Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 06 Janvier 2022

Haru ne regrette pas un instant d'avoir emménagé dans la share house dans laquelle vit Rio. Son amour a beau être à sens unique étant donné l'homosexualité de son ami, elle croque sa nouvelle vie à pleines dents, et profite de son amour en embrassant secrètement le garçon dans son sommeil. Seulement, lorsque Rio prolonge de lui-même le baiser et y prend même un certain plaisir, tout l'équilibre entre les deux jeunes gens commence à être remis en question. Crise sur le gâteau : Kazuya, ami d'enfance de Haru, arrive à l'improviste pour sommer la jeune femme de rentrer chez elle.

Le début de récit proposé par Yû Mitsuha était bien douillet et chaleureux, quand bien même l'idée de lancement de l'histoire est celle d'un amour impossible. La capacité de Haru à pouvoir profiter d'une amitié, quand bien même il s'agirait d'un amour à sens unique, était un leitmotiv suffisant étant donné l'ambiance happante du premier volet. Seulement, la mangaka décide de faire bouger les choses dès cette suite.

Car derrière cette idylle impossible entre une adolescente hétérosexuelle et un garçon gay, le récit laissait entrevoir des pistes plus complexes, notamment le paradoxe derrière le comportement de Rio dans lequel on pouvait voir un moyen de pallier un manque affectif. Quand le garçon comprend apprécier anormalement les baisers de son amie, le non-sens (voulu) est encore plus grand, et c'est ce qui va semer les germes de tensions relationnelles qui risquent de constituer tout l'enjeu fort de share. Il y a donc une intensité dramatique montante tout le long de ce second tome, un tournant accentué par les deux entremetteurs que sont Kazuya et Iwakura qui ont pour mérite, au moins, d'assumer leurs fourberies.

Ce n'est pourtant par le seul élément à rythmer l'intrigue, aussi Rio poursuit son bonhomme de chemin en reprenant le bar de son oncle et en le faisant évoluer. Derrière cet événement qui permet d'amener un joli moment de légèreté dans le récit (en plus de mettre le feu aux poudres à un grand chamboulement), tout ce développement est un moyen pour Yû Mitsuha d'aborder la question de l'homosexualité dans la société japonaise, sans chercher à trop la romancer. Ca peut paraître paradoxale pour une comédie sentimentale, et cela transcrit une certaine bienveillance chez l'autrice, ou du moins une volonté de traiter son sujet avec crédibilité, y compris lorsqu'elle aborde l'idée de rapports sexuels. La mangaka ne cherche pas à érotiser son œuvre ni à l'idéalisée, ce qui contribue à la force de l'ensemble.

Ainsi s'achève la deuxième partie (sur trois) de share, et le récit sera passé du feel good à quelque chose de plus lourd dans l'ambiance, en accord avec les questionnements légitimes autour des affects de Rio. Ce second tome s'achève alors sur un certains suspense, ouvrant la voie à une dernière partie dont l'ambition sera de conclure l'histoire sans dénuturer sa complexité ou ses ambiances.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction