Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 30 Novembre 2010
Dans un concept assez original, voilà la nouvelle mini-série de Taïfu qui débarque dans nos contrées pour notre plus grand plaisir. Seven Days comporte en effet deux tomes, coupant la semaine de sept jours en quatre puis trois jours, afin de créer une idée atypique de chapitre mais surtout de rentrer en accord avec son scénario. Le récit se base ainsi sur la semaine et ses sept jours, pour faire évoluer deux personnes qui vont se heurter un peu par hasard. Shino Yuzuru est un célibataire nonchalant, qui ne sort avec personne mais se fiche un peu de tout, éprouvant la qualité des filles sur des critères très pragmatiques de leur apparence, comme s’il ne voyait que la plastique qui se reflétait aux yeux de tous. De son côté, Seryo Toji est un jeune home ténébreux avec beaucoup de succès qui adopte sans le vouloir une étiquette de tombeur. Chaque lundi, Seryo accepte en effet de sortir avec la première personne qui le lui demandera. Contrairement à ce que l’on pense, ce lycéen n’est pourtant pas quelqu’un de frivole qui se moque de tous et en profite pour savourer les corps amoureux de ses partenaires. Non, Seryo ne fait que chercher l’amour, tente de réveiller des sentiments qu’il a oublié depuis longtemps en quelques jours, multipliant les expériences pour essayer d’approcher d’un peu plus près le bonheur pour oublier les mauvais souvenirs. Mais lorsque Shino rencontre Seryo, que va-t-il se passer si l’un demande à l’autre de sortir avec lui sans y penser ?
Eh bien sortir tout naturellement ensemble ! Les deux jeunes gens ont sept jours pour se découvrir, et si Shino croit que son compagnon ne fait que le manipuler pour passer du bon temps et qu’il n’y a pas une once de sérieux dans cette histoire, Seryo en souffre. Lui, si maladroit dans sa quête désespérée se verrait comblé vis-à-vis de la seule personne qui ne le prend pas au sérieux et ne tente pas de le séduire. Un véritable jeu du prédateur et de la proie, mais sans rôles aussi définis, c’est ça qu’on aime. Les deux adolescents n’ont pas de jeu à mettre en œuvre, aucune ligne de conduite niveau caractère ou sentiments. Ils évoluent presque tous seuls tant la narration est légère, volent de pages en pages en nous entrainant dans un sympathique ballet de tendresse, de doutes, de mauvais souvenirs et d’espoir. A la fois matures et d’une grande naïveté, les protagonistes se débattent comme ils le peuvent au milieu de ce monde qui, pour une fois, n’encense pas l’homosexualité masculine. Les personnalités ne sont pas arrêtés ou délimitées, elles ne cessent d’évoluer et de nous surprendre, sans stéréotypie habituelle aux yaois. Le ton employé dans le récit en serait presque irréel tellement les personnages sont tangibles et la précipitation de leurs sentiments au vu de leur situation à priori hétéro rapide. Décalage un peu étrange qui donne ce charme si particulier à la lecture.
Les graphismes reflètent la même délicatesse que la narration, dans le sens où ils sont à la fois très attendus (finesse et bishonens garantis) et surprenants, dans un style propre à l’auteur sur des cheveux ou des visages plus personnels et esthétique, notamment de profil. Dommage que les fonds et les trames ne suivent pas toujours, mettant d’un côté les personnages en avant mais les laissant de l’autre perdus dans leurs pages sans les porter à leur apogée. De même sur l’édition, on regrette la non adaptation des onomatopées qui devient une habitude, et quelques soucis d’encrage à différents niveaux, rendant la page « baveuse ». Toujours est-il que la couverture fait bien son travail et donne envie d’acheter, surtout qu’on aurait tord de s’en priver. Pleins de douceur et de bon sens, les quatre premiers jours de Seryo et Shino se passent pour le mieux, mais on a hâte de découvrir le second et dernier tome, afin de voir si les émotions sont aussi rapidement amenées.