Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 17 Octobre 2022
Lorsque Hiroyuki Takei a le feu vert pour dessiner la vraie fin de Shaman King en 2009, initialement proposée dans l'édition kanzenban de l'œuvre, le mangaka permet à son univers de prendre un tout nouveau départ. Dès 2011 et jusqu'en 2014, soit juste avant le lancement de Shaman King Flowers, l'artiste dessine toute une série d'histoires courtes présentant le passé des personnages phares de son histoire, des années avant le lancement du Shaman Fight. Dans sa volonté de nous proposer la saga dans son intégralité, les éditions Kana profitent de la fin de la parution de la Star Edition du manga principal et du fait que nous talonnons la publication nippone de The Super Star pour proposer cette courte série qui se veut être un bon enrichissement de l'ensemble. Alors, qu'en est-il ?
Sur ce premier volet, cinq histoires de longueurs variables nous sont proposées, essentiellement centrées sur les personnages constituant le cœur de l'histoire. Yoh, Ren, Horohoro, Lyserg et la faction de Hao sont ainsi à l'honneur, et en partie Chocolove via un gag méta plutôt bien trouvé et cohérent. Chaque récit, à son tour, va décortiquer la jeunesse de l'une de ses figures, apportant parfois des développements surprenants, ou restant dans la droite lignée de ce qu'a dessiné Takei dans le passé le reste du temps. Très clairement, c'est l'intrigue de Yoh qui vient nous prendre à contrepied, reniant le héros altruiste pour présenter un jeune shaman bien plus proche de son frère jumeau dans l'état d'esprit. Une psychologie qui ne restera pas dans un statut quo, on le sait, le mangaka nourrissant ainsi le lien entre Yoh et Hao tout en faisant dévier le héros vers une trajectoire plus noble, lui faisant emprunter le chemin de la lumière.
Du côté de Horohoro, c'est sans surprise son lien avec Digue qui est exploité, là où le récit de Lyserg permet de montrer quelques événements se déroulant après le meurtre de ses parents par Hao. Le focus sur Ren, le plus court, est assez habile dans sa représentation du cycle de la haine dans lequel s'est enfoncée la lignée Tao, un cercle dans lequel Ren s'est senti égaré jusqu'à sa rencontre salvatrice avec Yoh. Le dernier récit, plus posé, s'intéresse à la naissance de la faction de Hao et notamment la manière dont la réincarnation du Grand Onmyôji recrutait ses membres, l'occasion de voir ces derniers dans un autre climat, et quelques années auparavant.
L'artiste propose ainsi un premier ouvrage assez complet par toutes ses représentations, l'auteur ayant bien à l'esprit le chemin morale de sa série et quels parcours ont connu ses personnage, preuve que Shaman King est une œuvre qui lui tient toujours à cœur. Dans cet ordre d'idée, le mangaka en profite de nouveau pour garnir ses histoires de plusieurs sous-textes et autres réflexions sur l'humanité, son éventuelle décadence ou son évolution qui tend vers la modernisation du monde au détriment des cultures, de la foi et du respect de l'environnement. Des idées loin d'être forcées dans leurs mises en scène tant celles-ci s'imbriquent très bien avec les enjeux qui gravitaient autrefois autour des personnage, ce qui rend le tout plus impactant.
En somme, la lecture de cette première moitié de Shaman King Zéro se fait avec un grand plaisir pour tout lecteur attaché au manga de base, que ce soit pour les retrouvailles avec les personnages, les développements respectueux de l'histoire originale, la patte graphique moderne de Hiroyuki Takei, ou encore les quelques réflexions subtilement introduites. Si l'ouvrage ne revet pas de caractère indispensable pour la compréhension globale de la saga, il fait indéniablement office de complément savoureux et habile. Reste à voir si le deuxième opus sera de cet accabit.