Shaman King - Red Crimson Vol.1 - Actualité manga
Shaman King - Red Crimson Vol.1 - Manga

Shaman King - Red Crimson Vol.1 : Critiques

Shaman King Red Crimson

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Avril 2023

Quand Kôdansha reprend les droits de Shaman King en 2018, l’éditeur ne se contente pas de rééditer les précédents mangas et d’en lancer une nouvelle suite. Bien déterminée à utiliser l’œuvre de Hiroyuki Takei comme une licence, elle lance une vague de spin-off, qui débute par Red Crimson dès 2018, soit juste après le lancement de The Super Star. Publiée dans le Shônen Magazine Edge, le manga se conclut en 2020, avec son quatrième volume. A la barre de ce premier dérivé, un certain Jet Kusamura, mangaka dont il est difficile de glaner des informations, à tel point que certains se demandent s’il ne s’agit pas de Hiroyuki Takei, sous un autre nom d’artiste. Il faut dire qu’en plus d’être discret, Kusamura a un style extrêmement proche de celui de Takei, et une narration toute aussi similaire.

Chez nous, c’est en ce printemps 2023 que Red Crimson débarque aux éditions Kana qui continuent d’explorer l’univers mystique de Hiroyuki Takei, après publication de la Star Edition et des premières suites. Bien entendu, on ne peut qu’espérer que les autres dérivés viendront. En toute logique, ce devrait être le cas pour au moins l’un d’entre eux : Marcos. Car comme Red Crimson, celui-ci n’agit pas que comme un simple gaiden, mais complète la trame du Flower of Maize lancée avec Shaman King Flowers.

Depuis le Shaman Fight, les choses ont bien changé pour la famille Tao. Ren en a pris la direction, en redorant le prestige de sa lignée par la conquête d’une industrie internationale. Par cette expansion, les Tao se sont attirés des ennemis, dont la famille Dong, aussi connue sous le nom de Red Crimson. Celle-ci fut responsable du déclin des Tao autrefois, et repasse aujourd’hui à l’attaque. Mais parce que Ren s’est résolu à ne plus jamais prendre une vie, c’est Jun qui se charge du nettoyage. Quand Horohoro se trouve dans le besoin et cherche à rencontrer Ren, il se rend compte du combat que mène en ce moment la famille Tao. Connaissant la promesse d’autrefois de son ami, veut s’assurer que Ren n’a pas sombré de nouveau…

Les lecteurs des suites de Shaman King ont de quoi se poser bien des questions, tant il y a de mystères en suspens. On s'interroge notamment sur les personnages d’autrefois, évoqués mais absents, Hiroyuki Takei se concentrant sur ses nouveaux personnages dans sa série actuelle. Les spin-off de Jet Kusamura, dont Red Crimson, entrent en jeu pour narrer l’histoire des alliés de Yoh, dans le grand arc narratif du Flower of Maize. Il n’est pas seulement question de montrer ce qu’ils sont devenus, mais aussi narrer leurs combats dans le cadre de cette nouvelle compétition. Ainsi, Yosuke et Yavis sont de la partie, de manière légitime quand on sait que la famille Dong, ennemie jurée des Tao, finit par apparaître dans The Super Star. Avec ce premier dérivé, tout porte à croire que les pièces du puzzle vont s’assembler, petit à petit. Une exploitation assez inédite du concept de gaiden donc, donnant du sens à l’exploitation de Shaman King. Mais pour un auteur comme Takei, qui s’est toujours émancipé du classicisme absolu, pouvait-on attendre autre chose ? La démarche est excellente, et nous donne confiance en ces mangas, loin d’être annexes au final !

Red Crimson, sur ce premier tome, a aussi pour mérite de ne pas nous laisser longtemps dans l’attente. Le cadre s’installe rapidement, et les hostilités sont vite lancées. Jet Kusamura et Hiroyuki Takei jouent sur la connaissance du lecteur de l’univers, pour rapidement entrer dans le vif du sujet. Il en résulte un premier opus rondement mené, intense, renouant avec certaines directions du Shaman King d’origine, de manière à exploiter judicieusement le grand combat de la famille Tao. Pour un fan de la saga, on ne boude jamais son plaisir, notamment grâce au style de Kusamura, calqué sur celui de Takei, qui rend toujours aussi bien ce cadre chamanique poussé à l’extrême, où les over soul peuvent prendre l’allure de robots de combat. Forcément, les lecteurs froissés par la seconde partie de l’œuvre originale seront toujours aussi dépaysés. Pour les autres, le plaisir est total.

Mais c’est aussi dans son sous-texte que ce début de Red Crimson se révèle brillant. Depuis The Super Star, Hiroyuki Takei tend à déjouer les messages qu’il a autrefois véhiculés. Face à l’optimisme de Yoh, il est aussi question d’un retour à la réalité sur ce qu’est l’humanité. Ce premier spin-off fait de même, en se questionnant sur le poids des pêchés de Ren et en s’intéressant de nouveau au cercle vicieux de la haine, presque incassable. En ce sens, le dernier chapitre de l’ouvrage se révèle particulièrement puissant, en plus de développer l’un des personnages emblématiques de Shaman King, et d’apporter certaines réponses aux questions qu’on se pose depuis Flowers. Tout semble sous contrôle pour les deux mangaka qui exploitent habilement l’univers, ses protagonistes et ses thématiques. En deux mots… quel régal !

Côté édition, Kana reste fidèle à son travail actuel sur la licence, avec des opus assez fins mais profitant de pages couleurs, et d’un plus grand format que celui utilisé sur la collection shônen. Rien à redire, donc, y compris sur la traduction de Rodolphe Gicquel qui reste solide.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs