à l'état de chair à pâté et juste bon à nourrir le corps des dieux envahisseurs, fusions horribles, morts violentes, créatures chimériques nées des fusions, démons se matérialisant et étalant toute leur puissance via la machine de Dante, monde qui s'effondre brutalement... Pas de doute, on est dans le Go Nagai sombre, celui qui aime ce qui est chaotique.

Tout au long de la lecture, les habitués de Go Nagai retrouveront nombre d'influences ayant marqué la carrière de l'auteur. Il y a évidemment en tête la figure de Dante, et le nom de son personnage est une référence à Dante Alighieri (rappelons que Nagai a aussi adapté en manga l'oeuvre phare de Dante, La Divine Comédie, ce manga étant aussi sorti en France chez Black Box), mais aussi le goût pour l'Apocalypse. Les influences mythologiques (comme Medusa/Méduse, la gorgone) et religieuses (très évidentes) sont nombreuses et piochent en diverses choses. Dans tout cela, on observe avec intérêt l'inversion des rôles que l'auteur met en place : ceux que l'on qualifie de démons (Medusa, Lucifer, Satan, Belzebuth, Astaroth... sous l'égide de Dante) cherchent à protéger leur Terre de l'invasion de Dieux dont les créations ont des noms bien évocateurs (Adam, Eve...). Il en résulte une guerre effrayante entre de prétendus dieux envahisseurs et les premiers habitants de la Terre, les démons, qui ne fait que poser les bases d'une suite s'annonçant passionnante.

Concernant l'édition, c'est du travail tout à fait honnête, avec une couverture attirant l'oeil, une reliure soignée et pas trop rigide, un papier souple servant une bonne qualité d'impression. Il est simplement dommage que le nom de l'imprimeur ne soit pas indiqué en fin de tome, puisque nous avons juste droit à un vague "imprimé en UE". Les choix de lettrage sont convaincants, et à la traduction Jérôme Penet livre un travail clair et animé, même s'il n'évite pas quelques coquilles d'inattention.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs